Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

lundi 30 mars 2020

Make fleuve not war

Près de chez moi
la rivière caresse les rochers
le courant ne cherche pas à les déplacer
la force de l’eau est de contourner les obstacles
bien sur elle érode lentement les berges mais ce n’est pas intentionnel
elle ne fait que passer

Nous ne faisons que passer nous aussi
le temps de ce passage
difficile d’admettre que notre cours puisse influer maladroitement sur notre environnement
voire blesser inconsciemment

Souvent l’eau laisse les agressions de coté
mais si on l’arrête sans raison
face au barrage
la rivière déborde
elle entre en crue
contrainte et forcée
cherche une issue
poussée par son élan naturel
suivre son cours en paix

Au plus fort du débordement
les dégâts peuvent être considérables
une caravane décapotée par un pont
une petite fille sur un toit au milieu d’une mer boueuse qui monte
qui monte

L’acharnement de l’adversaire à vouloir combattre n’est que la recherche d’une réponse justifiant sa colère
mais la hargne peut être contagieuse
peut-on apprendre à laisser les éléments s’agiter à leur guise
plutôt que systématiquement chercher la maîtrise

La rivière préfère consacrer son énergie à abreuver les champs
déposer de fertiles limons
regarder les graines germer
contempler les fleurs
partager les fruits

S’il vous plait lorsque j’rai embrasser mes ancêtres
réincarnez-moi en ruisseau
en attendant je vais travailler mon sens de l’esquive et l’art de l’éclaboussure
je finirais peut-être par apprécier mes clapotis
sans doute davantage que de claquer autrui
avec un peu d’entrainement j’arriverais à ne plus sortir de mon lit
juste illuminé de grands éclats de rives

samedi 28 mars 2020

Une belle journée

Le jour se lève avec amour
des baisers plein les tartines
des câlins à la framboise
et du café chaud
les aboiements s’éloignent
scories de cauchemars oubliées
je secoue l’oreiller pour le débarrasser de ces pellicules insignifiantes
les clés en profitent pour s’enfuir avec pertes et profits
la journée sera belle
au soleil entre amis

Cette nuit nos chaussures ont dormi à l’intérieur
fini le temps des pestiférés
la vie a laissé filer quelques importants
la mort a aussi emporté son lot de nuisibles
le bal a rouvert ses portes
nous reprenons la danse
d’un pas léger je quitte le bitume

La nuit fut longue
déchirée de cris et de larmes
dont le ciel ne garde aucun souvenir
le sentier s’ouvre à nos nouveaux élans
rien ne presse
je prends le temps d’un regard en arrière
les éclosions font des claquettes sur le plomb fondu

De nouveau l’appel du muezzin retentit
le vent m’apporte des nouvelles de sa meilleure amie
elle revient d’une expédition lointaine
ses empreintes sont encore fraiches sur le sable
je m’enveloppe de cette soyeuse caresse
la promenade s’annonce sereine
la compagnie se remet en route
avec ses satellites
ses inséparables
les gourmands
les inquiets
les aventuriers
les contemplatifs
les joueurs
les rêveurs

Bien malin qui prétendrait savoir où nous allons
qu’importe
la destination est sans intérêt
personne n’a l’intention de s’attarder
les pauses sont suffisantes
pourquoi les faire durer davantage que le temps de cuire le pain
désormais rien ne nous oblige à manger à table
notre nourriture est en route
chaque enjambée nous offre sa part de joie
saupoudrée tantôt de feu
parfois de bois
le chant des porteurs de plumes épice notre ballade
chacun joue sa note basse ou flûtée

C’est décidément une belle journée
rien ne l’entrave
les uns la poursuivent tranquillement
les autres aussi
les obstacles nous évitent
les vulnérables veillent sur les plus forts
nous avons bien fait de sortir sans parapluie
l’averse a fait naître tant de fleurs

mercredi 25 mars 2020

L’anchois

Vous connaissez cette acidité salée
ce goût à la limite du supportable
chacun a ses dégouts
le mien c’est l’anchois
le contraire du choix
cette aigreur
cette amertume
cette amer tue mes décisions
il peut arriver d’être indécis
voire de regretter certains choix
il existe même des individus qui ne peuvent pas choisir
trop insupportable pour eux de devoir renoncer
parfois on subit les choix des autres
pas le choix

