Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

jeudi 16 février 2017

Dialogue

C’est une conversation incessante
Ces deux-là passent leur temps à discuter
Mais aujourd’hui la mer oscille doucement
Son cœur bat mollement
Elle semble avoir peu de choses à dire
Comme si elle voulait jeter un froid
À moins que l’intensité de son bleu
Ne cherche qu’à répondre au soir en feu
Il a tant à raconter le ciel
Ces nuages se bousculent tels des paroles fiévreuses
Des mots sombres et lumineux défilent sans cesse
Et le vent s’en mêle
Poussant au passage quelques reflets de voiles
Enfin tous se réconcilient à l’horizon silencieux









 










Atelier d’écriture, Saint-Georges-les-Bains, jeudi 16 février 2017
où j'avais proposé d’écrire à partir d’une reproduction au pastel de Muriel Calvin, piochée parmi plusieurs photos…

mercredi 15 février 2017

Brouillard

Nappe épaisse
Flaque et poisse
Rien de duveteux
Que de l’humide
Rien de lumineux
Que du timide
À tâtons
Quoique
Il serait tentant d’y aller à reculons
Allons ne pas se laisser aller
Tâter
Palper
Tenter de discerner
Là ça a bougé
Quoi une araignée
Coa une grenouille
Floc les pieds mouillés
Demi-tour
Retrouvons le sentier
N’oublions pas le but
Il faudra bien y arriver
Il ne s’agit pas de s’endormir dans cette humidité
Où peut-elle bien être cette fichue maison
Si au moins j’étais tombé en panne en plein jour
J’aurais pu me repérer aux cris des chiens ou aux chants des coqs
Là rien
Si là-bas un ombre peut-être
Massive
Ténébreuse
J’y vais ou pas
Ah je n’en peux plus de cette purée de pois
Cette saleté qui colle aux doigts
Si seulement j’avais une lampe
Je pourrais mieux cerner cette silhouette
Un arbre au bord du chemin ?
Un vieux pigeonnier ?
Un château d’eau ?
Pas moyen de savoir dans cette mélasse
Pas même de savoir quelle taille mesure la chose
Et si c’était quelqu’un ?
Soudain une tâche orange
Un crépitement
Je m’approche
C’est un type engoncé dans un par-dessus et coiffé d’un vieux Stetson
Qui allume une clope
Il me fait un signe de tête pour me saluer
Et je poursuis mon chemin comme si de rien n’était
Sans oser lui demander s’il connait le chemin
Ni si c’est encore loin


Atelier d’écriture, Crest, mercredi 15 février 2017
où j'avais proposé d’écrire à partir du mot brouillard…

L’ombre d’elle même

Une ombre mystérieuse
Une silhouette d’ébène
Un profil peut-être
Et si c’était une bouche africaine
Un petit nez perdu sous des boucles crépues
Une tête fièrement coiffée d’un chapeau claque
Certainement le portrait d’une vedette de music-hall
Une reine des claquettes des années folles
Non, juste une ombre en vérité
Celle d’une bougie
Ornée de fleurs au charme désuet
Certainement posée sur un guéridon
Où sur un piano d’où s’échapperait les notes d’une sonate oubliée
Et si la bougie était allumée
L’ombre de la vedette aurait-elle dansé ? 





Atelier d’écriture, Crest, mercredi 15 février 2017
où j'avais proposé d’écrire à partir d’une image piochée parmi plusieurs photos…

lundi 13 février 2017

Ma maison idéale

De ma fenêtre, j’entends les chars qu’on écrase et qu’on broie. Ce sont des enfants qui pilotent les lourds rouleaux compresseurs et leurs éclats de rire rebondissent joyeusement sur les grincements de ferraille.

De ma fenêtre, je sens la paix qui monte. Depuis quelques jours, elle envahit la planète. Il en a fallu du temps pour enfin respirer ce parfum à pleins poumons. Je ne m’en lasse pas. Ça rappelle les herbes fraiches quand on marche pieds nus dans les prés mouillés au printemps.

De ma fenêtre, j’imagine la mort qui doit bien chialer dans son coin, na ! Sans rancune vieille branche ! Tu as bien mérité d’aller te reposer.

De ma fenêtre, j’espère que personne n’aura l’idée saugrenue de revenir sur cette décision et que ce joyeux spectacle va durer.

De ma fenêtre, je vois les oiseaux revenir comme s’ils n’étaient jamais partis.


Atelier d’écriture, Portes-lès-Valence, lundi 13 février 2017
où j'avais proposé de poursuivre les phrases « De ma fenêtre, je vois… j’entends… je sens… j’imagine… j’espère… »

jeudi 2 février 2017

Il nous restera ça #2

De cette période magique où nous avons laissé tant de sable s’insinuer dans nos sacs et nos duvets, il nous restera ça. Cet air sec et épicé à l’atterrissage. La route, toujours la même, pour rejoindre le Désert tant attendu. La sempiternelle balade au souk de Douz pour acheter un chèche et quelques babioles, dont des dattes bien sur ! Et enfin les derniers kilomètres d’asphalte avant de plonger dans les dunes. Les glissades des roues dans le sable et le paysage qui défile, ocre ou gris selon la lumière, jamais le même. Puis, l’arrivée au point de départ de la balade. La rencontre avec les chameliers « Salam Aleykoum », « Aleykoum Salam » ! « Asseyez-vous on va boire un thé ! »
Il nous restera le goût incomparable des oranges dont le jus coule, frais et doux dans nos gorges sèches, le crissement du sable sous la dent, quand nous mangeons la galette cuite dans la cendre, les couchers de soleil que nous guettions chaque soir en sentinelle, chacun sur sa dune. Et dans le creux de nos sacs, dans les plis des duvets, dans les fibres de nos habits, partout, partout… du sable d’une finesse et d’une douceur incroyable !


Atelier d’écriture, Saint-Georges-les-Bains, jeudi 2 février 2017
où j'avais proposé d’écrire à partir de la phrase issue de l’album éponyme de Grand Corps Malade, Il nous restera ça.Puis, nous avons complété la production de notre voisin. Ici, Sylvie à poursuivi mon texte…