C'est bien quand la sonnerie retentit, on a les converses qui frétillent et l'anorak qui quitte le dossier de la chaise pour se jeter sur les épaules. On bouscule à grands coups de cartables ceux qui bouchent la sortie, on dit à peine "à d'main" et on part, libre, sifflotant "les mystères de l'ouest" avec son meilleur copain. On est bête et on s'en fiche. Tout ce qui compte c'est qu'on a douze ans et que la vie ne sera jamais mieux que maintenant. On se raconte les potains de la journée : "T'as vu l'autre, là, elle se prend pour un shérif ou quoi ?", "Et lui, on dirait un croque-mort" ! Et on se marre en se claquant les côtes sans se soucier d'être sérieux ou tolérant.
C'est bien quand on arrive à la maison parce qu'on sait qu'on va pouvoir jeter le cartable, avaler une grosse tartine en inventant de nouveaux verbes irréguliers. Et quand la trigo est terminée, on enfouit les cahiers au fond du sac en espérant qu'aucun prospecteur ne viendra les dénicher et on enfourche les vélos, visages fendant un vent de liberté. Et on parcourt les grandes plaines au galop, grisé par ces étendues farouches, aspiré par l'horizon, lointain, là où le soleil se couche.
Texte produit lors d'un atelier d'écriture animé par Monique Domergue à la Médiathèque de Bourg les Valence, inspiré par "C'est bien" de Philippe Delerme.
C'est bien quand on arrive à la maison parce qu'on sait qu'on va pouvoir jeter le cartable, avaler une grosse tartine en inventant de nouveaux verbes irréguliers. Et quand la trigo est terminée, on enfouit les cahiers au fond du sac en espérant qu'aucun prospecteur ne viendra les dénicher et on enfourche les vélos, visages fendant un vent de liberté. Et on parcourt les grandes plaines au galop, grisé par ces étendues farouches, aspiré par l'horizon, lointain, là où le soleil se couche.
Texte produit lors d'un atelier d'écriture animé par Monique Domergue à la Médiathèque de Bourg les Valence, inspiré par "C'est bien" de Philippe Delerme.