Comment réagir lorsque des choix s’imposent
sans que l’on puisse s’y opposer ?
vous n’aimez pas les anchois mais il n’y a pas d’autre plat
entre la peste et le choléra
vous choisissez quoi ?
tête brulée ou pas d’ça chez moi ?
la position du décideur n’est pas forcément la meilleure
celui qui subit la décision peut toujours reprocher à celui qui a décidé
ce dernier doit assumer de forcer l’autre à choisir les anchois
quelle alternative ?
l’anchois est-il évitable ?
a-t-on toujours l’anchois ?
si l’anchois n’existait pas pourrait-on s’en passer ?
par quelle autre voie passer ?

Les itinéraires bis
les sorties de sentiers battus
tant de possibilités de se perdre et de vivre en avant
à l’inverse des renvois que provoque l’anchois
ce poisson sans issue qui ne mène à rien à part au dégout
souvent on se range du coté de ce que nous offre la vie
tellement plus sage d’accepter ce qui vient
que de se borner à attendre d’être satisfait de tout en vain

La situation actuelle si exceptionnelle nous oblige à avaler des couleuvres
saviez-vous qu’anchois signifie dans un vieux patois "celle qui danse sur tes cendres"
les anciens employaient cette expression lorsqu’une personne se réjouissait du malheur des autres
on parlerait aujourd’hui de manipulatrice ou de perverse narcissique
le genre d’individu précédé par son haleine de poisson mort
une personne qui refoule et qu’on reconnait de loin
au boucan que font les casseroles qu’elle traine derrière elle
nous en croisons tous
de ces infâmes girouettes

Certaines sont suivies par des batteries de cuisine pour mijoter des sales coups
d’autres planquent leurs chaudrons
dans les coins sombres de leur personnalité en queue de poisson
et préparent en ricanant à gros bouillons des poisons pour distiller de fausses informations
qui s’insinuent dans nos esprits
comme une arête se coince dans la gorge à en étouffer

Leur point commun ?
changer d’avis
changer d’idée
prendre des décisions et en changer comme de chemise
au gré du vent
ne cherchez pas à les convaincre ni à les comprendre
elles sont toujours persuadées du bien fondé de leur position
qu’elle prétende la vérité ou son contraire
on ne peut jamais se fier à ses fientes fuyantes
restons sur nos gardes
vérifions nos sources
les sales petits poissons sont toujours prêts à mordre

Profitons du confinement pour nous tenir éloignés de ces bestioles dégoutantes
les dégouts me donnent des plaques
et vous ?

mardi 24 mars 2020

Solidarité

Ces jours-ci les voisins tondent, taillent et bientôt ils rentreront chez eux quand les jardins seront nus. Les arbres qui embellissaient mes fenêtres ont perdu la tête. Où les oiseaux iront-ils se percher ?

Aujourd’hui les
Trois Becs avaient disparu. Ce n’était qu’une blague de brume. Mais si, à chaque fois que j’ouvre la fenêtre, il manque quelque chose, je vais finir par m’inquiéter !

Et si je changeais de regard ?
ce que je ne vois plus
ce qui est dans le brouillard
est-il encore à la vue d’autres que moi ?
je vais en tout cas le croire
c’est peut-être ça la solidarité ?
ce que je n’ai pas
d’autres l’ont
tant mieux pour eux
ce que j’ai
d’autres ne l’ont pas
tant mieux pour moi
l’idéal serait d’avoir assez chacun
c’est surement possible
à partir du moment où aucun ne veut tout pour lui

Si vous voyez les
Trois Becs
embrassez-les pour moi
de mon coté je vais tacher de profiter au mieux de ce que j’ai et que d’autres n’ont pas
oublier le peu qui me manque et être
oui être

Heureux de cet amour qui m’enveloppe
heureux de ce toit qui me protège
heureux de ces mots en partage
heureux de ces échanges qui se multiplient à grande échelle pour soutenir
ceux qui souffrent
ceux qui les soignent
et ceux qui ont le pouvoir d’agir
heureux de ce mouvement qui s’intensifie
cette attention aux autres
heureux de rêver que de bonnes habitudes se prennent

