Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

samedi 29 mai 2021

Source

Je suis né au bord d’une source lumineuse
sur ses berges s’entrelacent des racines généreuses
au-dessus poussent des frondaisons de saules
protecteurs bienveillants leurs troncs accueillent mes épaules
les pieds dans l’eau je clapote en rêvant d’aventures de marin d’eau douce

Portés par des ailes bleutées et des airs de roseau
d’autres me rejoignent et la clique embarque
le courant mène à de nouvelles rencontres
parfois des embâcles obligent à des détours
et il arrive que des compagnons nous quittent
emportés par un tourbillon ou attirés par un confluent
mais l’exploration continue
d’autres surprises couvent
émotions inconnues
sentiments confus
quelques hésitations
entre certitudes et doutes
comment ne pas se perdre en route

Des cairns balisent le chemin
petits tas d’amitié
des âmes sœurs jalonnent les sentiers intérieurs
des frères de cœurs jouent aux pompiers
des familles accueillent chaque déviation
quelques fantômes sourient
et les constellations maintiennent le cap

Aux escales les phares guident les marins perdus
les espoirs s’ancrent en des criques inconnues
les rives nouvelles appellent à la découverte
faire connaissance
mieux se connaitre
plonger dans des parfums capiteux
caresser du bout des yeux
goûter l’existence avec appétit
s’enticher de chants d’oiseaux aux plumages tachetés

L’entrée est hospitalière
le plat invite à séjourner
le désert tient ses promesses
seule la digestion pose parfois des problèmes de foie
la cuisine exotique invite à lâcher ses croyances
au risque de se perdre
mais c’est pour mieux se retrouver
les rencontres ont ce pouvoir
nous sommes des musées des sanctuaires
nous résonnons de l’écho de nos trésors

Quand les portes s’ouvrent
les visiteurs nous rejoignent dans nos plus belles expositions
et nous dansons dans un concert de voix accordées
le chant de la source rythme le mouvement
quelques croches sombres syncopent le chœur
des basses amicales portent la mélodie
les cordes sensibles interprètent les couplets
et des peaux cuivrées swinguent les refrains
nous entrainant dans une farandole sans fin

 


 

vendredi 28 mai 2021

Émancipation

Combien de temps encore des dictateurs vont-ils séduire des peuples
combien de temps encore vont-ils endormir les foules
combien de temps encore des pays vont-ils vendre des armes pour alimenter des guerres
pourquoi les bons sont-ils plus souvent assassinés que les mauvais
pourquoi a-t-on besoin de s’enfermer dans des illusions
comment résister à la tentation
comment s’affranchir de cette attraction magnétique

À quand l’aimant si passion

L’emprise mène parfois au lâcher prise
sussucre obsessions dépendances
une lueur au bout du tunnel
petite flamme de conscience
et l’âme s’échappe du corps blessé
le bourreau resserre les chaines
mais l’esprit abolit son étreinte
la fleur embrasse le fusil

Le plomb fond
l’or éclot

 



jeudi 27 mai 2021

Éloge du génie de la carcasse

Le vent va
d’une oreille à l’autre
l’air passe et repasse
fait le tour de ma carcasse

Je laisse l’agitation dehors
le klaxon des oiseaux
les gaz d’échappements
je m’évade dans le silence
du dedans

Délaissant les moteurs
motivant les détours
le temps s’oublie autant

Rien de mieux pour voyager dans l’espace
que cette bonne vieille carcasse
spacieuse
souple
aérée

Les rencontres y sont uniques
les histoires prennent des cours magiques
dedans règne l’imaginaire
la réalité reste dehors

De quoi finir à la ramasse
c’est sans compter sur ma carcasse
enveloppe pleine de limites
dont les pores
sont autant de lieux d’arrivées
que de départs

Le vent va
d’une oreille à l’autre
attise le feu intérieur
pour que s’évaporent quelques idées fumeuses
et qu’à la moindre caresse
se noient les sarcasmes
dans un frisson de maracas

 

Pensées #25


Pense à acheter de la poudre d'escampette

avant de partir faire la sieste



Joins-toi aux poissons

pour accoster les rives sauvages



mardi 25 mai 2021

En boucle

Les virages en lacets
font des ronds sans fin
sous les feux de la rampe
L’ombre offre une sécurité de rambarde

Pas de quoi freiner l’eau
qui se fraye toujours un chemin
qui se fout des lignes droites

Tu saisis

Elle s’évapore

La terre
elle
tourne en rond
sur son axe
sur un tour

Malaxe-la
conque à feu
pot à vent
manche à eau

Dans les cendres chaudes
les bavards parlementent
Les buissons ardents
rappellent les vieilles histoires
encore meilleures réchauffées

