Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

vendredi 3 avril 2020

Tu ne sortiras point

Quand ils t’ont enfermé
tu as pensé qu’il y avait erreur
tu leur as dit que tu étais innocent
et les murs te l’ont répété
l’injustice t’a poignardé dans le dos
mais sachant que d’autres subissaient le même sort
et que certains étaient carrément mis à mort
tu as décidé de rester digne
oublié l’évasion
organisé l’incarcération
la feuille de route était tracée
tu tiendrais le temps que la sanction soit levée
d’autres ont bien été embastillés
ça ira ça ira ça ira

Tous dans le même cachot
chacun le sien
chacun chez soi
des millions de cellules sans contact
le corps dispersé
la fission solitaire
sensation similaire à cette première fois où tu vois une tombe se refermer
tu graves les jours sur la paroi du mitard
ne sachant pas quand tu pourras de nouveau sortir

embrasser ceux que tu aimes
oh bien sûr la cage est dorée
mieux que la santé
repas maison
promenade auto-autorisée
connexions téléphoniques électroniques énergétiques spirituelliques mais plus rien de physique
ta tête te répète d’arrêter de râler
alors tu te tais
tu t’élèves
change de point de vue ou crève
tu résilies résilies résilies
tu bailles
tu te laisses endormir
espérant que tu te réveilleras
content de constater que ce n’était qu’un cauchemar
mais tu n’as pas rêvé
la fiction est bien réelle
on t’a rogné les ailes
tu peux faire le beau du haut de ton pigeonnier
contente-toi de roucouler

Roucouler
reculer
c’est peut-être la nouvelle façon d’avancer
depuis que le printemps est arrivé
les aiguilles se sont arrêtées
pour certains définitivement
pour d’autres le non-stop les a remplacées
pour toi c’est le black-out
tu sais plus où t’en est
t’as tenté le yoga le yoyo les réseaux les skypéros les abdos en ligne et même ressorti ton banjo
mais tu sers à quoi coco

Les couleurs s’estompent
jusqu’ici elles gardaient leur éclat
les nuances vacillent
les notes s’affadissent
il était illusoire de penser
que la mémoire serait préservée
les souvenirs les plus précieux
les moments uniques
la bête les salit
ces cadeaux inestimables
ton cœur se recroqueville et les renie
cet éclat de sourire dans un scintillement marin
ces envols
ces atterrissages
tout s’aplatit
les pages de l’album brûlent joyeusement
et dans les cendres ne restent que des fleurs de souci

Adieu passé révolu
bienvenue esprit neuf
sans bagages
pour un voyage sans encombre
disparaissez vicieuses attaches
hors de ma vue
poudre aux yeux
qu’espérer encore de vos traîtres charmes
ne connaissez-vous que les plaisirs sadiques
comment vous reconnaitre au premier regard
pour ne plus subir vos basses manigances
j’aimerais vous broyer
pourtant je sais que vous êtes inébranlables
j’aimerais réduire votre haine en poudre
la diluer dans de l’huile ou de l’eau
et raviver les couleurs ternies
pas votre patine jalouse

Et voila que tu parles tout seul
en étalant sur les murs
ta confinementure
pour tenter de faire taire l’écho

N’oublie pas que
quand tu sortiras
rien n’aura changé

À part toi