Peter Doig – Reflection
(what does your soul look like) 1996
Peter Doig – Reflection
(what does your soul look like) 1996
Spéciale dédicace à celles et ceux qui aiment écrire des textes sales
aux autres qui n'aiment pas les entendre
et aux bien pensants et pensantes qui n'en disent pas moins comme moi
J'aimerais te tatouer de la poésie sur la peau
Sans hésiter
Graver des histoires et des vers entre chacun de tes pores
J'aimerais autant t'écrire une lettre d'amour avec des rimes en ule
Que de scier une pendule
Parce que sous tes poils poussent des râles aux rives de tes émois
Mais pourquoi écrirais-je seulement des mots lisses ?
Alors que la police me laisse
M'exprimer sans mollesse
J'aime autant vivre sans laisse
Pas toi ?
Tu n'as jamais rêvé de sortir des clous ?
De montrer tes fesses ?
Comme disait ta grand-mère
Chie dur
Chie mou
Mais chie dans le trou
J'aimerais cracher sur tes mots
Déchirer tes phrases
Éviscérer tes verbes
Pendre tes paragraphes à leurs tripes
Les agrafer à des mats enflammés
Je contemplerais la cuisson de tes fascinations morbides
Pas pour leurs obsessions provocantes
Mais pour leur texture
Cette saveur grinçante
Comme ces enfants qui aiment jouer à se faire peur
En écoutant leurs os craquer
Autant je trouvais douteuses tes œuvres acérées
Autant j'apprécie leur tranchant
J'ai envie de lacérer tes textes perclus de crampes
Sentir leurs ligaments se tendre jusqu'à céder
Dissoudre leurs fibres à la bile
Poser mon oreille sur les crispations de leurs cœurs
J'ai envie de danser sur les arythmies de tes proses couvertes d'ecchymoses
Lécher leurs sueurs froides
Griffer leurs carapaces de mes ongles ébréchés
Pour le bonheur de salir leurs réputations si précieuses
Une bonne torture de ta plume
À l'ancienne
Dont j'arracherais les barbules à pleines dents
Je ne mâcherai pas tes mots
Je les avale tout cru
Sans les savourer
La dégustation c'est pour les mous
Bouffer des chapitres c'est pour les durs
J'en bave des miettes
Pas de quoi couper la faim
Quoique ce serait si craquant de conclure sur un malentendu
J'aimerais autant
J'aimerais autant pas
J'aimerais autant pas paniquer
Pas paniquer devant toi
Prendre des airs détachés
Sans souci
Léger
J'aimerais autant
T'oublier
Écraser le poids de tes mots
Le plomb dont tu cribles mes ailes
Mais je ne peux qu'écouter
Et laisser s'écouler dans mes veines
Le mercure de tes doutes qui montent
L'amertume de tes revanches
Les chaînes de ta conscience que tu traînes sans retour
J'aimerais autant pas
J'aimerais autant pa sser mon chemin
Rester à quai quand tu cales
J'aimerais autant te laisser à tes errances
J'aimerais autant
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Changement de rythme
Comme un cataclysme
Coup de frein à
main
Tu passes de tout à rien
Plus rien ne presse
Quel stress
Dopé à
l’efficacité
Ton activisme est à l’arrêt
Ton corps
Ton esprit Ton âme
Tout en toi réclame
Encore de la
came
De la
performance
En perfusion
T’étais en transe
T’as
perdu le son
T’entend plus les tam-tam
Les clics clics
Tout ce ramdam
Là où régnait la cadence
La vie
n’a plus de sens
Porté par le groove
Tu étais dans
l’mouv’
Il se shootait
au taf
Pourrait être ton épitaphe
Même épuisé
t’en r’demande
Tes cernes pendent
Mais tu veux ta
dose
Douze heures à la tâche
Sinon t’explose
Comme
une bombe H
burn burn
burn burn
burn burn
burn out
C’était
l’bon temps
