Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

lundi 29 janvier 2018

Tu es là tout près

Tu es là tout près
Si près que je peux entendre ton souffle les yeux fermés
Ton parfum me prend par la main
M’entraîne le long de chemins ensoleillés
La lumière se regarde dans tes cheveux
Sur lesquels rebondissent des chants d’oiseaux
Mon cœur s’emballe
Je bondis de bonheur
Comme si je t’embrassais pour la première fois
Tu es si près que je crains de mourir si je m’éloigne
Cette perspective assombrit le ciel
Qui se charge de nuages nostalgiques
Je les chasse d’une tempête de joie
Et ça te fait rire
Nous en profitons pour gonfler nos voiles
Et nous nous échappons par la fenêtre
Rien ne nous retient
Le monde nous appelle
Mais je m’arrête un instant
Ta robe s’est accrochée à une branche
Nous nous posons une minute
Et nous en profitons pour cueillir quelques moments
Si doux que nous ne repartons plus
Oui c’est cela
Restons là
Tout près
Bercés par les soyeuses palpitations de nos peaux
Résonnant à nos oreilles
Une année passe
Puis deux
Un siècle enfin
Et nos ondes se croisent encore
Formant un entrelacs tel
Que nous restons tout près
Même lorsque nous ne sommes plus là

Je t’attendrai sur le quai

Chaque fois que tu partiras
Chaque fois que je reviendrai
Je t’attendrai sur le quai

Je t’attendrai sur le quai
Pour te dire combien je t’aime
Combien tu me manques
Lorsque tu es si loin de moi
Combien tu me combles
Lorsque je te sens tout près juste là

Je t’attendrai sur le quai
Pour être sûr de te retrouver
Aller encore à ta découverte
Écouter tes aventures
Te raconter les miennes
Mélanger les parfums glanés au fil de nos explorations
Tisser des toiles de souvenirs
Pour épicer nos discussions

Je t’attendrai sur le quai
Pour shooter dans la routine
Nous laisser aller et venir
Pour vérifier qu’on peut encore se reconnaitre
Goûter ce pincement du départ
Et ce picotement du retour

Je t’attendrai sur le quai
Pour t’aider à porter tes valises
Ou t’enrichir de ce que je rapporterai dans les miennes
Et danser ensemble
De nouveaux rythmes
Inspirés de ces lieux visités
De ces voix entendues
De ces rencontres inattendues

Je t’attendrai sur le quai
Chaque fois que tu partiras
Chaque fois que je reviendrai

mercredi 17 janvier 2018

Ecrire un arbre #2

Arbres
Ach ! Brrrr…
Par ces grands froids
Je comprends que vous préfériez dormir tout l’hiver
Vous débarrasser de vos manteaux de feuilles
Pour ne plus avoir à les retenir
Quand le vent vient chahuter vos branches
Ô arbres comme je vous comprends
Qu’il doit être bon de s’accorder une si longue pause
Cesser toute activité
Comme si la vie vous quittait
Ronfler gentiment sous l’écorce
Ne pas bouger d’un cerne
Laisser la terre geler autour des racines
Devenir pierre
Et jouer avec le temps
Lui laisser croire qu’il s’arrête
Écouter la mort ricaner bêtement
Pensant qu’elle a gagné
Rester planté là
À ne rien faire
Immobile sous la neige
Insensible aux rayons qui la font ruisseler de votre cime à vos pieds
Puis en temps voulu
Revenir à vous
Sentir le flot de sève reprendre
Mais patience
Ce n’est pas encore le moment

lundi 15 janvier 2018

Le Grand Départ

Ça y est
Tu as embarqué
Tu es là sur le pont
Agitant ton mouchoir
Pour me dire au revoir
Comme si nous allions nous revoir
Je te souris en retenant mes larmes
Espérant que de loin mon émotion t’échappera
Je ne peux pas te retenir
Et pourtant j’aimerais te garder auprès de moi
Tu pars si loin
Si longtemps
Sans tambours ni trompettes
Même la sirène du bateau reste muette
Qui sait si nous nous reverrons
Après tout à quoi bon ?
N’avons-nous pas suffisamment partagé ?
N’as-tu pas vécu ici les expériences que tu devais ?
Est-ce que nous nous sommes tout dit ?

