Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

lundi 30 septembre 2019

Plonger dans la grande vague

Lorsque l’horizon n’est pas loin
lorsque cette ligne semble si proche
l’observateur pourrait être assuré de l’atteindre
il suffirait d’un pas
il suffirait de franchir la limite
il suffirait d’embarquer sans peur
mais les doigts crochus de l’inquiétude
se dressent avides telles des mâchoires
prêtes à tout avaler sur leur passage
ce pourrait être une gifle qui s’abat
ce pourrait être simplement
un coup de marteau sur une enclume
mais ce sont les éléments déchainés
auxquels osent se frotter les inconscients
seuls les esprits aventureux peuvent rivaliser avec la nature
hélas certains n’en reviennent pas




mardi 24 septembre 2019

Le vide sait

Le vide c’est
cette étrange absence
un pont entre le clair et l’obscur
un retour en arrière
ce passé si plein
quelqu’un était là à l’instant
dos appuyé sur les barreaux de bois
vous l’avez vu n’est-ce pas

Le vide est une pause
une attente
qui passe de l’ombre à la lumière
cet avenir froissé
l’incertitude de ce qui va advenir
qui sait ce qui va se passer

Le vide est une brèche
une ouverture dans des oppositions
qui déchirent un instant nébuleux
où des courbes pourraient mener de l’avant à l’après

Le vide est un silence pesant
un doute sans fond
semblant appeler à rire
pour briser les frontières
à coups d’échos

Le vide est une bouteille à la mer
dont le message reste sans réponse
l’expéditeur attend
supportant une petite musique mièvre
une information en boucle
on s’occupera bientôt de vous
on s’occupera bientôt de vous

Mais l’attente s’éternise
l’impatient reste sur la plage
bras ballants
espérant de toutes ses forces
colle ses oreilles aux vagues
à s’en briser les tympans
les flots lui chuchotent des phrases incompréhensibles
qui ne lui sont pas destinées

L’écume des nuits est plus douce que celle des jours

Les fonds sont bien plus lumineux qu’on ne le pense

Il y a toujours de la vie même dans les plus petits creux

Au loin le vent siffle
l’impatient longe la plage
continue de hurler contre les déferlantes
tombe nez à nez avec sa bouteille sans message
qui lui répond un chant vide
creux comme un jour sans plein

mardi 17 septembre 2019

Solidarité et automobile

N’est-ce pas incroyable toute cette mécanique bourrée de technologie qui nous transporte sans rechigner pendant des années et qui part en fumée dans un rugissement de moteur désespéré ? Je dis ça parce qu’hier soir, ma voiture m’a offert un grand spectacle digne des meilleures prestations pyrotechniques, au point de laisser penser aux habitants du quartier qu’un grand incendie venait de se déclarer ! Mais plus impressionnant que dramatique, cet épisode, où il n’y avait que de la fumée sans feu, a ouvert une sorte de faille spatio-temporelle dans mon emploi du temps et laissé la place à des rencontres imprévues.

Lorsqu’on tourne la clé dans le contact on n’a pas conscience que c’est peut-être la dernière fois. Combien de fois démarre-t-on ce fabuleux résultat d’une grande ingéniosité, cet aboutissement de longues études, de tests de prototypes, ce produit issu d’une industrie pharaonique ? Les nombreux ouvriers, techniciennes et autres ingénieurs qui dépendent du secteur réalisent-ils à quel point notre quotidien est entre leurs mains ? Du jour au lendemain, on se retrouve à pied, et s’enclenche un processus plein de rebondissements : annulation de rendez-vous, suivi de l’affaire avec l’assurance, échanges avec le dépanneur qui prend en charge le véhicule, etc.

Heureusement, un ami arrive ! Sans lui, point de salut. Cet ange-gardien vous épaule, et surtout vous véhicule le temps de régler cette affaire qui devient prioritaire et remise les autres activités en cours au rang de lointains souvenirs. Un bonheur n’arrivant jamais seul, une amie répond présente, immédiatement elle aussi, et vous prête sa voiture quelques jours, en attendant de trouver une solution à cet épineux problème. Que demander de plus ? Une nouvelle voiture ?

Le garage qui prend en charge la voiture moribonde et l’assurance préconisent le même cap : la casse. Il est vrai que le coup de théâtre du bolide laisse penser que la situation est désespérée ! Donc, la suite logique s’impose : vider le véhicule de tous ces petits trésors accumulés au fil des kilomètres, laisser la poussière sur les tapis et le réservoir quasi plein, puis déposer les clés et la carte grise à l’accueil avec un léger sentiment d’injustice et de gâchis. Le garage est sympa, il propose des occasions mais « Vu votre situation, nous ne pouvons pas envisager de prime à la casse et encore moins de prime à la conversion ». Je vous épargne le prix des occasions proposées, sans aucune cohérence avec la situation, le vendeur ne mesure évidemment pas que vous venez de perdre une voiture, de l’argent et que vous allez devoir faire face à une grosse dépense imprévue. On est toujours un peu mesquin dans ces cas-là, non ? Mais ne perdons pas de temps, allons au plus simple, cherchons un véhicule de remplacement.

