Vous vous souvenez de vos
premières tétées vous ? L’autre jour à la radio, le célèbre psychosophe
nutritionniste Michel Gradounov, expliquait que nos frustrations commencent au
moment où nous tétons le sein de notre mère. Voici une synthèse des propos de
ce spécialiste.
Pour ceux qui ne se souviennent
pas, imaginez cette crampe au ventre qui vous tenaille. Vous ne savez pas
encore ce qu’est un ventre, ni une tenaille, mais vous ressentez un vide
immense qui vous creuse la vie. Vous braillez autant que vous pouvez, puisque
vous ne savez pas encore demander poliment qu’on vous serve à manger – d’ailleurs,
vous ne savez pas ce qu’est manger, ni demander poliment. Puis, après un temps
qui vous semble interminable, bien que n’ayant pour le moment qu’une notion
assez relative du temps, une odeur familière vous alerte, soudain un sein
s’approche de votre bouche et vous le gobez goulument. S’ensuit une vague de
bien-être indescriptible. La douceur pleine et entière qui vous submerge
s’écoule dans votre bouche, caresse votre gorge et vient remplir votre petit
estomac et le rassasier alors que vous ne l’espériez plus.
Pour ceux qui ne se souviennent
pas, allez demander à votre maman si elle vous a allaité et combien de temps. Certes,
c’est délicat pour certains, comme demander son âge à une femme ou discuter
sexualité avec votre grand-père, mais essayez quand même de vous renseigner. C’est
important. Nos frustrations prennent parfois source dans cette offrande qui
nous est faite au cours de notre plus tendre enfance. Ainsi, selon la durée
d’attente, la fréquence des tétées et la qualité du lait maternelle, le
nourrisson pourrait développer des pathologies plus ou moins graves. Il
semblerait par exemple que les dirigeants qui ont été mal allaités soient plus
enclins à la mauvaise foi, à la lutte armée et à tenir des propos stupides sans
vergogne. Que ces malotrus n’aillent pas pour autant rejeter la faute sur leur
mère, ils finiront bien par payer pour leurs crimes !
Quoi qu’il en soit, pour ceux qui
ne se souviennent pas, imaginez cette plénitude que vous ressentiez lorsque
vous étiez allaité, ou qu’un biberon venait vous sortir de ce puits sans fond
dans lequel vous chutiez. Essayez de vous souvenir de toutes ces fois où vous
avez été satisfait, de toutes ces réussites qui vous ont comblé, de ces moments
où vous avez reçu ce que vous attendiez, ces petites et grandes joies qui ont
jalonné votre vie. Faites-en un manteau et portez-le fièrement ! Sortez
avec, surtout si un vent glacial de désolation souffle dehors. Coiffez votre
plus rayonnante casquette et allez sans peur affronter les éléments ! Il y
a fort à parier que vous rencontrerez d’autres énergumènes portant le même
vêtement et avec qui vous pourrez vivre des histoires passionnantes.
J’ai bien aimé les mots du psy à
la radio qui disait pour conclure : « La tétée est à la
frustration ce que l’aventure est au doute. Celui qui bouge, explore et se
transforme au contact des autres, sait toujours à quel sein se
vouer » ! Vous vous souvenez de vos premières aventures vous ?