La vague est là
nous sommes dedans
certains se noient
nombreux sont ceux qui leur portent secours
nous apprenons
bientôt nous saurons mieux nager
nous ferons corps
tout en gardant nos propres membres
nos cœurs continueront de battre sous nos peaux

Qu’importe l’heure à laquelle on applaudit médite ou prie
le fait d’orienter nos intentions vers un but commun est un apprentissage inédit de solidarité à grande échelle qui laissera son empreinte
comme la chute du mur
les printemps arabes
ou d’autres événements historiques
la nouveauté réside sans doute dans la façon dont nous nous unissons
chacun chez soi et non dans la rue
l’autre différence est que le motif n’est plus politique ou éthique
la légitimité de revendications sociales ou écologiques laisse la place à une question de survie
et si les groupes qui se réunissent à distance pour agir en pensée le font encore avec leur esprit
ils battent surtout dans un même cœur
cette énergie positive marquera notre époque
plus rien ne sera comme avant

Quand je ne verrai plus les Trois Becs
je ressentirai le bonheur de savoir que quelqu’un les contemple pour moi


lundi 23 mars 2020

Sur mon perchoir

Posé sur mon perchoir
le vent me chuchote
des mots doux de mimosa
un air oublié ravive mes oreilles
la chanson du temps où on croisait des files d’attente devant les cinémas pas les boulangeries

Avant je croyais que le monde tournait à l’envers
les voitures toléraient les camions sur les autoroutes
aujourd’hui ils s’ennuient sans elles
les avions quadrillaient le ciel
depuis combien de temps

Deux milans s’en donnent à cœur joie
bien heureux de retrouver le calme des cieux
rien que pour eux
le temps semble faire une pause
laissant davantage de place aux pépiements du voisinage
même les enfants s’arrêtent

Comme par hasard
ils jouent à être des statues
demain ou quand je pourrai
j’achèterai du marbre
et j’apprendrai à me tailler sur place
posé près du cognassier
je contemplerai à loisir le sphinx colibri butiner ses fleurs de coins

La nuit peut venir
je n’ai pas froid

samedi 21 mars 2020

Heureusement les enfants

Heureusement pour nous
les enfants savent comment élargir l’espace

Ils contournent les rochers et repeignent les troncs coupés de la rivière à la craie

Laissez-leur un petit couloir et ils alignent les trophées d’une course de grenouilles

Ils se contentent d’un coin de table pour dessiner des menus de fête

Un morceau de carrelage leur suffit pour parcourir le monde et visiter des endroits magiques en lego

Leur imagination est sans frontières

Seuls les adultes peuvent inventer des choses aussi aberrantes que des barrages pour endiguer des torrents de larmes

Si vous perdez contact avec un ami
cherchez encore
il n’est peut-être pas si loin
il est seulement réfugié en enfance
ne vous étonnez pas de me voir avec lui
sauter à pieds joints dans les flaques

vendredi 20 mars 2020

Apprivoiser l’invisible

Comment apprivoiser cette terreur invisible
je vois les traits se raidir
une angoisse sourde nage dans l’ombre

Il me reste un peu de courage
pour prendre mes plumes à mon cou
le cœur empli de la force de ceux qui font face
leur abnégation me tracte
je me retiens aussi à mes correspondances amicales
leur élan m’entraine vers des rivages inconnus
à la découverte des îles de la patience

De précédentes navigations m’avaient offert quelques extraits du monde
de précieuses escales chez de lointains cousins de la même espèce
comment font-ils
se soucient-ils autant que nous de l’invisible

Enfant gâté j’ai toujours été libre d’aller où bon me semble
aujourd’hui l’étau se resserre progressivement
d’abord la culture puis l’éducation
tout du moins les lieux habituels s’éclipsent
quand rouvriront-ils
l’espace rétrécit
tout déplacement charrie son lot d’incertitudes
l’imaginaire dramatise
tandis que de véritables tragédies se jouent
le corps hésite entre recroquevillement et explosion
les uns toussent
les autres tremblent
aurons-nous assez

Et si pour apprivoiser l’invisible on le démasquait
la vie ne manque pas d’ironie
habituellement on cherche à faire tomber les masques
en ce moment on en manque
les héros de la santé font ce qu’ils peuvent
alors qu’ils ont été depuis si longtemps malmenés
seront-ils convenablement remerciés