Sous la plante des pieds
la sève colle en pastilles ambrées
laissant des pointillés sur la sente
bordée de collines tachetées
comme une peau de bête
comme une heure muette
un souffle entre les os
une douceur passagère
un remède
le chant des pins
des réponses à des questions qu’on n’avait pas posées
qui tournent en boucle




samedi 22 mai 2021

Ah l’amour

Cœur transparent
dans un lit vide
corps pâle
entre des murs sans rides
pas de rideaux aux yeux
l’anamour a séché les eaux
la tendresse a déserté ma peau
mon ventre crie famine
dans cette plaine sans bords ni fond
où rien ne pousse
pas même une ombre à l’horizon

L’amour est volatil
il se pose parfois
léger et subtil
il va il vient
caresse le vent de ses ailes fragiles
joue avec les rayons du soleil
et disparait dans un battement de cil
quand il revient
si il s’attarde
on n’est jamais sûr de rien
l’amour aime les surprises
fuit la routine
s’ennuie les jours de pluie
comme un berger sans son chien
aux beaux jours il cueille des souvenirs
un grain de beauté par ci
un sourire par là
l’amour câline
l’amour bécote
l’amour sème des étoiles et des miettes de biscottes
comme les coquelicots
l’amour n’aime pas être en pot
s’il ne sautille pas au printemps
il se terre pour longtemps
l’amour est gourmand capricieux exigeant
au moindre faux pas
il fout le camp
il donne des ailes puis les reprend
ne laissant que quelques plumes
pour les jours de gros temps
j’ai aimé un peu beaucoup à la folie passionnément
au point d’arracher toutes les pétales

Il ne reste que des tiges creuses
dans lesquelles le vent siffle
un petit air mélancolique
l’amour a quelque chose de tragique
lorsque la flamme s’éteint
il perd ses pouvoirs magiques
les jours deviennent sépias
les nuits perdent leurs grains de folie
la lune tourne le dos
les oiseaux se transforment tous en corbeaux
j’ai aimé un peu beaucoup à la folie pas du tout
des regards passionnés
des caresses dans le cou
des airs complices
des inspirations
des espoirs
des oublis
l’amour est insaisissable
épris de liberté
quand on l’attrape
il nous file entre les doigts
soyeux comme un voile de sable

mardi 18 mai 2021

samedi 8 mai 2021

Pensées #24


Nous embrassons nos fleurs

dans un tintement de plumes



Peut-être

Sur les eaux endormies
du fleuve noir laqué
un patrouilleur glisse
veillant les profondeurs
pendant que des sentinelles
figées par un anniversaire indésirable
fondent en chandelles vacillantes

De sous le marbre
remontent des chants vénéneux
à en faire saigner les tympans
percés par les stridulations nocturnes
seule l’odeur âcre des berges
parvient à soutenir le regard de cet orgueilleux inquisiteur
tant que l’ombre mentira
les remous agiteront les ténèbres
jusqu’aux aurores
alors la vérité illuminera les silhouettes penchées sur des questions auxquelles il serait peut-être préférable de ne pas répondre
l’air sera plus léger
les feuillages vernis applaudiront
les ailes salueront les vagues
les brumes caresseront les horizons
mues par des envolées cardinales
et les bien pensants regagneront les marécages
laissant le champ libre aux voix
dont les échos résonneront
avec l’ampleur d’un gong

Peut-être alors d’autres pétales écloront
des gazouillis dans les regards
peut-être alors des sentiments en retard
retrouveront l’itinéraire bis
tant de fois emprunté
alors peut-être le son jaillira
de l’embouchure à la source
rappel des épisodes précédents
sans redondances
sans rebrousse moelle
du bon du neuf du mieux
à l’aventure des ossatures
souples à en rebondir en airs de flûtes
jusqu’à célébrer la crevaison des injonctions martiales
petit doigt sur le surplis du manteau
miquettes en bernes et oriflammes au garde à vous
écrasés par les éclats de rire de la foule
enfin débarrassée de ces pavoisons obscènes
s’assemblant et s’éparpillant
joyeusement
comme on respire

Alors peut-être
peut-être alors
alors peut-être
peut-être encore
qui sait si nous
qui est si fort
qui est ce nous
qui sonne encore
alors peut-être
peut-être alors
alors peut-être
peut-être encore
les eaux s’éveilleront dans un reflet prometteur
sans surveillance
conversation sincère
coudées franches
alors peut-être
peut-être alors
alors peut-être
peut-être encore
qui est ce nous
qui sonne encore
les palabres cesseront
pour laisser place au chant des racines
nous nous entrelacerons
en volutes délicieuses
sans fil à retordre
rien que nous
à la dérive de nos vies
à l’écoute de nos cœurs
alors peut-être
peut-être encore
encore ce nous
qui sonne si fort
aimanté par les résonnances de nos ligaments
croisés sur des chemins inespérés
alors peut-être
peut-être alors
alors peut-être
un coup du sort
sorti de nulle part
dans l’air frais du soir
sonnera comme un cor
l’appel du retour
dans un vol de corbeaux
multicolores