Gilet bleu marine
blouse bleue marine
combinaison bleue marine
chaussures bleues marines
Visage pétri par le temps
coloré de rayons de soleil
l’œil malicieux
Petite, tu tricotais les poils de la barbe du curé à travers la grille du confessionnal ! Que pouvais-tu bien avoir à te reprocher pour occuper tes doigts de façon si peu banale ?
Bien plus tard, au soir de ta vie, je t'ai observée maintes fois te tourner les pouces pendant que tu discutais. Pourtant, tu n'es certainement pas restée souvent longtemps à ne rien faire. Avant je te voyais au crochet, au tricot, au fricot, sortir le boileau du frigo, porter au jardin un cossieau...
Le matin, l'odeur de tes grosses rôties de pain grillé me sortait du sommeil et, alors que je m'attablais, tu me les tartinais généreusement de rillettes pour que je les trempe dans mon bol de chocolat.
La nuit parfois, si mes frères t’empêchaient de dormir parce qu'ils toussaient, tu leur donnais un sucre sur une cuillère, imbibé de ce mystérieux breuvage sorti goutte à goutte de ce dodu flacon de terre coiffé d'une tête de bonne femme.
La dernière fois que je t'ai embrassée, tu étais froide comme la pierre et dure comme du bois alors que je t'ai toujours connue tendre et chaleureuse comme une brioche des rois.
Tu avais le rire facile, Mémé, et tous ceux qui te connaissaient t'aimaient. Tu conservais les haricots et autres fruits de ton potager, moi je conserve de toi le souvenir des mirabelles qui illuminaient l'arbre planté au milieu de ton jardin.
Atelier d’écriture, MJC de Portes-lès-Valence, Lundi 8 février 2016
où j'avais proposé de composer le portrait d'un proche.