Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mardi 17 septembre 2019

Solidarité et automobile

N’est-ce pas incroyable toute cette mécanique bourrée de technologie qui nous transporte sans rechigner pendant des années et qui part en fumée dans un rugissement de moteur désespéré ? Je dis ça parce qu’hier soir, ma voiture m’a offert un grand spectacle digne des meilleures prestations pyrotechniques, au point de laisser penser aux habitants du quartier qu’un grand incendie venait de se déclarer ! Mais plus impressionnant que dramatique, cet épisode, où il n’y avait que de la fumée sans feu, a ouvert une sorte de faille spatio-temporelle dans mon emploi du temps et laissé la place à des rencontres imprévues.

Lorsqu’on tourne la clé dans le contact on n’a pas conscience que c’est peut-être la dernière fois. Combien de fois démarre-t-on ce fabuleux résultat d’une grande ingéniosité, cet aboutissement de longues études, de tests de prototypes, ce produit issu d’une industrie pharaonique ? Les nombreux ouvriers, techniciennes et autres ingénieurs qui dépendent du secteur réalisent-ils à quel point notre quotidien est entre leurs mains ? Du jour au lendemain, on se retrouve à pied, et s’enclenche un processus plein de rebondissements : annulation de rendez-vous, suivi de l’affaire avec l’assurance, échanges avec le dépanneur qui prend en charge le véhicule, etc.

Heureusement, un ami arrive ! Sans lui, point de salut. Cet ange-gardien vous épaule, et surtout vous véhicule le temps de régler cette affaire qui devient prioritaire et remise les autres activités en cours au rang de lointains souvenirs. Un bonheur n’arrivant jamais seul, une amie répond présente, immédiatement elle aussi, et vous prête sa voiture quelques jours, en attendant de trouver une solution à cet épineux problème. Que demander de plus ? Une nouvelle voiture ?

Le garage qui prend en charge la voiture moribonde et l’assurance préconisent le même cap : la casse. Il est vrai que le coup de théâtre du bolide laisse penser que la situation est désespérée ! Donc, la suite logique s’impose : vider le véhicule de tous ces petits trésors accumulés au fil des kilomètres, laisser la poussière sur les tapis et le réservoir quasi plein, puis déposer les clés et la carte grise à l’accueil avec un léger sentiment d’injustice et de gâchis. Le garage est sympa, il propose des occasions mais « Vu votre situation, nous ne pouvons pas envisager de prime à la casse et encore moins de prime à la conversion ». Je vous épargne le prix des occasions proposées, sans aucune cohérence avec la situation, le vendeur ne mesure évidemment pas que vous venez de perdre une voiture, de l’argent et que vous allez devoir faire face à une grosse dépense imprévue. On est toujours un peu mesquin dans ces cas-là, non ? Mais ne perdons pas de temps, allons au plus simple, cherchons un véhicule de remplacement.

Je vous la fait courte : mon garagiste habituel est un type malin et généreux. Alors que je lui rends visite pour voir s’il n’aurait pas une petite occasion pas chère, il me demande pourquoi j’envoie ma voiture à la casse alors qu’il sait où me trouver un moteur de rechange ! Vive le recyclage ! Je retrouverai donc mon fidèle destrier pour une seconde vie la semaine prochaine et, en attendant, l’enchainement heureux se poursuit avec un autre ami qui transmet l’info à une autre amie qui va me prêter sa voiture jusqu’à ce que je retrouve la mienne. Elle est pas belle la vie ?

Au début, la situation pouvait paraître tragique, on aurait pu se laisser emporter par l’émotion, mais quand on a une bonne étoile, on ne se refait pas, on attend la fin de l’averse en philosophant joyeusement : allons, ça pourrait être pire ! Et au moment où cette pensée vous traverse, vous croisez une amie en voiture qui vous interpelle en disant : « Hé, salut ! Comment tu vas ? Ça faisait longtemps ! Oups, excuse-moi, je remets ma perruque… », conclut-elle, en dissimulant coquettement une jolie boule à Z. Et de raconter comment se passe le traitement, la réorganisation du quotidien et les réactions de l’entourage. Je suis content de la revoir en forme et comme je lui raconte mes déboires automobiles, en précisant que je préfère ça qu’une patte cassée, elle me propose de me servir de taxi puisqu’elle est dispo en ce moment, et ajoute dans un éclat de rire : « Ça vaut mieux qu’une bonne chimio ! »

Que tous ceux qui ont gentiment proposé d’autres solutions que celles exposées ici, ou simplement été présent, ainsi que ceux qui se reconnaissent dans cette histoire, soient copieusement remerciés. Votre humanité est un trésor inestimable. Que la vie vous gâte chers amis !