Des s’maines de ouf
Toujours partant
Top
on the roof
T’enchaînais les heures
Comme des
battements d’cœur
Doigts incrustés
Dans le
clavier
Sous le pouvoir hypnotique
De ton écran magique
Tu faisais corps avec la machine
Ta meilleure
copine
Branchés H24
Rien ne pouvait t’abattre
Pas
même le boulot
On n’arrête pas les pros
T’aurais pu
continuer longtemps
Pas l’choix évidemment
Pourtant un
matin
Ton œil est
tombé
Comme un patin
Tu l’as
ramassé
Depuis
quelques jours il tremblait
Tu n’y as pas prêté attention
Aucune notification
Tu continuais d’avancer
Coûte
que coûte
Pas le temps
Aucun doute
Toujours en avant
Mais
le lendemain
Il
y a eu ta main
Elle s’est fait la malle
Sans laisser
d’adresse
Sans politesse
Que dalle
Ton cerveau a
cherché la fuite
Ton cœur a pris la suite
Ton monde bien
huilé sentait le roussi
Ton inspiration a cherché la
faille
Tes pieds refusaient de marcher aussi
On aurait dit
un train qui déraille
burn burn
burn burn
burn burn
burn out
Était-ce
l’époque les astres les autres
Non seulement tes tocs un
désastre
Ta vie pas la nôtre
Ton ventre a implosé
Plus rien ne te retenait
Telle une loque
Tu as fait
pok
Un moment tu
es resté flasque
Tu as tombé le masque
On ne te voyait
plu
Tu avais disparu
Absent dans l’oubli
Inactif et
sans amis
Reclus et atone
Tu n’étais plus personne
Hier
à fond
Aujourd’hui au fond
Tu ne pouvais pas tomber plus
bas
Pas même la force d’un cancrelat
Un temps tu
t’es morfondu
Tu as cru en ta déchéance
Mais même les
plus perdus
Ont encore une chance
Un matin va
savoir pourquoi
Ton corps a rebondi
Tu n’étais plus
toi
Une métamorphose comme on dit
L’impulsion a été
brève
Peut-être était-ce un rêve
Lentement tu t’es
laissé remonter
Comme un gaz préhistorique
Dans une
couche oubliée
Du trias ou du jurassique
Et tu as poussé
ton 1er cri
Celui de ta nouvelle vie
C’est
maintenant que tout commence
Tu vas découvrir ce monde immense
shine shine
shine shine
shine shine
shine out
Aujourd’hui c’est la fête des arts dits
des Murmures de l’onde
c’est un dimanche pardi
au Grand Charran, pas à Trébizonde
ça m’enthousiasme
comme un concert de Marin Marasme
à la viole de gonde
nous y verrons Jerem Bond
et Kriss Lalonde
une belle bande de fêtards
quelques-uns un peu bizarre
ça va pas être une sinécure
ils vont nous étaler leur conficulture
si vous vous sentez vraiment hardis
venez sur scène crier Vive Aldi
ou murmurer votre belle écriture
portée par vos ondes vagabondes
et ronde et ronde petit patabonde
calquez votre art
foutez l’bazarre
pour la fête des arts dits
faites pas votre phasme
venez en batiscasme
et n’attendez pas lundi
pour entrer dans la ronde
des Murmures de l’onde
Ce matin je me suis réveillé avec la bouche pâteuse. Hier, j’avais trop abusé de la pâte à papier. Comme j’avais égaré mon téléphone, avec lequel j’aime parler, parce qu’il a la langue bien pendue, j’ai soufflé mes mots à mon petit carnet. Sur mon stylo, un oiseau s’est posé. Il a tourné sept fois sa langue dans son bec, puis, la bouche en cœur, il m’a dicté un poème en langue des oiseaux. Nous y avons passé la nuit. À la fin, il avait le bec sec et je suis resté bouche bée. Malheureusement, je ne pourrai pas vous déclamer ce qu’il m’a offert, parce que, comme j’étais mal réveillé, au lieu de tremper ma tartine dans mon café, c’est mon petit carnet que j’ai mangé. Quant à l’oiseau, il s’est envolé.