Autre pan de notre monde en voie de disparition
le contact
les liens sociaux s’agrippent pour le moments
au fil de différentes toiles
bulles électromagnétiques
ondes d’énergie
vagues d’amour
prières sincères
nous enveloppent
à l’assaut de l’isolement
la communication est notre sauveur
je t’entends
tu m’écris
nous nous relions
mais sans contact
la peau se rafraichit
malgré le soleil printanier
malgré les flammes de nos chœurs chantants
le toucher manque

Quand au goût
l’approvisionnement est bancal
les ventres s’inquiètent
certains paniquent

Je me réfugie dans des sphères de silence
le vide semble un bon moyen d’apprivoiser l’invisible

jeudi 19 mars 2020

Farandole

J’ai vu le sablier frissonner dans un souffle
le vent battre des ailes
des papillons fondre croyant que la lumière leur était due
mon amour se réveiller comme au premier jour

J’ai vu un lézard bronzer tranquille ignorant qu’il serait bientôt dévoré par une mante religieuse
J’ai vu de la menthe poivrée pousser en masse avant d’être broutée
J’ai vu des vaches déprimer de ne plus voir passer de trains
des voyageurs s’inquiéter d’arriver à destination
des gares pleines soudain vides

J’ai vu des enfants naitre du néant
J’ai vu des foules danser sur le chaos

Alors je me suis assis
j’ai pensé à toutes les cellules du monde
j’ai pensé à la méduse
j’ai pensé aux micro-ondes
j’ai pensé à mes racines nombreuses
et j’ai entendu la vie crier

JE NE RENONCE JAMAIS

J’ai vu les pierres les plantes les bêtes et l’humanité
je les ai tous embrassés
alors nous avons dansé
dansé dansé
dansé et encore dansé

mercredi 18 mars 2020

Liberté Égalité Fraternité

Quand le monde s’arrête
l’essentiel s’impose

Passée la sidération
et la tentative d’évasion
l’évidence est là
le corps oscille entre peur du vide
et fascination du vertige

Sommes-nous si invulnérables
combien de temps va-t-on tenir
qui s’en remettra

À chaque changement suffit ses pertes

Si le choix était possible
vous reprendriez du risque ou de la sécurité

Nous sommes faits pour marcher
difficile de rester longtemps immobile sans chuter
l’avenir est peut-être à l’horizontal
la distance parcourue en rampant est moins importante
même avec de l’entrainement
l’horizontalité serait-elle la position du futur
pour rapporter nos ambitions à des seuils plus justes
plus bas moins vite plus doux
sous-titre d’une revue dédiée aux traversées en solitaire

Heureusement nous ne sommes pas si seuls
tous dans le même navire planétaire
un paquet d’intelligences reliées par des tas de connexions
de quoi réinventer la liberté
donner d’autres formes au mouvement

Quand le monde s’arrête
ça secoue l’immobilisme
alors retrouvons la verticale et dansons
oui dansons
dans nos têtes
dans nos salons
sur nos îles désertes
dansons avec les oiseaux
les abeilles
les bourgeons

Que nos pas glissent à distance
que nos pieds tracent leurs empreintes
sur nos papiers
que le rythme de nos claviers réjouissent nos mines
que nos rêves agitent nos frondaisons
que le monde s’arrête
qu’il se repose
pendant ce temps dansons
pieds nus dans le sable
sur le tapis
sous la couette
faisons valser carrelages et parquets
que nos intérieurs chantent autant que les nuages

Tout à l’heure j’irai écouter la rivière du bout des orteils
et je clapoterai du bout des ondes pour tous ceux qui ne le peuvent pas

lundi 16 mars 2020

Quoi qu’il en coûte

Une fois parti
Sera-t-il contrevenant
Celui qui compte revenir

Dans l’enfer de ces questions sans fin
Lequel des deux se rassasiera le premier

Quand le doute m’assaille
Rien ne me rassure plus
Que de tomber nez à nez
Avec un pingouin chez les pygmées

Nous sommes tous petits
Nous sommes tous petits
Si petits que bientôt une semelle suffira
Pour nous écraser
Nous sommes déjà à la botte

Quoi qu’il en coûte
Le message est passé
Comme une fouine qui accoste

Alors nous avons pris nos jambes
Et nous les avons repliées
Repliées et repliées encore
Jusqu’à ce que ça craque assez fort
Pour nous donner des cours d’articulation
C’est important l’articulation
Pour se faire bien comprendre

Je répète donc
Quoi qu’il en coûte
Nous mettrons tout le monde en cage
Et tout le monde sera d’accord
Parce que chacun se sentira comme chez soi
Personne ne partira
Il n’y aura donc plus de revenant
Les fantômes n’ont qu’à bien se tenir
Les esprits libres sont une espèce en voie de disparition

dimanche 15 mars 2020

Quel est ce murmure ?

