Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

jeudi 26 avril 2018

Temps et métamorphose


Je cherche un endroit caché *
L’endroit où j’ai laissé la clef
La clef de ce silence
La clef de cette absence
Si je retournais où tout a commencé
Je saurais

Il y a quelques temps
Je ne sais plus quand
J’ai vu cet arbre solitaire
Quelle cruauté
Séparé des siens
Pourtant si beau
Dans sa solitude

A-t-il toujours été seul ?
Posé sur cette colline
On dirait un phare
Et si les solitaires étaient des guides ?

Finalement
La question n’avait pas été posée
Que je la sentais déjà
Poindre le bout de son nez
Elle aurait pu se taire
Ou mentir et s’allonger

Non, elle est passée par un chemin détourné

L’église a sonné mais je n’ai pas compté
Il doit être l’heure de rentrer

Avant le temps avait une emprise certaine
Je me couchais à la nuit
Je me réveillais avec les oiseaux
Entre deux je courais

Ça n’empêchait pas les feuilles de voler
Et ça me désolait

À présent
À présent justement

Puis les uns sont partis
Les autres sont arrivés
Je n’en reviens pas
Mes pas me mènent toujours là
Dans la ronde du monde

Avant c’était plus simple
Tout tournait autour
Et puis les astres se sont éloignés
Les uns des autres

Et ces jeunes pousses qui n’en finissent pas d’éclore
Rien ne les retient

Au pied de cet arbre
Un enfant est arrivé
Une trompette à la main
Il s’est campé bien droit
Face à l’arbre solitaire
Du bout des lèvres
Il a soufflé dans son embouchure
Et du pavillon est sortie de la lumière
C’était un enfant phare


*(vers emprunté à Emily Tissot, Mue salamandre)
Atelier Saint-Georges-les-Bains, 26 avril 2018

mercredi 25 avril 2018

Va où

Quand je passerai
Je voudrais bien de ma vie avoir fait mon tour*

La tour de Pise
Comme point de départ
D’un voyage de toute une vie
Démarrée les doigts dans la prise

Je prendrais la route chichement
Avec pour seul bagage
Le goût de la rencontre
Cette saveur si particulière
Qui appartient à chacun

Je glanerais ça et là
Le sel de vies innombrables
Autant de plats que d’âmes
Des hommes épais
Ou de minces dames
Des êtres pleins d’épices
Des gens bons
Dans des maisons de bonbons

Je glisserais mes pieds sur le sable
Je les planterais parfois
Sous un hêtre
Pour contempler
L’éclosion de ses jeunes pousses

Je les regarderais pousser
Déterminées face à l’injustice


*(vers emprunté à Valérie Rouzeau, Va où)
Atelier Crest, 25 avril 2018