Les mots
cherchent la langue
goûtent les sons
derrière les dents
dedans la bouche
lèchent les couleurs
tapissent le palais de lueurs
J’ai illuminé mes molaires
dans une partie de langues en l’air
à m’en claquer l’émail
comme une palette d’huiles sur vitrail
des gouttelettes plein les yeux
Des vagues à main nue
des rides de plages
sous les trottoirs craquelés
comme dans toutes les villes portuaires
où les langues se mélangent
où les cuisines se mouchent
d’une narine à l’autre
d’une rive à l’autre
d’un rêve en regard
d’un clin de langue
à une chute de mot
tel un impromptu
une rupture sans contour
au détour d’une peau
à poils ou à plumes
des mots tatoués sur les os
des notes fleuries sous les bras
des femmes toutes voiles dehors
des hommes surs de leurs caps
mais elles n’ont pas leurs langues dans leurs poches
et eux n’en perdent pas une manche
avec leurs sourcils comme des palmes
Des corps encore
encore des corps
qui marchent
qui dansent
dansez les corps
dansez encore
Pour ventiler les places
et faire claquer les zincs
pour ventiler les langues
et faire tinter les sourires
pour ventiler les étoiles
et accrocher des ailes
pour ventiler les regards
et offrir des balcons
à la langue