Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

jeudi 14 mai 2020

Au ventre du monde

Enfermé dehors
je me réfugie
comme un piment dans une mangue

Claustré au ventre du monde
le rameau est dans la colombe

Le jour pointe ses notes bleues
la pomme d’or prend des reflets de feu
bientôt lui pousseront des ailes
l’arbre attend cette étincelle
où ses branches vrombiront de l’envol
de toutes ces porteuses d’oboles
il se réjouira de les voir partir
vers de nouveaux empires
c’est un peu de lui qui poussera
là où ses pépins s’épanouiront
heureux et fiers
jeunes rameaux pleins de vie

Mais le vers est dans le fruit
il a rongé les pépins
un à un
puis la chair et la peau
insatiable
il a recommencé
encore
encore
pépin après pépin
pomme après pomme
laissant le silence envelopper l’arbre

Plus rien ne vrombit
la liberté s’est évanouie

mardi 12 mai 2020

Au défilé des heures perdues

Les heures défilent
au son de la fanfare
au pas
comme à la parade
si le temps était à la danse
au fauteuil d’orchestre
poste d’observation de choix
au défilé des heures perdues
l’air pourrait être doux
mais il est amer
tout ce cérémoniel
est si ridicule
je capitule et récapitule
la situation m’étreint

Je la connais la musique
je le connais ce chemin
mon cœur s’élève au chant du merle
rejoint le vent dans les feuilles vert tendre
nous flottons sur les cimes
chacun posé sur sa branche
nous voudrions faire corps
mais qui le pourrait vraiment


Mon petit voisin dans son costume noir passe la matinée à vocaliser dans le jardin. De sa voix orange et flûtée il colporte les ragots de tout le quartier. Parait que la mère Michel a perdu son chapeau. Parait que le père Lebref a oublié son pépin. Comme il a plu ils ont pris l’averse sur le bout du nez et se sont enrhumés. Et ça, ça le fait bien marrer mon petit voisin dans son costume noir qui passe la matinée à vocaliser.

Les racontars me passent au dessus
mais j’aime bien être au courant
alors je suis celui de la rivière
elle me parle dans sa langue translucide
sa simple vérité coule en moi
j’ouvre les yeux et vois clair
les petites manigances
les vils profits
tourbillonnent en surface
certaines vielles berges détournent le regard
à la faveur d’un méandre
mais je sais qu’en aval
loin du tumulte des pensées torrentielles
de larges rives observent


Le fleuve déborde
la terre l’absorbe

Finalement
le flot se perd toujours dans l’océan
au creux des vagues
surgit une ile
j’échoue sur ses cotes ténébreuses
les vagues me reprennent
je m’agrippe à mon ilot
je gratte
je gratte
je n’arrête pas de gratter
mais ce n’est pas de la terre sous mes ongles
c’est moi
je gratte pour me fouiller
je me fouille
je voudrais aller au fond de moi
gratter encore
ouvrir une brèche
me desceller pierres par pierres
ouvrir un passage assez grand
me faire tout petit
m’immiscer sous ma peau
sentir ma fibre palpiter
écouter mes rythmes
suivre mon pouls
rejoindre mes pulsations intimes
me connaitre de l’intérieur
jusque dans mes alvéoles les plus sombres
au-delà de mon cœur de chair et de sang
trouver la planque de mon égo
le brosser dans le sens du poil
l’embrasser comme un vieux frère
le laisser pleurer sur mon épaule
le moteur continuerait de tourner
l’esprit sait garder raison

De toute façon
à la fin
l’âme s’envole
rejoint l’éther
reprend racine
s’attarde en salamalecs
grimpe les étages en courant
jaillit dans les cimes
et sublime la matière en lumière
pour diffuser son or
puis la musique reprend
ailleurs
autrement