Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

lundi 27 juin 2022

Divagations

Tes doigts égrènent le chapelet des nuages

Les trilles des martinets fouettent tes présages

L'avenir déclare illégaux les doigts de pieds en éventail

Seuls les gais pieds pourront continuer de jouer de la flûte

Sans se soucier du qu'en dira-t-on 


Qu'importe d'atteindre son but

Seul le chemin compte n'est ce pas

À petits pas

À pas comptés

Tu n'avances pas

Vers de meilleurs horizons

Le tien est bouché 

La routine t'embourbe 

Telle une sangsue

Sa succion t'aspire 

Sans te demander ton avis

Les autres te regardent avec insistance 

Comme si t'avais un nez de travers 

Pas de quoi s'énerver 

Tu crois que tu as perdu ta colère 

Seuls quelques remords demeurent

Juste pour te rappeler l'inutilité de la perfection

Et après 

Où va-t-on 

Confort 

Épanouissement 

Récolte 

Si tu t'attardais à chaque détail

Deviendrais-tu peintre en bâtiment 

Certainement pas

Le monde est trop vaste pour cela 


La forêt n'a besoin de personne pour endosser son costume de stridulations infernales 


La ville hurle sans que personne ne l'écoute pour le plaisir des passants 


Les voisins se taisent de peur que quelqu'un ne répète leurs divagations


Et toi tu écoutes dans le silence

Les cacophonies des échos en rebonds

Les absences sans fin

Les tentations inavouables 

Les insomnies réminiscentes 

Le bruit des ongles qui poussent

Jusqu'au prochain rivage




lundi 20 juin 2022

Les scories du corps

En m’ébrouant, je souhaite laisser derrière moi ces petites peaux mortes

des petits mots derrière la porte

n’oublie pas le pain

tu m’as manqué

jeudi 23 dentiste 18h15

et toutes ces choses qu’on n’emmène pas avec soi


Je secoue les scories du corps

je disperse les stories des torts

à tort et à travers

je déshabille ma vie à l’envers

à la trappe les remords

au pilori les regrets

rien de mieux que de vider son sac

quand on veut voyager léger


Les pardons ?

oubliés

les excuses ?

aux quatre vents

qui se soucie de ces petits boulets ?

à moins d’avoir un vrai squelette sous le tapis

pas de quoi faire un histoire

d’un patchwork de doutes

et de promesses mal remplies


Alors je sème mes rêves inassouvis

et mes idéaux aux rabais

je laisse mes pieds nus mener la danse

eux seuls vont de l’avant

sans radoter

ne laissant derrière eux

qu’un peu de poussière

vite balayée

après s’être ébroués


Tels des navires fendant les eaux

mes orteils trépignent en petites foulées

tandis que mon cœur espère

laisser un courant d’air




samedi 18 juin 2022

Je vais cesser

Je vais cesser d’écrire, je vais poser ma mine, je vais faire triste – mine – je vais faire table – rase – raser les murs de mon inspiration si foisonnante, la laisser reposer en paix, je vais cesser de l’agiter dans la thermodynamique des atomes en fission fusionnelle avant de sombrer dans l’hystérie, je vais cesser de murmurer des rimes silencieuses, je vais cesser de ramer à contre-courant, je vais rentrer dans le rang, si si, vraiment, pas dans les ordres évidemment, et pas au pas non plus, faut pas exagérer, je ne vais pas renoncer à mon objection pour autant tant elle me tend vers un but qui m’attend depuis longtemps, je vais cesser de tergiverser, je vais cesser de parler, je vais cesser de babiller du bout de mes lèvres gercées, je vais cesser de cesser sans cesse au gré de mon stress, après tout, j’ai bien le temps, non ? je vais cesser de tourner autour du pot, je vais cesser de rempoter mes lanternes, je vais cesser de suivre des lumières chimériques vendeuses de rêves homériques sans trêves, je vais cesser de dire que je cesse alors que je continue, je vais cesser cette litanie si lente qui se lit du début à l’hallali, je vais cesser de traquer le cerf, je vais cesser de faire feu de tout bois, je vais cesser de m’enflammer pour allumer des poudres d’escampette, je vais cesser ces jeux insensés, je vais cesser sans ciller sans soucis et avancer sans semelles sur des sentiers sinueux censés semer des sensations simiesques sans peur et sans reproches, je vais cesser

les mains dans les poches

mes mots sous la roche.


 

Clin d’œil à Florentine Rey et Dorothée Volut ;-)


mercredi 8 juin 2022

Connexion

Clic clic clic

Clicclicclic

Clicclicclicclicclicclic

Rhaaaaa ! C’est pas vrai !

20 fois en 3 jours que cette connexion décroche !

Marre de cette informatique à la manque !

Au prix qu’on paye, on pourrait avoir droit à un service de qualité, non ?


Bon.


Zen.


J’éteins la box

Je la rallume

Je redémarre la bécane


Je regarde passer un goéland

Et je le vois tomber dans le fleuve

Le courant est épais comme de la purée aujourd’hui

Il me lance des regards de détresse

J’enfile ma bouée canard

Puis, n’écoutant que mon courage

Je saute dans cette mélasse pour le sauver

Le goéland s’enfonce inexorablement


Bientôt je ne vois plus que le bout de son bec et de ses ailes dépasser

Je nage aussi vite que je peux

Je l’attrape in extremis par un bout de plume


Retour à la berge


Accueil en héros par un héron, une bergeronnette et un castor

Demain le sauvetage fera la une de la gazette locale !

En attendant, je fais du bouche à bec, et l’oiseau recrache de la purée avant de reprendre ses esprits :

« Oh ! Merci humain, tu m’as sauvé la vie. J’ai le pouvoir d’exaucer un de tes vœux. Que souhaites-tu ? »

« Une connexion fiable, s’il te plaît. »

Aussitôt je me retrouve câblé !

Physiquement je veux dire.

Des tentacules me poussent que je peux brancher où je veux quand je veux.

C’est bigrement pratique !

Envie de transmettre une info, un dossier ? Clic clac, je me branche sur le secteur et j’envoie.

Finies les contrariétés informatiques !

Finies les heures perdues !

Finies le temps passé devant l’écran sans bouger !

J’ai même l’option fibre végétale : il me suffit de me brancher sur un arbre ou une plante quelconque pour profiter du réseau chlorophylle. Je vais donc installer mon bureau n’importe où et travailler en balade. Tiens ! Qu’est-ce que c’est que cette sonnerie ? Ah… le téléphone. Je l’avais oublié celui-là.


« Bonjour monsieur. Vous avez demandé à être rappelé pour un problème de connexion ? »

« Heu… oui... »


Quelque chose attire mon regard pendant que j’écoute d’une oreille distraite : un goéland sort du fleuve, un poisson dans le bec. Il l’avale en s’envolant et me fait un clin d’œil en partant.

Mon regard retourne à mon écran ; la connexion est rétablie apparemment.