Mon poème m’enveloppe
il éclot à chaque chant d’oiseau
aux stridulations du fleuve le soir
à la lune montante
il hulule dans ma bulle
Mon poème fait des clins d’œil au soleil
de chaque nuage il s’émerveille
des sourires d’enfants
et des souvenirs défunts
Mon poème puise sa sève dans la vie
il palpite comme ces méduses qui chorégraphient les eaux
mon poème est aux cimes
mon poème est aux abysses
aux déserts
aux forêts
aux pierres
et aux petites et grosses bêtes qui peuplent les champs
Il m’enveloppe dans ces savoureux royaumes
comble mes nuits
égaye mes jours
s’invite à la table de nos amours
Je le bois à petites gorgées
ou à grosses lampées
selon les humeurs
il m’arrache parfois des larmes de crocodile
ou me brise le cœur
quand il me raconte des mondes sans avenir
Mon poème m’habite, m’habille et me transporte
il est mon squelette, ma peau et ma voix
il se faufile partout
tant que je lâche sa bride
il file au vent
claquant fièrement ses pieds
quel tempérament
Mon poème est dans cette fenêtre
à travers laquelle j’entends
la conversation des oiseaux
ils se racontent ce que disent les nuages
ils me bercent de leurs commérages
Parfois pourtant leurs voix tremblent
lorsqu’ils rapportent quelques rumeurs
l’un pleure sur la guerre
l’autre gémit sur la Terre
alors je ferme les volets
sourd aux pépiements du monde
Et je rejoins mes rêves d’ailleurs
des rives meilleures
les séjours ne durent pas
les photos jaunissent
seuls les murmures des vagues
me rappellent à la réalité
Les embruns s’évaporent
des sourires se croisent
et la vie remonte son cours
sans se soucier du sens ni du temps
Découvrez le clip de ce texte sur https://youtu.be/Bq0KVL8xRcs
L’autre jour, j’ai reçu un appel :
- allo ! Monsieur Houssier ?
- oui... bonjour...
- je vous appelle pour vous annoncer une bonne nouvelle : votre nouveau monde est arrivé !
- pardon ?
- oui, à la suite de votre commande, nous allons vous livrer dans la journée. Pouvez-vous me confirmer votre adresse s’il vous plaît ?
- bien sûr, mais je n’ai rien commandé.
- désolé Monsieur, mais notre serveur est formel et le livreur est en route. Peut-être avez-vous oublié, mais il y a quelques jours, vous vous êtes plaint que, je cite "vraiment tout va de travers ! S’il n’y tenait qu’à moi, les choses iraient bien mieux que ça ! Je commanderais un nouveau monde, ce serait vite réglé" ; fin de citation. Or, comme vous n’aviez pas décoché la case "Mes désirs sont des ordres", en acceptant les conditions générales de vente de votre nouveau téléphone, l’algorithme à validé la commande... voilà voilà.
- mais, mais, mais, j’ai dit ça en l’air, je ne veux rien changer du tout ! Je dois pouvoir annuler cette commande, non ?
- hélas Monsieur, le délai de rétractation étant passé, l’ancien monde va disparaître dès que vous aurez reçu le nouveau et nous espérons qu’il correspondra à vos désirs.
- mais comment pouvez-vous connaître mes attentes ?
- Hé bien, en compilant vos recherches sur internet, vos emprunts à la bibliothèque, vos achats en carte bleu de ces 25 dernières années, vos loisirs, les destinations que vous avez parcourues, et les opinions que vous avez émises en public et sur les réseaux, en sachant que vous êtes un homme blanc presque quinquagénaire, né au siècle dernier, nous avons préparé un monde à votre image. Je vous serai d’ailleurs reconnaissant de prendre un instant lorsque vous aurez reçu votre commande, afin de répondre à notre questionnaire de satisfaction.
- bon, je vous prie de m’excuser, mais cette plaisanterie a assez duré, je vais raccrocher, et je ne vous salue pas. Biiip !
Pffff... J’espère que c’est une blague parce que sinon on va passer notre temps à raconter n’importe quoi, à se balader au bord de la mer, à manger des huîtres et du chocolat, à vivre passionnément, à s’aimer tout simplement, et je ne suis pas sûr que ce soit du goût de tout le monde... bref, je vous laisse, ça fait trop longtemps que je ne suis pas allé danser !
