Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mardi 10 septembre 2019

Nofrustration

Vous vous souvenez de vos premières tétées vous ? L’autre jour à la radio, le célèbre psychosophe nutritionniste Michel Gradounov, expliquait que nos frustrations commencent au moment où nous tétons le sein de notre mère. Voici une synthèse des propos de ce spécialiste.

Pour ceux qui ne se souviennent pas, imaginez cette crampe au ventre qui vous tenaille. Vous ne savez pas encore ce qu’est un ventre, ni une tenaille, mais vous ressentez un vide immense qui vous creuse la vie. Vous braillez autant que vous pouvez, puisque vous ne savez pas encore demander poliment qu’on vous serve à manger – d’ailleurs, vous ne savez pas ce qu’est manger, ni demander poliment. Puis, après un temps qui vous semble interminable, bien que n’ayant pour le moment qu’une notion assez relative du temps, une odeur familière vous alerte, soudain un sein s’approche de votre bouche et vous le gobez goulument. S’ensuit une vague de bien-être indescriptible. La douceur pleine et entière qui vous submerge s’écoule dans votre bouche, caresse votre gorge et vient remplir votre petit estomac et le rassasier alors que vous ne l’espériez plus.

Pour ceux qui ne se souviennent pas, allez demander à votre maman si elle vous a allaité et combien de temps. Certes, c’est délicat pour certains, comme demander son âge à une femme ou discuter sexualité avec votre grand-père, mais essayez quand même de vous renseigner. C’est important. Nos frustrations prennent parfois source dans cette offrande qui nous est faite au cours de notre plus tendre enfance. Ainsi, selon la durée d’attente, la fréquence des tétées et la qualité du lait maternelle, le nourrisson pourrait développer des pathologies plus ou moins graves. Il semblerait par exemple que les dirigeants qui ont été mal allaités soient plus enclins à la mauvaise foi, à la lutte armée et à tenir des propos stupides sans vergogne. Que ces malotrus n’aillent pas pour autant rejeter la faute sur leur mère, ils finiront bien par payer pour leurs crimes !

Quoi qu’il en soit, pour ceux qui ne se souviennent pas, imaginez cette plénitude que vous ressentiez lorsque vous étiez allaité, ou qu’un biberon venait vous sortir de ce puits sans fond dans lequel vous chutiez. Essayez de vous souvenir de toutes ces fois où vous avez été satisfait, de toutes ces réussites qui vous ont comblé, de ces moments où vous avez reçu ce que vous attendiez, ces petites et grandes joies qui ont jalonné votre vie. Faites-en un manteau et portez-le fièrement ! Sortez avec, surtout si un vent glacial de désolation souffle dehors. Coiffez votre plus rayonnante casquette et allez sans peur affronter les éléments ! Il y a fort à parier que vous rencontrerez d’autres énergumènes portant le même vêtement et avec qui vous pourrez vivre des histoires passionnantes.

J’ai bien aimé les mots du psy à la radio qui disait pour conclure : « La tétée est à la frustration ce que l’aventure est au doute. Celui qui bouge, explore et se transforme au contact des autres, sait toujours à quel sein se vouer » ! Vous vous souvenez de vos premières aventures vous ?