Quand le monde s’arrête
l’essentiel s’impose
Passée la sidération
et la tentative d’évasion
l’évidence est là
le corps oscille entre peur du vide
et fascination du vertige
Sommes-nous si invulnérables
combien de temps va-t-on tenir
qui s’en remettra
À chaque changement suffit ses pertes
Si le choix était possible
vous reprendriez du risque ou de la sécurité
Nous sommes faits pour marcher
difficile de rester longtemps immobile sans chuter
l’avenir est peut-être à l’horizontal
la distance parcourue en rampant est moins importante
même avec de l’entrainement
l’horizontalité serait-elle la position du futur
pour rapporter nos ambitions à des seuils plus justes
plus bas moins vite plus doux
sous-titre d’une revue dédiée aux traversées en solitaire
Heureusement nous ne sommes pas si seuls
tous dans le même navire planétaire
un paquet d’intelligences reliées par des tas de connexions
de quoi réinventer la liberté
donner d’autres formes au mouvement
Quand le monde s’arrête
ça secoue l’immobilisme
alors retrouvons la verticale et dansons
oui dansons
dans nos têtes
dans nos salons
sur nos îles désertes
dansons avec les oiseaux
les abeilles
les bourgeons
Que nos pas glissent à distance
que nos pieds tracent leurs empreintes
sur nos papiers
que le rythme de nos claviers réjouissent nos mines
que nos rêves agitent nos frondaisons
que le monde s’arrête
qu’il se repose
pendant ce temps dansons
pieds nus dans le sable
sur le tapis
sous la couette
faisons valser carrelages et parquets
que nos intérieurs chantent autant que les nuages
Tout à l’heure j’irai écouter la rivière du bout des orteils
et je clapoterai du bout des ondes pour tous ceux qui ne le peuvent pas