Peindre d'abord une ferme
avec une étable
peindre ensuite
quelque chose de champêtre
quelque chose de familier
quelque chose d'ensoleiller
quelque chose d'accueillant
pour Mémé
placer ensuite la toile contre un mur
dans un salon
dans une cuisine
ou dans une cabane de jardin
se cacher derrière la cabane
sans rien dire
sans bouger
Parfois Mémé arrive vite
mais elle peut aussi bien mettre de longues années avant de se décider
ne pas se décourager
attendre
attendre que ses pas sur les graviers du chemin se rapprochent
écouter le couinement de la pompe et le flot de l'eau qui remplit l'arrosoir
attendre que Mémé pose l'arrosoir au bout de l'allée
observer ses allées et venues, penchée sur les plates-bandes, affairée à arracher les herbes, à biner les rangs
"Un bon binage vaut deux arrosages !"
Pendant que Mémé arrose ses haricots, effacer la clôture, le grillage et la serrure de la cabane
hisser la grand voile au tronc du mirabellier, laisser le jardin partir à la dérive et survoler les chemins creux, les buissons de mûres, les noisetiers, les mares coassantes, les rues souriantes
Faire ensuite le portrait d'une forge, d'une cour et d'une arrière cuisine
peindre aussi des poules, de la terre battue, des œillets d'inde et du café brun dans des verres à eau
si Mémé s'attable c'est bon signe
signe que tout le monde est là
alors vous pouvez sucrer
sucrer votre café et le boire.
Atelier d’écriture, MJC de Portes-lès-Valence, Lundi 8 février 2016
où j'avais proposé de composer le portrait d'un proche en s'inspirant du poème de Prévert "Pour faire le portrait d'un oiseau".
où j'avais proposé de composer le portrait d'un proche en s'inspirant du poème de Prévert "Pour faire le portrait d'un oiseau".