Qui es-tu pour me caresser de si près
qui es-tu pour m’inciter à réinventer
depuis quand as-tu
sur moi jeté ton dévolu
que cherches-tu
la tendresse tu l’as
l’attention tu l’as
que t’offrir encore
Qui suis-je pour t’effleurer sans cesse
qui suis-je pour te détourner de ta routine
la roue tourne
j’ai gouté ta peau
tu as senti la mienne
que m’offres-tu encore
De nouvelles dimensions
tu me guides
passerelle
tes arbres porteront leurs fruits
va-t’en semer d’autres graines
Je lis tes souvenirs de poulpe
ton histoire m’en apprend autant sur la mienne
ma peau se couvre de ventouses
je cours le monde du bout des tentacules
de leurs gestes langoureux
mes bras feuillètent tes pages
irrésistiblement je m’approche
me laissant enlacer
Les jardins peuvent attendre
rien ne peut les atteindre
les fleurs fanes
d’autres viennent
les nuages passent
les oiseaux ne s’en soucient guère
les graines qu’ils mangent
comptent autant que celles qu’ils laissent
les unes les font décoller
les autres s’enterrent
un jour leur tige perce la surface
un parfum s’en échappe
sans laisser de trace
un souvenir fugace
Qui peut prétendre être inoubliable
le poulpe aux huit mémoires
se rappelle-t-il de son premier oursin
et l’ardéchois de sa première châtaigne
les corps portent les cicatrices de leurs piqures
le cœur garde ses déchirures
ça n’empêche pas les jardins de pousser
tant que des larmes les arrosent
des bouquets s’épanouissent
leurs pétales racontent
à qui veut les entendre
des boniments
pour faire patienter les papillons
toujours prêts à voleter d’un nectar à l’autre
mais personne ne s’y trompe
la dernière goutte du plus doux des miels
s’évapore un jour
Poulpe tu me happes
je plonge dans ta mémoire
poisson clown dans une anémone
je récolte des miettes de conversation
sous ton œil pulpeux
tes âges palpitent
agités de courants pleins de vies
je les écoute toutes
connecté à tes ventouses de poulpe qui se livre
je nage dans tes songes
je surfe sur tes plages
Où brasses-tu poulpe
vers la lumière des eaux superficielles
vers des questions sans fonds
vers des courants tortueux
Emmène-moi poulpe
qu’importe où
vers des rencontres fortuites
faites de boucles
de spirales
d’accélérations dans les loops de ton grand huit
tes bras solides et souples
pattes manches et ailes à la fois
tu signes à chaque atterrissage une empreinte d’étoile