Si je t’écris, c’est pour te dire ce que seuls les nuages savent : cette pureté sans raison, cette vérité qui nous échappe. Si je t’écris, c’est parce que les mots peuvent peut-être concrétiser ce que la parole ne peut pas. L’encre a peut-être ce pouvoir de solidifier les pensées que la voix ne saurait transmettre. Ainsi les lettres s’assemblent-elles pour laisser entrevoir ce que le cœur sait depuis longtemps mais que les oreilles n’entendaient pas. Le cerveau est parfois enrhumé ou emmuré et les sons lui parviennent étouffés. Il faut alors passer par d’autres voies. Les yeux se penchent sur le papier et parcourent les lignes pour lui rapporter ce message qu’il ignorait. Un parfum suffit pourtant, une image, un objet oublié et l’émotion revient. La sensation est de nouveau là, pleine de cette fraîcheur qu’elle avait ce jour-là. Et comme une petite musique familière, elle ravive ce plaisir partagé et balaye les poussières et les cendres accumulées pour ne laisser qu’une trace, une parole. Comme si tout était pardonné.