Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

lundi 29 avril 2019

Rencontre avec un arbre

Si j’allais à la rencontre d’un arbre, simple inconnu, unique et pourtant si semblable aux autres, j’aurais mille questions à lui poser : d’où il vient, pourquoi il est là, s’il se plait ici… Mais nous ne parlons pas le même langage. Et si tel était le cas, me répondrait-il seulement ?

Si j’allais à la rencontre de cet arbre, je m’approcherais aussi doucement que possible. J’observerais de loin le déhanchement du bout de ses branches, j’écouterais le chuchotement de ses feuilles, je m’inclinerais bas devant sa haute stature et je m’approcherais de la chaleur de son tronc. Je me laisserais apaiser par son écoute silencieuse. Je me laisserais toucher par la douceur de ses feuilles. Je me laisserais happer par le mystère du fond des crevasses de son épaisse et rude écorce. Et peut-être finirais-je par découvrir l’histoire de ses origines en suivant ses racines.

Si je rencontrais cet arbre, peut-être me confirmerait-il qu’il se soucie du bien être de tous ceux qui l’entourent. Peut-être aussi m’apprendrait-il à lire entre les lignes de ses nervures. Et peut-être m’aiderait-il à monter vers son humilité pour mieux considérer la vie.

vendredi 19 avril 2019

Pensées #16

Au creux de mes mains
j'ai malaxé la terre
mixé les graines avec des pierres

lundi 15 avril 2019

Pensées #15

Quand l’homme mêle ses traces à celles du chevreuil,
l’espoir renait.


Pensées #14

J’ai tant à apprendre encore
heureusement les châtaigniers sont là

Pensées #13

À la fraicheur du matin
je meule mes grains au moulin
et j’imagine avec joie
le beau nectar qu’il produira

Pensées #12

Revenir à l’essentiel
c’est un retour au souffle
mieux qu’en chez soi

Pensées #11

Cueille les narcisses
bouquet offert à qui passe
une vie un sourire

Pensées #10

Miroir brisé
éclats de vanité éparpillés
fusion de tessons en sourdine
passe de vie à au-delà
de l’un pour soi         
au tout pour tous

vendredi 5 avril 2019

Au-delà de l’amour #2

Au-delà de l’amour
Il y a un grand silence
Qui ne résonne plus avec absence
Une sérénité sans bornes
Pour oublier les journées mornes

Au-delà de l’amour
Au-delà de cet improbable horizon
Il y a cette halte définitive et sans fin
Cette pause qui s’éternise
Et qui prend son temps avant d’aller plus loin

Au-delà de l’amour
Il y a tous ces partages
Toutes ces rencontres
Ces chutes et ces tremplins
Ces mains tendues et ces gestes mesquins
Ces oublis et ces petits riens

Au-delà de l’amour
Il y a ce Tout auquel chacun aspire
Mais veut-on vraiment y parvenir ?
La chose semble si loin
Elle est pourtant à portée de main
Dans un petit coin du cœur
Cette flamme brûle et jamais ne s’éteint
Petit phare donnant le cap aux navires perdus

L’horizon est là
Juste après ce point.

jeudi 4 avril 2019

Une lettre d’amour

Si je t’écris, c’est pour te dire ce que seuls les nuages savent : cette pureté sans raison, cette vérité qui nous échappe. Si je t’écris, c’est parce que les mots peuvent peut-être concrétiser ce que la parole ne peut pas. L’encre a peut-être ce pouvoir de solidifier les pensées que la voix ne saurait transmettre. Ainsi les lettres s’assemblent-elles pour laisser entrevoir ce que le cœur sait depuis longtemps mais que les oreilles n’entendaient pas. Le cerveau est parfois enrhumé ou emmuré et les sons lui parviennent étouffés. Il faut alors passer par d’autres voies. Les yeux se penchent sur le papier et parcourent les lignes pour lui rapporter ce message qu’il ignorait. Un parfum suffit pourtant, une image, un objet oublié et l’émotion revient. La sensation est de nouveau là, pleine de cette fraîcheur qu’elle avait ce jour-là. Et comme une petite musique familière, elle ravive ce plaisir partagé et balaye les poussières et les cendres accumulées pour ne laisser qu’une trace, une parole. Comme si tout était pardonné.