Larguez les amarres

J’articule à ton intention un grand
JE T’AIME

Tu me réponds du bout des lèvres
C’est gentil

Vivement qu’on se retrouve
Que je sache si tu as bien compris

Je t’écris

Je t’écris ce que j’aimerais que tu emportes
Je t’écris les eaux calmes des lacs
Je t’écris les enfants tumultueux
Je t’écris les averses de rire, les parties de cartes, le dessin des gouttes sur les vitres embuées
Je t’écris le papier peint de ta salle à manger
Je t’écris tes robes aux motifs imprononçables
Je t’écris tes accueils chaleureux
Ou pas
Je t’écris tes voyages, tes pièces de théâtre, tes scores au scrabble
Je t’écris tes racines, tes branches, tes feuilles bouchées, tes mains parcheminées
Je t’écris tes coups de gueule
Je t’écris tes idées reçues
Je t’écris ton envie de comprendre
Je t’écris ta patience, ton impatience et ta patience encore
Je t’écris tout ce que j’aimerais que tu emportes
Le jour, la nuit, une bonne couverture, des histoires bien de chez nous, du sucré, du salé et du poivre surtout
Je t’écris des grimaces
Je t’écris des blagues
Je t’écris des fables
Tout ce que j’aimerais que tu emportes
Mais que tu laisses là

Divers haïkus d’hiver


Ces oiseaux colorés
Partants vers je ne sais où
M’emmènent avec eux


La machine s’est arrêtée
Le soleil me chauffe
En un clin d’œil


Au loin les arbres
Dressés vers le ciel
Telle une mâchoire triste


Cette femme qui chante sur le mur
Les voitures ne la voient pas
J’écoute sa voix chaude


Les rails dressés vers le ciel
Le wagon décolle
Je reste sur le quai

Lumière

Pas un pas de plus
Ou c’est la chute assurée
Chut ! Pas un mot de plus
Ne pas bouger
Au risque que tout s’effondre
Que tout disparaisse
Laisser le jour se lever
Comme ça
Tout simplement
Comme il le fait depuis si longtemps
Comme il le fera encore si longtemps
Pas un pas de plus
Pas un mot
Laisser les mots s’assembler
Les couleurs poindre
Sortir des ténèbres
Où elles retourneront bien sûr
Mais n’y pensons pas
Pour le moment elles sont là
Délicats pétales
S’ouvrant sur un ciel nouveau
Comme s’il n’avait jamais été

mercredi 10 janvier 2018

Tel un grain de sable

Pourquoi est-ce si dur de laisser partir ceux que l’on aime ?
Parce qu’on ne les reverra plus ?
Mais si on ne les voyait plus déjà ?
Pour tout ce qu’ils nous laissent ?
Pourtant rien de tout cela ne partira !
Pour l’incertitude de ce qu’il y a après alors ?
La peur de les laisser livrés à leur sort ?
N’était-ce pas déjà le cas avant leur mort ?
L’angoisse de ce qui nous attend alors ?
Lorsque ce sera notre tour,
serons-nous à la hauteur ?
L’envie de les accompagner peut-être ?
De ne pas les laisser seul franchir la porte ?
La curiosité ?
Que ne donnerais-je pour savoir !
Pourtant il faudra attendre…
Et le plus tard sera le mieux !
Tant de choses ici m’appellent encore.
Alors bon vent êtres chers !
Je ne vous retiens pas,
vous avez bien trop à faire,
une nouvelle vie vous attend,
croquez-la à pleine dent !

Tel un grain de sable
laissez-vous fondre dans le verre
laissez filtrer la lumière
vous traverser de ses rayons si doux
emplissez nos cœurs de vos couleurs
ouvrez la porte
rayonnez encore un instant
laissez-nous contempler encore votre existence si belle
que vos baisers résonnent encore dans nos cous
ne refermez pas la porte
pour vous entrevoir encore
vous éloigner lentement
discrètement
respectueusement
de vous
de nous
vers ce qui vous attend

tel un grain de sable
laissez-vous glisser dans le chant du monde
que mes larmes vous aident à passer
de l’autre côté
que votre âme dépose là
sur le seuil
tout ce dont elle n’aura plus besoin
laissez-nous vos souvenirs les plus chers
vos secrets les plus lourds
vos corps fatigués
vos esprits meurtris
je les livre à la mer
emportés par les flots
le fracas des vagues sur les rochers
vos vies remâchées
lavées par les éclats d’écumes
mon âme plonge aussi
avec la vôtre
éclairée du turquoise des profondeurs
céleste lumière
avec laquelle dansent nos cœurs
une dernière fois
une dernière danse
un pas de deux
pour un adieu

tel un grain de sable
laissez-moi là
sur la rive
que ma peine sèche au soleil de votre départ
partez tranquille
chères âmes tant aimées
un nouveau destin vous appelle
ne résistez pas
laissez-vous faire
suivez la lumière
contemplez enfin cette merveille
dont vous avez goûté quelques notes
au cours de votre passage sur terre
partez sans crainte
tout ce que vous nous laissez
nous portera
sur le chemin qu’il nous reste à faire
et lorsqu’à notre tour
nous franchirons la porte
nous vous retrouverons
renouvelés

tel un grain de sable
dansant dans la lumière
nous partagerons cet amour
si grand
avec tous les atomes de l’univers.