Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mercredi 12 avril 2017

Écrire une page blanche #2

Blanche
Elle l’était
Vierge et pure comme une rose
Puis ma plume s’est posée sur elle
Et elle ne l’a plus été
Blanche
Telle une ombre déambulant sur la page
Ma plume s’affairait à en faire toute une affaire
Elle était là pour ça après tout
Faire la lumière sur cette affaire
Révéler l’histoire
Toute ? Peut-être pas
Il importait bien sur de garder quelques mystères
De laisser vivre des secrets dans l’obscurité de l’imaginaire
Certes cette page avait pour vocation d’accueillir et de faire naitre le texte qu’elle allait porter
Mais certains aspects ne devaient pas être dévoilés
Ma plume le savait
La page le pressentait
On lui avait annoncé
Toute petite alors qu’elle n’était que fibre de bois
Elle avait su
Elle n’avait pas le choix
Mais elle avait accepté de toute façon sans hésitation
Et ce jour était enfin arrivé
Au fur et à mesure que les lettres apparaissaient
Qu’elles s’assemblaient
Que les mots se posaient sur le papier
Que les phrases prenaient leur sens
La page sentait la plume la chatouiller
Certaines lettres la caressaient
D’autres la piquaient
De même des mots la flattaient
Tandis que d’autres l’interrogeaient
Fort heureusement
Ma plume ce jour-là était de bonne humeur
Et avait décidé de se faire douce
Si douce qu’il arrivait que la page courbant le dos
L’entrainait parfois dans quelques glissades inattendues
Soudain elle se plia en quatre
Puis en huit
Et en douze
Formant un écrin pour la plume qui s’endormit instantanément
Alors la page en profita pour prendre la direction des opérations
Ondulant habilement
Elle portait l’encre là où bon lui semblait
Le texte qui lui avait été jusqu’ici imposé
Devenait son terrain de jeu
Sa liberté
Le monde lui appartenait
Tout était possible
Elle enchainait les descriptions et les portraits
Rien ne pouvait retenir son exploration
Elle visitait des forêts enchantées
Rencontrait des oiseaux fabuleux
L’un d’eux l’observant manipuler sa plume lui déclara :
« Hé ! Mais c’est à moi ça ! »
Il claqua du bec et récupéra son bien puis s’envola à tire d’ailes
La page regarda l’oiseau s’éloigner
Et au lieu de s’apitoyer sur cette soudaine absence
Elle pensa
« Ho, elle reviendra ! »


Atelier d’écriture, Crest, mercredi 12 avril 2017
où j'avais proposé d’écrire une page blanche…