Je vous la fait courte : mon garagiste habituel est un type malin et généreux. Alors que je lui rends visite pour voir s’il n’aurait pas une petite occasion pas chère, il me demande pourquoi j’envoie ma voiture à la casse alors qu’il sait où me trouver un moteur de rechange ! Vive le recyclage ! Je retrouverai donc mon fidèle destrier pour une seconde vie la semaine prochaine et, en attendant, l’enchainement heureux se poursuit avec un autre ami qui transmet l’info à une autre amie qui va me prêter sa voiture jusqu’à ce que je retrouve la mienne. Elle est pas belle la vie ?

Au début, la situation pouvait paraître tragique, on aurait pu se laisser emporter par l’émotion, mais quand on a une bonne étoile, on ne se refait pas, on attend la fin de l’averse en philosophant joyeusement : allons, ça pourrait être pire ! Et au moment où cette pensée vous traverse, vous croisez une amie en voiture qui vous interpelle en disant : « Hé, salut ! Comment tu vas ? Ça faisait longtemps ! Oups, excuse-moi, je remets ma perruque… », conclut-elle, en dissimulant coquettement une jolie boule à Z. Et de raconter comment se passe le traitement, la réorganisation du quotidien et les réactions de l’entourage. Je suis content de la revoir en forme et comme je lui raconte mes déboires automobiles, en précisant que je préfère ça qu’une patte cassée, elle me propose de me servir de taxi puisqu’elle est dispo en ce moment, et ajoute dans un éclat de rire : « Ça vaut mieux qu’une bonne chimio ! »

Que tous ceux qui ont gentiment proposé d’autres solutions que celles exposées ici, ou simplement été présent, ainsi que ceux qui se reconnaissent dans cette histoire, soient copieusement remerciés. Votre humanité est un trésor inestimable. Que la vie vous gâte chers amis !

mardi 10 septembre 2019

Nofrustration

Vous vous souvenez de vos premières tétées vous ? L’autre jour à la radio, le célèbre psychosophe nutritionniste Michel Gradounov, expliquait que nos frustrations commencent au moment où nous tétons le sein de notre mère. Voici une synthèse des propos de ce spécialiste.

Pour ceux qui ne se souviennent pas, imaginez cette crampe au ventre qui vous tenaille. Vous ne savez pas encore ce qu’est un ventre, ni une tenaille, mais vous ressentez un vide immense qui vous creuse la vie. Vous braillez autant que vous pouvez, puisque vous ne savez pas encore demander poliment qu’on vous serve à manger – d’ailleurs, vous ne savez pas ce qu’est manger, ni demander poliment. Puis, après un temps qui vous semble interminable, bien que n’ayant pour le moment qu’une notion assez relative du temps, une odeur familière vous alerte, soudain un sein s’approche de votre bouche et vous le gobez goulument. S’ensuit une vague de bien-être indescriptible. La douceur pleine et entière qui vous submerge s’écoule dans votre bouche, caresse votre gorge et vient remplir votre petit estomac et le rassasier alors que vous ne l’espériez plus.

Pour ceux qui ne se souviennent pas, allez demander à votre maman si elle vous a allaité et combien de temps. Certes, c’est délicat pour certains, comme demander son âge à une femme ou discuter sexualité avec votre grand-père, mais essayez quand même de vous renseigner. C’est important. Nos frustrations prennent parfois source dans cette offrande qui nous est faite au cours de notre plus tendre enfance. Ainsi, selon la durée d’attente, la fréquence des tétées et la qualité du lait maternelle, le nourrisson pourrait développer des pathologies plus ou moins graves. Il semblerait par exemple que les dirigeants qui ont été mal allaités soient plus enclins à la mauvaise foi, à la lutte armée et à tenir des propos stupides sans vergogne. Que ces malotrus n’aillent pas pour autant rejeter la faute sur leur mère, ils finiront bien par payer pour leurs crimes !

Quoi qu’il en soit, pour ceux qui ne se souviennent pas, imaginez cette plénitude que vous ressentiez lorsque vous étiez allaité, ou qu’un biberon venait vous sortir de ce puits sans fond dans lequel vous chutiez. Essayez de vous souvenir de toutes ces fois où vous avez été satisfait, de toutes ces réussites qui vous ont comblé, de ces moments où vous avez reçu ce que vous attendiez, ces petites et grandes joies qui ont jalonné votre vie. Faites-en un manteau et portez-le fièrement ! Sortez avec, surtout si un vent glacial de désolation souffle dehors. Coiffez votre plus rayonnante casquette et allez sans peur affronter les éléments ! Il y a fort à parier que vous rencontrerez d’autres énergumènes portant le même vêtement et avec qui vous pourrez vivre des histoires passionnantes.

J’ai bien aimé les mots du psy à la radio qui disait pour conclure : « La tétée est à la frustration ce que l’aventure est au doute. Celui qui bouge, explore et se transforme au contact des autres, sait toujours à quel sein se vouer » ! Vous vous souvenez de vos premières aventures vous ?