Nouveau monde en vidéo : https://youtu.be/7ZCgZX33D_g
C’est un bâton
c’est une brindille
ça ne bouge pas
ou alors à tâtons
un coup de vent
et ça part en vrille
quel mystère
est-ce un fantôme
est-ce un fantasme
non c’est le phasme
chez cet animal
à première vue
point de langue
des gestes pourtant
légers
délicats
une danse
lente
oscillante
le phasme parle avec les mains
prend des airs italiens
quand il mange ses pâtes
il ne met pas les coudes sur la table
ni ne coupe les cheveux en quatre
le phasme ne parle pas la bouche pleine
il ne parle pas non plus pour ne rien dire
lui
le phasme a le mot discret
il n’a pas la langue de bois
il manie la langue des sages
quand il montre la Lune
on regarde son doigt
le phasme est un ermite
qui nous rappelle qu’on n’a que ce qu’on mérite
comme son cousin le caméléon
il disparaît pour nous aider à saisir
les évidences qui nous échappent
tendez l’oreille humains ignorants
les paroles du phasme sont rares mais riches
à 50 ans
si t’as pas entendu la voix du phasme
ta vie ne vaut pas plus qu’un sarcasme
Ma parole
la bouche en cœur
le mot à la bouche
la bouche en cul de poule
je l’ai sur le bout de la langue
la langue bien pendue
Toutes ces expressions accrochées à mes lèvres
font frétiller les papilles de mon stylo à bille
avec son petit sourire en coin
il salive sur la page
tentant de graver son ramage
un stylo qui donne de la voix peut paraître étonnant
pourtant j’en connais beaucoup qui se lèchent le babines
à l’idée de noircir quelques lignes
le mien se lisse les plumes avant de décoller
mais parfois il reste au ras des pâquerettes
Qu’importe le carnet à mon stylo
pourvu qu’il ait l’ivresse
il lui arrive même de mentir et d’user de sa langue de vipère pour médire
il s’écoute souvent
beau parleur
comme si sa parole était d’or
alors que je l’aime autant quand il dort
son petit capuchon posé sur la tête
couvant en silence sa bille d’argent
Il rêve alors
à la langue
ah ! La langue
à la longue
elle pend jusqu’à mes tongs
à force de jongler
avec les mots
avec les phrases
avec emphase
les bras m’en tombent
ma langue reste muette
comme une mouette
ma langue goûte et partage
parfois elle s’emballe
pas toujours sage
La tourner sept fois ?
Pour quoi faire ?
Ce n’est pas un moulin à paroles
gardez-vous bien de lui imposer un rôle
ma langue traîne parfois des pieds
voire recule
mais c’est pour mieux sauter
bondir d’un chant à l’autre
rouler des mécaniques
ou danser sur d’autres continents
bras dessus bras dessous
avec mes oreilles
à la rencontre de sonorités ensoleillées
ou caverneuses
elles vagabondent rêveuses
admirent des voix de cornemuses
bavardent et s’amusent
savourent en claquant du palais
comme des talons dans la poussière
la langue a des accents de vie éphémère
sa contemplation est un jeu
qui ne s’arrête qu’en la donnant au chat
D’abord il y a cette petite bulle apportée par le vent
l’enfant la suit du regard
son œil se reflète sur la surface irisée
l’enfant tente de l’attraper
la bulle éclate
un des éclats touche l’œil
et l’enfant pleure
blessé et vexé
il pleure tant
que la pluie est née
le niveau monte
et bientôt la mer porte l’enfant
elle le berce
il sourit
ils se lient
lui à elle
elle à lui
il se sent moins seul
elle est ravie
tous deux nagent dans le bonheur
Mais bientôt l’enfant a faim
alors d’une île jaillit la voie lactée
si abondante que l’enfant est rassasié
reput il s’endort
et de ses rêves s’échappent des nuages
tous prennent des formes variés
des hippocampes se mettent à hennir
des copains à applaudir
des fleurs éclosent en bouquets
et l’enfant sourit aux anges
dans son sommeil
À son réveil il se redresse
saute sur ses pieds
il est un homme à présent
et décide qu’aujourd’hui il va inventer la musique
en nageant, les flic-flac de ses bras et jambes donnent le tempo
quand il accoste, le vent dans les palmes ourle la rive
et des oiseaux trompettent à son arrivée
le jazz est né
l’homme se met à chanter
et d’autres chanteuses et chanteurs le rejoignent
ensemble ils se mettent à danser