D’abord un silence
Doux simple et pur

Pas pesant
Pas chargé
Quelques notes seulement
Portées par le vent

Une petite fuite
Une petite fugue
Comme il serait tendre
De la laisser s’étendre

Autrefois le tumulte régnait
Une agitation folle
Bruyante lancinante entêtante
Le flot incessant fluait
Sans relâche

Demain peut-être
Le cœur s’apaise

J’y suis
J’écoute

La vie la vraie !

La vie n’est qu’un jeu
De la terre à l’éther
Les pétales sont des jupes qui éclosent au printemps
La chair se rit de tout
Survit sans rancune

Sublime de l’humus à la lumière
Métamorphose les corps
Ose survivre au sauvage
L’apprivoise

La vie la vraie la grande
La foisonnante
L’Amazonienne
L’âme la zone
Sans haine
Un flash électrique
Brun-bleu sur vert intense

Les racines s’enchevêtrent
Sur un air de terre
Un feu léger rayonne
La vie la vraie chantonne

Voici mes fruits #1

Sauvages et cultivés
Voici mes fruits
Souriants et chauds comme un café

À portée de main sans attente
Mes fruits

Oiseaux
Mes fruits sont des rencontres

S’émerveillent du superflu des graines
Dansent à tous bouts de champs
Philosofruits

Mes fruits s’écoutent
Ils n’ont pas froid aux yeux
Mes fruits rient

Mes fruits

Je suis un printemps

Je suis un printemps comme-ci
Je suis un printemps confetti

Un printemps de pleurs
Un printemps de ris

Nous sommes les pièces d’un puzzle sans bordure

Je suis un printemps sans cadre
Hiérarchie et autorité sont enfermées en novembre

Le silence nous rassemble
Qu’importe le contact

Je suis un printemps de plus
Je suis un printemps de mieux

jeudi 12 mars 2020

Facho'n victim

Ce printemps la tendance est à l'écart type
les tètes hésitent entre les boucles platines et les câbles gainés de cuir
les décolletés ouvrent de grands yeux
sur des sourires selfixés
tandis que se déhanchent de fines échasses enslimées
sur lesquelles flottent nonchalamment des voiles de chairs fulgurantes
et les corps défilent tant qu'ils peuvent
en attendant l'immobilisme général
les généraux justement se frottent la cravache
rien ne leur plait plus que des rues vides et bien rangées
à part bien sûr un bain de sang

où surnagent femmes et enfants fraichement abattus
la mode est donc à l'écart type tendance zéro
le premier qui sort pieds nus en dehors des clous sautera sur une mine BFM Bien Fait Mec
car enfin les télés investissent ouvertement dans leur fond de commerce préféré producteur de chair à canon
allez les types sans écart
allez giclez sur d'autres trottoirs
laissez ces chers enfoirés parader la bride courte et le talon claquant
histoire d'enrichir la statistique
encore des dizaines de giclés today
les généraux l'avaient bien dit
ça commence par une boule au ventre
l'écart se creuse
le type explose
et la foule n'est pas encore assez habituée pour ne pas râler à cause des éclaboussures
résultat
no risque
parquez les tous
si tu bouges t'es mort
alors pour garder la tète sur les épaules
les épaules sans pellicules de viandes négligées
la viande bien mise
la mise réglementaire
la lambottine vernie
pas d'écart
chics types
et rendez-vous la saison prochaine
pour les nouvelles tendances
slip sur les têtes et poils sous les bras
l'anarchie contaminera l'ENA

