Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mercredi 29 mai 2019

Assez #2

Assez
j’en ai assez
d’en avoir assez
quand certains se plaignent d’en avoir trop
faisons le vide
vidons ces ordures
désossons ces vieux poissons
essorons-les de leur bile baveuse
distillons leur jus rance
et laissons-les macérer
dans leur quête pleine d’arrogance
qu’ils s’étouffent en avalant leur orgueil
levons le deuil
débarrassons-nous de ces hernies viscérales
tant qu’ils nous brassent les intestins
nous refoulons notre destin
assez de fermetures
ne nous laissons plus diviser par ces doublures
rassemblons nos forces autour de ces fumiers
montrons-leur de quoi nous sommes capables
à ces créatures vomies du diable

lundi 27 mai 2019

Rêve et réalité

Le rêve est idéal
il est même sidéral
et d’ailleurs si des râles
que souvent je déraille

Je suis dans un train
parti de la gare de Sète
à 8h17
pour se rendre à Caen
ou je ne sais où

Mais il n’arrive jamais
parce que je me réveille
et je retrouve l’idée
avec laquelle je m’étais endormi la veille

Plutôt jolie elle a ronflé toute la nuit
et au matin nous partageons des avis sans désaccord
en beurrant nos tartines
les miennes salées
et celles de l’idée
à la confiture étalée

Bref, juste ce qu’il faut
pour démarrer une journée de rêve

lundi 20 mai 2019

Le vrai vide

De gros sacs se remplissent et vomissent
sur les plages ensoleillées du monde
Gros gras libidineux
Se gavant de langoustes
Et vautrant leurs graisses langoureuses
Sans vergogne
Persuadés de rendre service
Aveuglés par leur parasitisme
Polluant les berges de côtes désespérées
Persuadés de savoir vivre
Alors qu’ils ne font qu’entrainer de pauvres âmes dans leur autodestruction
Honte
Rebus
Impuissance face à cette engeance
Qui passe son temps à se remplir la panse
Comment leur injecter cette grâce qui leur manque tant ?
Obnubilés qu’ils sont d’occuper leur sursis à se soucier de tout sauf d’autrui
Pathétiques
À gerber
Je les oublie
Quand ils ne se concentrent pas sur les terres qui m’entourent
Ils encrassent d’autres lieux qui leur sont plus favorables
Petites choses misérables
Creuses
Sans fond
Prêts à tout pour combler le silence qu’ils redoutent tant
La vie est si belle pourtant
Ils l’étouffent
Ils m’asphyxient
Je voudrais les vomir à mon tour
Les sortir loin de moi
Loin de celles et ceux qu’ils souillent
De leur pouvoir mesquin
Profiteurs de peu
La vie est si belle pourtant
Ne peuvent-ils la voir ?
Ne peuvent-ils la sentir ?
Que pour la sucer
S’en repaître
Jusqu’à la lie

Verraient-ils mieux si on leur crevait les yeux ?
La vie est si belle pourtant
Un vautour se contenterait-il de leur regard ?

mercredi 1 mai 2019

Rencontre au cœur de l’Isère

Je suis un vaisseau de pierre voguant sur une mer de nuages,
Plan incliné entre ciel et terre.
Minéral, végétal ou animal ?
Qu’importe !
Je me plais à décoller,
Courant d’air,
Graine de pissenlit légère,
Feuille de hêtre emportée par les tempêtes,
Je suis tout cela à la fois.
Et chocard aussi,
Piaillant à tous les vents,
Vautour planant au dessus des escarpements,
Voilier majestueux.
Je suis aussi marmotte sortant de son terrier,
Sifflant les passants,
Et bouquetin siestant au soleil sur les prairies pentues.

Toi, qui es-tu ?
Homme, femme, enfant,
Tu te blottis dans mes replis,
Tu crapahutes sur les calcaires blanchis de ma mémoire.
Je suis ta grande cour de récréation.
Souvent je te fascine,
Parfois tu me façonnes,
Plantant ici quelques arbres,
Cultivant là quelques champs,
Menant paître ailleurs tes troupeaux.
Parfois tu me bichonnes,
Parfois tu me bétonnes
Ou tu me négliges.
N’oublie pas qu’avant toi j’étais vierge.
Traites-moi comme tes biens les plus sacrés,
Comme la prunelle de tes yeux
Et s’il te plait,
Épargne-moi tes moteurs et tes gaz nauséabonds.
N’oublie pas que je suis fragile et sauvage,
N’oublie pas que je peux très bien me passer de toi,
Bien que tu prétendes que sans ton regard je n’existe pas.
Je te rappelle que j’étais là bien avant toi.

Regarde-moi quand je te parle !
Plonge tes yeux dans mes eaux,
Qu’elles t’entraînent dans mes réserves souterraines,
Que jaillisse ton regard au delà de mes cascades,
Que tu puisses voir plus loin que le bout de ton nez.
Et si au fil de l’eau, tu t’aperçois que ton reflet
Est celui d’un loup,
Rentre chez toi
Et médite sur cette rencontre.
Tu ne rêves pas,
Je suis bien là,
Pour te rappeler ce fragile équilibre dont tu as la charge.

Que ta maison soit de galets et de briques sur une colline isolée,
Que tu habites dans une cité à la pointe de la technologie,
Ou que ton village soit à l’image de mon visage,
Souviens-toi que toi aussi tu es animal,
Que tu as parcouru du chemin pour devenir ce que tu es
Et qu’il te faudra encore en arpenter avant de trouver ton pays sage.