Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mardi 31 octobre 2017

Osez comme Joséphine

Découvrez l'expo « Osez comme Joséphine », une rencontre entre des portraits pleins d'humanité et des textes remplis d'émotion. Rendez-vous à Valence du 2 au 8 novembre à la salle des Clercs, puis à Romans-sur-Isère du 9 au 12 novembre à la galerie du Fuseau. Pour plus d'infos, et pour vous procurez ce très bel album, cliquez sur le lien L’art comme transformateur des regards.




Pour en savoir plus sur ce beau projet, écoutez l'émission diffusée sur RCF !



dimanche 29 octobre 2017

Une part dont tu pars donc

Pardon
pars donc
et ne reviens pas
tu l'auras voulu
tu es une part dont un morceau sert à partager
une part dont au delà du tout mérite d'être aimé
une part dont on se souvient
une part vient à point qui sait attendre
une part inoubliable
une partie de cache-cache dans les bois
une part de toi qui reste là pendue aux branches comme d'étranges fruits
une part dont l'humanité a fuit
une part dont je t'aime
une part qui s'enfuit déjà
une part à vent
une pars demain
une pare les coups
une répare une à une tes cicatrices
une pardonne moi la pommade
une partie de plaisir
une parchemin de traverse
une par temps de pluie
une paratonnerre
une pari tenu
une part dont tu tiens à garder le mystère
une part mange ta main et garde l'autre pour demain
une part dont on ne revient pas
une part dont le début commence par la fin
un parfum gros comme une maison
une part dont ceux qui te ressemblent se désassemblent
une part dont j'ai perdu la trace
une part dont les souvenirs s'effacent
une pars donc vient me le dire en face
une pars donc vie ma vie avant de me tourner le dos
une part dont tu me diras des nouvelles
une part dont me manquent toi nous vous sans eux
une part dont on ne fait pas d'omelette
une pars donc t'es qu'une femmelette
une part dont on dit que le yin et plus fort que le yang
une part dont je tiens de ma mère qui le tient de sa mère qui le tient de sa mère
une pars donc et ta sœur
une part dont je tiens à m'excuser pour tout le mal qu'elle t'a fait
une part dont le mal est un bien
une part dont le bien est tiré au sort
une pars donc sors les poubelles tant que tu y es
une part dont tu perds le nord
une part dont la géolocalisation finit par t'échapper
une part dont tu t'échappes pour mieux te retrouver
une part dont la vérité t'échappe
une part dont le pot d'échappement gueule et crache une fumée poisse
une part dont j'ai pété
une part dont le levier de vitesse m'est resté dans la main
une part dont les bouts se font la malle
une part dont on oublie jusqu'au visage
une part dont j'ai bouffé le prénom
une part dont les bouffons sont de sortie
une pars donc ne rentre pas trop tard
une part dont tu m'as tellement manqué

jeudi 19 octobre 2017

Les canapés du temps

Soudain, les pattes d'un des deux canapés se mirent à trépigner d'impatience. C'étaient des banquettes en cuir brun, haut perchées sur des tiges métalliques, leur donnant une allure d'insecte. Depuis le début de la réunion, personne n'avait osé s'assoir sur ces sièges pouvant accueillir chacun trois personnes. Tous se méfiaient inconsciemment de ces étranges sièges dont le confort semblait suspect. Aucun n'aurait risqué de s'installer sur ces canapés qui auraient pu croquer quiconque ce serait aventuré sur leurs soi-disant confortables assises. Pourtant, quatre courageux désignés volontaires s'installèrent, malgré les ruades des deux canapés. Une fois posés, les individus assis semblèrent calmer l'impatience des canapés, dont les pattes s'immobilisèrent, et les quatre personnes assises, prirent des pauses invitant l'auditoire à attendre que l'une d'elle prenne la parole.

Le premier commença par dire qu'il n'avait pas le temps de rester, mais s'exprima pendant une heure sur la mesure du temps au fil des siècles. Pendant ce temps, un des orateurs tentait de se détacher d'un accoudoir un peu trop affectueux. Le canapé avait sournoisement commencé depuis le début de l'exposé à contourner le bras de cet homme, qui par politesse avait d'abord feint de ne rien remarquer. Puis, l'orateur s'emballant dans son discours, insistant sur la relativité du temps, le futur prisonnier tentait de se raisonner et de se rassurer quant aux intentions du fauteuil. Heureusement, le premier orateur conclut à cet instant son discours et donna la parole à l'homme qui trouva là l'occasion de se dégager et de se soustraire à l'étreinte inattendue.

Une fois debout, il se lança dans la description d'un ambitieux projet d'exploration des trous noirs, pour aller étudier, dans ces environnements inconnus, la façon dont le temps a une emprise sur le corps et l'esprit des voyageurs. Le canapé frustré s'était renfrogné mais n'avait pas abandonné son envie de croquer ses occupants. Il avait le temps pour lui. C'était une banquette patiente qui avait de quoi tenir un siège. Il entreprit alors d'avaler lentement une oratrice. Cette dernière, concentrée sur l'exposé de son collègue ne s'apercevait pas que le dossier commençait à l'envelopper comme une seconde peau. Elle réalisa trop tard que l'assise emballait ses jambes et l’enfermait de son bassin à ses pieds, quand le dossier acheva de recouvrir son visage, empêchant toute réclamation. L'auditoire, tout à l'écoute de la présentation des modalités d'exploration de l'espace temps dans l'antimatière, ne remarqua rien de la disparition qui se déroulait sous ses yeux, et le canapé, repu, repris sa forme initiale.