mardi 2 avril 2019

Petite Alouette


Petite Alouette tombée de vélo
on t’a poussée avant que tu ne saches voler
la chute t’a blessée
tu ne veux plus remonter en selle
tu voudrais retourner au nid plutôt que d’être seule sur scène
Comment supporter tous ces regards braqués ?
Te voila toute nue
Qu’attends-tu pour t’envoler ?
Tu en perds ta voix
te voila paralysée
Tu ne chanteras plus que pour toi ?
Et si par malheur tu es surprise
chantant dans ta solitude
l’humiliation te réveillera encore la nuit
Qu’attends-tu pour t’envoler ?
Petite Alouette
Quitte le nid !
Plonge dans la vie !
Va voler avec tes semblables !
Bien sûr certains te rappelleront les dangers
Envole-toi !
D’autres te diront que tu ferais mieux de t’abstenir
Envole-toi !
Parfois ton ramage sera aussi lumineux que ton plumage
tu brilleras alors de tous tes feux
et tu te souviendras du temps où
regardant les autres piafs
tu te trouvais si petite
si vulnérable
si isolée

Alors tu chanteras pour ceux qui n’osent pas
celles qui se trouvent moches
ceux qui se croient si nuls
te souvenant qu’il ne tue pas… le ridicule
tu chanteras même devant ceux qui sont bien meilleurs que toi
les plus beaux les moins pudiques
celles qui n’ont jamais connu ta timidité en public
tu te souviendras des humiliations
tu chanteras pour celles qu’on a forcées
ceux qu’on a dénigrés
celles à qui on a dit de se taire
ceux qu’on disait trop sensibles
celles qui préfèrent rester dans l’ombre
tu le feras avec humilité avec émotion justesse et beauté
Allez Petite Alouette, qu’attends-tu pour t’envoler ?
Va vis vole et chante !
Allez chante !
Envole-toi !
Fais-nous décoller !
Emporte-nous dans ta chanson !
Décolle !
Décolle !
Décolle-nous !
Va vis vole et chante !
Allez chante !
Chante !
Chante !
Chante !
Et enchante-nous !

Liberté

Enfin ce temps arrive
Où je peux ne rien faire
Respirer sans réfléchir
Laisser les idées aller où bon leur plait
Sans les retenir
Ni leur courir après
Je ne les suis même pas de loin
Je les laisse filer au vent
Et c’est très bien
Rien ne compte
Les contes ne valent rien
Toutes ces sornettes qu’on écrit
Qu’on colporte
Qui passent de bouches à oreilles
Ne pensent qu’à occuper le silence
Quel gâchis
C’est si beau le silence
Enfin ce temps arrive
Où je peux ne rien faire
Cesser d’écrire pour ne rien dire
Et je laisse mon esprit s’assouplir
Se liquéfier
Se répandre
Pour ne laisser qu’une flaque s’évaporer
Dans le silence du temps qui passe

lundi 1 avril 2019

Traverser le miroir

Si j’osais Traverser le miroir
Je fendrais mon reflet
Zébrant l’image
Et je volerais en mille éclats
L’autre m’accueillerait en face
Enfin face à face
Sans se soucier de la surface
Qui nous sépare
Il serait content de me voir
Enfin de me toucher
Et de pouvoir me parler
Lui qui n’a jamais osé
Moi je lui ai parlé parfois
Dans ma tête
Du bout des lèvres
Ou à haute voix
You talkin’ to me ?
Mais il n’a jamais répondu
Faut dire que reflet c’est un métier
Des années de formation
Cours de mime et de grimaces
Réflexes et nerfs à rude épreuve
Déontologie d’acier
Pas un cheveu qui dépasse
Sinon c’est l’expulsion assurée
Alors pour la première fois
Mon image se lâche
Il saute dans tous les sens
Content de me voir ça c’est sûr
Et de se détendre un peu surtout
Parce que depuis tout ce temps
Passé au bord de chaque miroir
Sous la rive de chaque mare
En marge de chaque vitre
Il n’en peut plus
Maintes fois il a failli craquer
Me laisser seul face au vide
Mais un reflet n’abandonne pas celui qu’il reflète
Alors aujourd’hui c’est la fête !