Mu
tant par envie
que par peur du monde
son corps glisse mollement
telle une onde
Au cours fluide et lent
bien décidé à saisir
dans ses replis muqueux
toutes les crasses à la ronde
Son ombre racle les bases
se repait de vase
couvre sa peau verruqueuse
de cette boue glaireuse
Pour revêtir des jours meilleurs
cherchant son reflet ailleurs
le sournois se satisfait de son surmoi
une image bien faite
nette et guillerette
Sous tous ses angles
il se trouve une tète d’ange
pourtant
la forme ne sublime pas le fond
le ventre plein de bouse
la bête éructe et bave
triste épave
Pris dans ses débats lourds
la pesanteur retient son cœur
malgré un ciel sans nuage
après dissipation des brumes matinales
il reste puant l’animal
Les arbres le regardent passer
vibrant de peine et de rage
ils reconnaissent ce pauvre présage
leurs branches ne peuvent l’embrasser
leurs racines ne peuvent l’apaiser
leurs fruits ne peuvent le réjouir
L’âme à la traine
la bête succombera douloureusement
à tout ce qui la freine