Il était une fois
une histoire que vous avez lue déjà
et que vous relirez hélas
celle d’un petit pays qui se croyait le plus classe
son roi était aussi prétentieux qu’arrogant
il n’avait que mépris pour son peuple et les honnêtes gens
son sport favori consistait à les séparer
contrairement à un bon berger
il aimait s’amuser à disperser son troupeau
beaucoup de ses moutons étaient soumis à ce hobereau
et si les rois précédents les avaient bien entraînés
lui avait décidé d’en faire les champions des manipulés
un temps, certains avaient manifesté et s’étaient rebellés
mais le roi avait envoyé ses chiens
il y eut beaucoup de déçus, des morts et pas mal de blessés
nombreux pensèrent que lutter ne servait plus à rien
leurs revendications étaient pourtant légitimes
vivre dignement, apprendre, se soigner, s’épanouir simplement
la plupart ne demandaient pas à devenir richissimes
réduire quelques inégalités seulement
malheureusement ni le roi ni ses sbires ne les écoutaient plus
ils avaient oublié le sens du bien commun
les anciennes valeurs étaient révolues
liberté égalité fraternité restaient au bord du chemin
comme dans d’autres royaumes
la peur s’installait
à part quelques mômes
la plupart s’isolaient
ailleurs les effrayait
ailleurs c’était pire
ailleurs il y avait la guerre
ailleurs d’autres les enviaient
alors ils fermaient leurs fenêtres
encouragés par leurs gouvernants
dictateurs et faux prêtres
ils n’ouvraient plus aux mendiants
les chefs, grands et petits, se frottaient les mains
barricader leurs territoires et vendre des armes
leur assurait de beaux lendemains
à contempler leurs trésors au milieu du vacarme
et si le bruit ne suffisait pas
ils soufflaient sur les braises
attisaient un scandale ici ou là
sans aucun malaise
par exemple dans ce petit pays dont le roi était si teigneux
il suffisait qu’un illustre vomisse les pires ignominies
pour que le monarque le soutienne de son air dédaigneux
érigeant le monstre en égérie
heureusement il restait quelques esprits libres
suffisamment éclairés pour démasquer les caricatures
reconnaître l’hypocrisie quand le cœur vibre
rappeler l’existence des victimes et déloger les impostures
ils n’étaient que quelques-uns à pourrir l’ambiance
une grosse poignée à cultiver la méfiance
à salir tout, soi-disant des pontes
sur notre Terre rouge de honte
pourtant ce sont leurs voix aigres qu’on entendait le plus
couvrant les cris des condamnés au terminus
bien que de généreux êtres brillaient par leur douceur
se rappelant que nous sommes tous frères et sœurs
un jour enfin
tous se réveillèrent
prenant conscience de leur force sans fin
ils jetèrent les rois, les renversèrent
les portes s’ouvrirent alors
les yeux aussi
ce fut une grande farandole de corps
et des rires résonnèrent jusqu’ici
une vague de poésie parcourut la Terre
devenue verte d’espoir
c’était le début d’une nouvelle ère
la paix resplendissait dans le noir
hélas le sursaut ne s’éternisa pas
l’optimisme passa de vie à trépas
les cyniques reprirent le pouvoir
et la fête ne dura qu’un soir
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