Quelqu'un pourtant dans l'assistance avait observé cette scène qui l'avait laissé sans voix, mais il n'eut pas le temps d'exprimer la moindre protestation car, comme l'ensemble de l'auditoire, il fondait littéralement et le public liquéfié se répandait sous les fauteuils, et cette flaque semblait aspirée par les deux canapés étranges. Pendant ce temps, les orateurs avaient tous été englobés par les banquettes, aspirés en effet par leurs pattes, qui étaient en réalité des pailles. La salle était vide à présent, et le silence fut un temps brisé par un soupir de satisfaction des canapés rassasiés. Ils allaient pouvoir attendre la prochaine conférence, en salivant d'avance aux délicieuses pensées dont ils pourraient alors se repaitre. Ils étaient déjà en appétit de la prochaine thématique : l'aménagement de l'espace de travail.


Production surréaliste apparue sur l’écran de mon portable, alors que j’assistais à une table ronde autour de la gestion du temps, organisée par ma coopérative d’activité préférée, Solstice, à Eurre, le jeudi 19 octobre 2017.

PS : tout est bien qui finit bien, car mon collègue Gilles Duron, restaurateur de fauteuils, et à l’œil expert, m'a fait remarqué que ces sièges affamés étaient dotés de fermetures Éclair, et nous avons pu libérer tous les avalés !

lundi 16 octobre 2017

Mon amour idéal

Pour toi je voudrais être là
quand tu as besoin
quand tu m'attends
et être absent
lorsque tes vents me portent au loin
j'aimerais entendre ton souffle
et parler ta langue
être ton oreille tes bras tes mains
ton cœur ta chair
enchainer mes pieds à tes vers
laisser ton chant distiller ses notes suaves
sur chaque ligne de ma partition
me poser en ronde
sur la portée de ta peau
et résonner avec toi
de toutes les vibrations de nos cordes
que ta musique inspire mon rythme
que ta saveur épice mes goûts
que mon sel relève tes plats
pour des festins offerts
diffusant cette vague de mystère
qui me ramène au port
et te laisse aller sur les flots
sans nous mettre en cale
attendre tes alizées
pour gonfler mes voiles
et nous emporter au delà de l'horizon


Atelier d’écritures, Portes-lès-Valence, lundi 16 octobre 2017

Mon amour de tous les jours

Ilam serait un caprice du fleuve
rarement vu pourtant être aussi peu capricieux
peut-être parce qu'il a pris les cieux
justement
pour terrain de jeu
et ce terrain de jeu
me renvoie à moi
justement
des cieux il a revêtu le bleu
intense et joueur
quelques bleus aux je et nous
il est si doux
écharpe de nuages autour de mon cou
dans ce bleu il est mon soleil
prêt à bondir
et me rendre mon admiration
en pareil
catapultant son humour
trublion toujours sur la brèche
là où on ne l'attend pas
moteur et carburant
lové là
au creux de ma main
une caresse à chaque regard
et parfois
quand même
une imperfection dans l'action
dans le rythme un écart
un éclair dans le ciel
vient zébrer sa voix
doutes et malentendus passent alors
mais ne s'attardent pas
et bientôt repartent paître ailleurs
troupeaux insignifiants
et de son doigt malicieux
il dessine sur le vent
un sourire là où se creusait une ride


Atelier d’écritures, Portes-lès-Valence, lundi 16 octobre 2017

dimanche 15 octobre 2017

La bohème

Toute une aventure
préparée des jours à l'avance
les affaires de toutes sortes les vêtements les jouets
t'as pensé aux brosses à dents
la vaisselle elle est déjà dedans
en plastique blanc à grosses fleurs oranges
assortie aux rideaux
comme les sièges
tout un univers
un salon une cuisine une salle de bain
une chambre à couchettes
et des placards partout
même sous les lits
le tout monté sur roues
attelée derrière la Ford Granada bleue marine
le luxe
la liberté
une vie de nomade le temps d'un été
des heures de route
des pauses casse-croute
et chaque année un nouveau camping
rien de bling bling
juste ce qu'il faut
pour être heureux
éplucher les haricots sous le auvent
frire les poissons fraichement pêchés
jouer aux cartes sur la table pliante
celle qui a des pieds téléscopiques
existe-t-il meilleure façon de voyager
une caravane quand on est gosse
c'est comme avoir une maison de famille
dans chaque port de Bretagne
des châteaux en Espagne
un chalet dans les alpes
au fil du temps
la roulotte devient un vieux pote
un membre de la famille
un être cher
qu'on n'oubliera jamais


