Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mercredi 26 août 2020

Que jamais ne cesse

Démarrage
un pied
l’autre
tendons tendus
pensif

Les membres s’allongent
masse en mouvement
automate
balancier

Debout tu marches
assis tu crèves
couché t’es mort

L’allure prend de l’amplitude
l’ampleur s’assouplit
les muscles s’élancent
le corps en équilibre
debout tu avances
assis tu t’ennuies
couché tu dors

Tu t’es réveillé à la naissance avec une de ces envies de marcher
depuis tu marches
si t’avais des sabots tu galoperais
si t’avais des roues tu pavanerais sur les Champs-Élysées
si t’avais des ailes etc.
mais t’as des pieds
alors
debout tu marches
assis tu bosses
couché tu comptes
des étoiles plein les yeux

Entre deux pas
tes hanches ondulent
sur cinq cordillères
d’une croche noire
à une crête blanche
tes pieds foulent les touches de sentiers lumineux
la poussière et le sable caressent tes plantes
tes branches s’élancent vers les cieux

Parfois quand même
t’as des briques dans le ventre
ça pèse toujours les injustices la honte et le cynisme de tous ces insatiables diviseurs esclavagistes comment peuvent-ils encore se regarder dans la glace

Toi jamais ne te lasse
de passer tes doigts
dans des nuages à franges
couché dans des lits d’anges
ou sur des bancs arc-en-ciel
tu rencontres des femmes debouts
dont les voix t’enchantent
d’autres assises
qui savourent un repos rare
près d’enfants couchés
peut-être est-il trop tard

Des pieds dansent
sous le tilleul
les guiboles en accordéon dans la poussière
sautillent sur les cordes d’un violoncelle
ton cœur est en fête
dans ses volutes de fin d’été
entre ses bras
tes pas s’allongent
tu pourrais trainer là longtemps
assis debout couché
sans briques sur l’estomac
sans lendemain
ni hier
que du maintenant
dans la sueur d’autres danseurs
les parfums d’autres danseuses
insouciants insouciantes
dans l’air
des sourires accrochés aux lampions
dansants dansantes
avant d’aller se coucher
un ballet en marche
un pas
l’autre
tendons tendus
attentifs
les silhouettes se croisent
corps suspendus

Si seulement t’avais une catapulte
t’enverrais tes tas de briques
sur les destructeurs de tous bords
violeurs en tous genres
briseurs de vies
casseurs de rêves
pour les ensevelir sous tes monceaux d’écœurements

Et que jamais ne cesse
la valse des cœurs chauds


vendredi 7 août 2020

Ne rien ferai

Aujourd’hui
j’ai réussi à ne rien ferai
demain j’ai plongé dans la sieste
c’est délicieux
je bouquinerai d’abord
rien de sérieux
une sorte de promenade digestive
j’aurais compris si
avant je n’ai rien promis
un temps
soit peu
grand-chose
à n’y pas compter
un espace restreint
une attente si
du peu pour beaucoup
un passé recomposé
en un clin d’œil
une récolte passagère
ma pêche miraculeuse
j’irai à mon pas
personne n’y croire
je pense que je revécu cet instant
à chaque

dimanche 2 août 2020

Le baiser du poulpe

Qui es-tu pour me caresser de si près
qui es-tu pour m’inciter à réinventer
depuis quand as-tu
sur moi jeté ton dévolu
que cherches-tu
la tendresse tu l’as
l’attention tu l’as
que t’offrir encore

Qui suis-je pour t’effleurer sans cesse
qui suis-je pour te détourner de ta routine
la roue tourne
j’ai gouté ta peau
tu as senti la mienne
que m’offres-tu encore

De nouvelles dimensions
tu me guides
passerelle
tes arbres porteront leurs fruits
va-t’en semer d’autres graines

Je lis tes souvenirs de poulpe
ton histoire m’en apprend autant sur la mienne
ma peau se couvre de ventouses
je cours le monde du bout des tentacules
de leurs gestes langoureux
mes bras feuillètent tes pages
irrésistiblement je m’approche
me laissant enlacer

Les jardins peuvent attendre
rien ne peut les atteindre
les fleurs fanes
d’autres viennent
les nuages passent
les oiseaux ne s’en soucient guère
les graines qu’ils mangent
comptent autant que celles qu’ils laissent
les unes les font décoller
les autres s’enterrent
un jour leur tige perce la surface
un parfum s’en échappe
sans laisser de trace
un souvenir fugace

Qui peut prétendre être inoubliable
le poulpe aux huit mémoires
se rappelle-t-il de son premier oursin
et l’ardéchois de sa première châtaigne
les corps portent les cicatrices de leurs piqures
le cœur garde ses déchirures
ça n’empêche pas les jardins de pousser
tant que des larmes les arrosent
des bouquets s’épanouissent
leurs pétales racontent
à qui veut les entendre
des boniments
pour faire patienter les papillons
toujours prêts à voleter d’un nectar à l’autre
mais personne ne s’y trompe
la dernière goutte du plus doux des miels
s’évapore un jour

Poulpe tu me happes
je plonge dans ta mémoire
poisson clown dans une anémone
je récolte des miettes de conversation
sous ton œil pulpeux
tes âges palpitent
agités de courants pleins de vies
je les écoute toutes
connecté à tes ventouses de poulpe qui se livre
je nage dans tes songes
je surfe sur tes plages

Où brasses-tu poulpe
vers la lumière des eaux superficielles
vers des questions sans fonds
vers des courants tortueux

Emmène-moi poulpe
qu’importe où
vers des rencontres fortuites
faites de boucles
de spirales
d’accélérations dans les loops de ton grand huit
tes bras solides et souples
pattes manches et ailes à la fois
tu signes à chaque atterrissage une empreinte d’étoile