et quand ils sont fatigués
ils s’accordent pour dire qu’il n’y a rien de mieux à faire
et la création du monde est terminée
Je t’écris pour te dire juste cette petite évidence
il n’y a pas que les étoiles qui dansent
Dans un petit carnet où tu notais la pluie et le beau temps, une graine a germé
Je t’écris pour t’en remercier
Je t’écris de cette tempête où nous aurions préféré ne pas être
et pourtant nous en sortons plus grand peut-être
Je t’écris sur une carte d’embarquement
dans les turbulences d’un décollage qui a vécu longtemps
nous étions partis nombreux
nous sommes revenus séparément
sans regret et avec des étoiles plein les yeux
Parfois je repense aux nuages de Magellan
à la Croix du Sud
et aux volcans
je t’écris de cette terre lointaine
où j’ai rempli mes poches de feuilles de hêtres
de mangues et de gongs
Je t’écris du sol au plafond
du sable sous les tongs
comme si je me dépoussiérais après le big bang
Je t’écris du bord de l’arc-en-ciel
le trésor n’est pas caché
il est à nos pieds
D’abord le revers
Pas le coup droit
Parce que ma main n’est pas une raquette
Et de toutes façons je suis gaucher
Gauche un peu aussi
Mais recentrons-nous
D’abord le revers
Parce que j’ai envie de la poser à plat
Devant moi
Reposée
Détendue
Ma main droite est posée devant moi
Avec ses doigts sa peau ses veines ses tendons ses articulations
Détendue jusqu’au bout des ongles
Quelque chose palpite dedans quand même
De la vie qui boue
J’ai envie de voir ce qu’il y a en-dessous
Une paume
Ouverte
De texture et de couleur différentes du revers
Plissée de lignes qui se croisent
À l’intérieur de ma main
Il y a un vallon
Des cours d’eau au pied des collines
Quand je fais un creux et que je la porte à mon oreille
j’entends l’eau couler
Si je penche
Le torrent accélère
Et à bien y regarder
Si je penche encore
l’eau tombe en cascade du bord de ma main
Je récupère l’eau dans le creux de mon autre main
Ça tombe en cascade
Et je ne peux plus écrire
Alors je rééquilibre ma paume
L’eau récoltée retourne à la rivière
Et je la laisse couler
Elle coule sans bruit maintenant
Comme l’encre sur ma page
À part le frottement de la bille de mon stylo qui donne de petits coups sur la feuille
Des petits coups quelques traits et des courbes
Tracés par mon autre main
J’aimerais regarder dans cette autre main si le paysage est le même
Mais je ne peux pas car j’écris avec
Ma main ne veut pas lâcher le stylo
Pendant ce temps mon autre main s’est remise à plat
Le paysage a disparu
Mon stylo n’a plus de raison de s’agiter
Ma main le pose
Toutes deux se reposent
Collage et texte inspirés du "surhomme" de Prévert dans le recueil Imaginaires.
C’est comme une clepsydre
il faut dire que le fil est ténu
alors autant ne pas en rajouter
un sablier entre les oreilles
pourtant la toile d’araignée est aussi solide
au bout d’un moment les choses prennent place
le temps s’effiloche
comme du câble d’acier
avec grâce
à peine le temps de vie d’une épinoche
à section égale
je le vois dans ton regard
je suis un chat
donc reprenons
cette petite lueur espiègle
tu es un éléphant
les fluides circulent
qui me chatouille des pieds à la tête
ta mémoire le prouve
les cellules s’invectivent
voilà, c’est ça, une vibration
nous sommes un peu inquiets
jusqu’à un certain point
et je reste persuadé qu’elle n’a pas de fin
Texte rédigé d’une traite, les premières phrases de chaque triptyque les unes à la suite des autres, puis les deuxièmes et enfin les troisièmes, pour une écriture en spirale.
Le cœur en noyade
s’envole sur l’horizon
enflammé
il devient papillon
danse sa passion
en balance
sur un fil tendu
entre le monde et les émotions
un paysage démesuré
qui ne manque pas d’air
un paysage à couper le souffle
à parcourir une telle étendue
l’esprit s’aplanit
les pensées s’écrêtent
les prières s’envolent
en lévitation
atterrir à quoi bon
il ne reviendra pas
de ces pétillements
ballotté tout tremblant
ne laissera dans la poussière
que son empreinte légère
une accolade
un baiser