Atelier d’écritures, Boffres, dimanche 15 octobre 2017

Les cabanes de mon enfance

Brics et brocs
des planches des clous
des planques des coups
des coups bas
mes rien de méchant
des rixes de saltimbanques
un terrain vague
garni de buttes poussiéreuses
couvertes d'une végétation brute
tiges sèches et herbes folles
un Far West de poche
pour cowboys de quartier
des immeubles en guise de Monument Valley
des petits voisins à la place des indiens
des cabanes qui se construisent
avec ce qui traine dans les caves
des cartons
des étais métalliques rouillés
un caddy défoncé
chacun son fort
son domaine à défendre
les bandes s'affrontent
à coups de pistoles à ventouses
de fusils à patates
et de claques-doigts qui pètent
pour faire semblant
comme les grands
on dirait que t'es mort
et demain on revient
ou mercredi prochain
cette fois on sera des gendarmes et des voleurs
et les forts d'hier
deviendront les prisons d'aujourd'hui
on enfourchera nos vélos
comme des motos
lancées à toute vitesse
dans des courses poursuite endiablées
un bout de carton fixé au cadre
pour claquer dans les rayons
et croire qu'on chevauche une grosse cylindrée
puis se sera l'heure du goûter
alors on enchainera les tartines
de beurre saupoudré de chocolat
et en parlant la bouche pleine
on rira aux éclats


Atelier d’écritures, Boffres, dimanche 15 octobre 2017

jeudi 5 octobre 2017

Larme

Fragile esquif
furtif cristal
lancé à vive allure
sans but précis
à travers les étoiles
à quoi penses-tu
en quittant l’œil
pour rejoindre la paume
qui te flatte sur une joue
ou caresse ton deuil


Atelier d’écritures, Saint-Georges-les-Bains, jeudi 5 octobre 2017

mercredi 4 octobre 2017

Sable

Matériau de base de tant de châteaux
lorsque les hommes passent
ses murs se tassent
le vent le souffle alors

en histoires éparses
cette mémoire s'envole
pour rejoindre de lointaines dunes
ou des plages baignées de lune
blanc noir rouge ou vert
cet élément si répandu est mon frère

autant solide que liquide
il est à la fois la caresse la plus douce qui soit
et peut aussi être irritant parfois
comme des poignées de minuscules châtaignes jetées dans les yeux


Atelier d’écritures, Crest, mercredi 4 octobre 2017

lundi 2 octobre 2017

Naître ou ne pas naître

Naître ou ne pas naître
c'est tout
quoi d'autre
comment pourrait-il en être
autrement
ne pas naître
c'est arriver à la fin
avant même d'avoir commencé
drôle de choix
mais pourquoi pas
le voyage est court
et une courte balade
vaut parfois mieux qu'une longue galère
pourquoi pas donc
et après tout
a-t-on vraiment le choix
naître en tout cas
c'est n'être pas obligé de rester en place
n'être pas enfermé
naître c'est être mis dehors
en quelque sorte
une expulsion bienvenue
naître c'est rencontrer celle qui nous a hébergé
enfin
goûter son sein
n'être que ce petit être
pour qui rien ne compte
moins que ce lait
naître c'est finalement s'ouvrir au beau
laisser glisser les sons comme des caresses
n'être pas gêné par le goût des autres
bien au contraire
n'être qu'un au milieu d’eux
pour naître à soi
 
naître ou ne pas naître
tout est là
dans ce premier pas
puis le suivant
et les autres encore
à chaque rencontre
avec un deux trois qui naissent
qui n'essayent pas de tirer vers le bas
mais de faire naître jusqu'en haut
pour une nouvelle expulsion
un pas de plus hors de soi
tout ça pour en arriver là



Atelier d’écritures, Portes-lès-Valence, lundi 2 octobre 2017

Vide

Un océan de vie
de vide si plein
si plein d'eau
de vagues de vie
crêtées d'écumes
pleines de bulles
sinueuses
si noueuses
si libres
si liées
interdépendantes
pleines de sens
sens dessus dessous
sans i sans e
des vies VS
vide VD
des VD de vaux
des vagues qui dévalent
de crêtes en vaux
surfent sur ces flots
ces flots tumultueux
plein de vie
vagues en surface
mais calmes au fond
calme
pas si sur
sans doute l'air est-il agité
mais sous les vagues
les courants grondent
brassent ce vide apparent
apparent pas tant que ça
puisqu'on ne le voit pas
et ce ciel si sombre
ces nuées chargées
si pleines
gavées d'eau
gonflées d'orage
prêtes à craquer
à péter en éclairs
pour relier ciel et mer
électriser l'atmosphère
et d'une étincelle
faire jaillir la vie
dans ce bouillon
si apparemment vide
H rencontre deux O
deux O séparés à coup de H
en en flash
puis d'autres lettres encore
viennent s'assembler
pour un grand bal moléculaire
alors ce vide
cet océan devient une jungle
où l'on entend rugir le soir
les lions de mer
à l'heure où les grands fauves vont boire




Atelier d’écritures, Portes-lès-Valence, lundi 2 octobre 2017