Mardi 12 août
Cette nuit, mon fils m’a réveillé :
« - Papa, m’a-t-il chuchoté dans un sanglot, j’ai fait un cauchemar !
- N’aies pas peur mon chéri, nous sommes là, tu n’as rien à craindre sous la tente, ais-je marmonné dans un état second. Puis j’ai ajouté : racontes moi ce qui s’est passé. »
Nous étions dans un avion. Un long courrier survolant l’Europe, peu de temps après le décollage de Genève, en direction de Delhi. Mon fils coloriait sagement un dragon crachant de longues flammes sur un chevalier en armure en équilibre instable sur une monture qui n’en menait pas large. Ma femme somnolait devant une de ces comédies américaines qui ont le mérite de l’endormir au bout d’une heure de vol. Quant à moi, je buvais un café en laissant vagabonder mon regard sur les reliefs que nous survolions. Etait-ce les Carpates ou déjà le Caucase ? Un jour j’irais là-bas ! Je me voyais déjà parcourant ces terres de légende quand soudain le hublot s’ouvrit ! Je m’envolais alors en laissant s’éloigner l’appareil. Il me fallut un moment avant de trouver comment me diriger dans cet élément que je ne connaissais pas. J’étais ballotté en tous sens et je me sentais chuter à une vitesse vertigineuse. D’abord ramassé en boule et orphelin de tous repères, je me raidis et me mis à descendre comme une flèche, tête en avant, pieds en l’air, bras le long du corps, bien décidé à ne pas trop trainer dans ces altitudes bien trop froides à mon goût. Parvenu à distance raisonnable des sommets j’ouvris les bras et me mis à décrire des cercles de plus en plus amples pour profiter du paysage. Comme je m’approchais de ma destination, je m’offrais encore le plaisir de longer de belles crêtes puis je planais un moment au dessus d’une vallée dont je suivais la rivière, longée par une petite route qui traversait un village. Je me posais alors à un kilomètre environ du bourg au milieu de cette route pour finir le chemin à pied quand soudain une voiture me renversa !
Et mon fils se rendormit.
Extrait de mon "Carnet de voyage au pays des rêves", projet en cours, inspiré par un cauchemar de mon fils, de mes propres rêves et de ceux de mon entourage, prétexte à faire évoluer un personnage comme bon me semble entre rêve, fiction et réalité.