mercredi 11 mars 2020

Explorations oniriques

Avant de partir ou au retour d'explorations oniriques
mes doigts bavardent incessamment
ils enfoncent des portes ouvertes
claquent des becs
et répriment quelques hoquets
pensant bien faire
feignant de le croire au moins
commentent en experts les épreuves a venir
s'étonnent des combats gagnés
et rient des acrobaties inédites
mes yeux n'en croient pas leur trouble
monnaie de singe déboursée au premier krach
branche victime d'une pichenette de vent
mes oreilles s'habituent à ces chuchotements
crépités du bout des pulpes
ma peau s'imprime de ces chroniques
testées dermatologiquement pour éviter tous rejets liés à d'éventuelles surenchères d'enchevêtrements
le temps s'avoue alors vaincu
l'espace se lamente de ne contenir que dix-neuf chaises
mais la bonne idée se réjouit de s'assoir sur les genoux de la bonne nouvelle et le débat est ainsi clôt au delà de toute espérance

mardi 10 mars 2020

Le cours des choses

Le cours des choses contourne mes obstacles
rien de tel que le mensonge
pour imaginer des mondes meilleurs
remplacer la platitude par du relief
si tout recommençait je ne changerais rien
le sourire ne bougerait pas
resteraient ses rides à la signature des joues
les amitiés sacrées
même si la certitude de leur trahison s'immisçait
les cartes postales ne jauniraient pas
tant que mes yeux resteraient clos
pourtant la Beauce n'est pas si plate
le nier serait jeter ceux qui la peuplent aux enfers
avec les os brisés de chagrins silencieux
faut-il que la saveur des choses soit si douce
pour vouloir à ce point la pimenter
enfermez un chaton dans une cave sans soucis
il vous rapportera des centaines de rats
l'ennui est le plus puissant des fertilisants
son apparition sur Terre a précédé la première cellule
depuis la vie a crû
le souci avec la croissance
est que la surproduction cellulaire finit par coloniser tout l'organisme
l'effondrement est la suite logique
à moins de laisser la raison dominer la passion
autant demander à une liane de chercher la lumière sous l'humus
plutôt crever que ramper
pardonnons donc à l'esprit son orgueil
comment supporter le manque de brio d'une pauvre existence
quand de si riches expériences sont offertes
et si elles viennent à manquer
inventons-les
oh ne jouez pas les vierges effarouchées
sauf si un cœur dénué de corruption apparait soudain
qu'importe ce ne sera pas le vôtre
curiosité et gourmandise pourraient compléter l'attirail pour habiller nos contes à dormir debout
les nuits prendraient leurs aises
drapées dans de fausses fourrures
nous irions danser
jusqu'à des aubes aux contours spectaculaires
les tentures rocailleraient sur les pavés
et je refuserais encore la salutation au sommeil

lundi 9 mars 2020

Qui a dit que l'âge de raison a ses bonheurs que le cœur n'attend pas ?

Le matin je me réveille palpitant
des nuées de brumes
envoutent mes plantaires
parmi les effluves innocentes
à midi je pique nique sur le pouce
sans me soucier du lendemain
au milieu de personne
le soir m'éclaire de ses feux
attisés par tant de voyages célestes
après une journée de vies bien remplies
la nuit mes rêves distillent mes histoires
cisèlent des bulles
préparent d'autres existences
aménagent des cellules ouvertes à tous les vents
de quoi satisfaire les appétits les plus grands

dimanche 8 mars 2020

Le tour du propriétaire

Après avoir fait le tour du propriétaire
je confirme mon allergie à l'égobsession
ça démange à tout foutre en l'air
dès les premiers symptômes
je suis prévenu
mais rien ne justifie l'alerte pandémie
quoique
sans chacun son pré carré
les amours seraient moins précaires
et les amants seraient moins cons
on y verrait plus clair
on serait si ce n'est mieux
au moins pas moins bons
ce serait déjà pas mal
continuons donc
à lâcher du lest
à déraciner les murs
à vaciller les fondations
les remparts de certitudes sont fait pour être traversés
les passe-murailles cesseraient de faire des courants d'air si on faisait sauter les barrières


à vos marques

prêts
partez
grande course de clôture
l'espace s'élance sur la piste
les limites s'étirent
les étendues s'étalent
sans se soucier du chrono
l'horizon se paie le luxe de s'offrir du temps
zénith, aube et crépuscule se rassemblent
pour des conversations sans fin
aucun ne veut laisser la vedette
pourtant cette chimère
n'est qu'un mensonge de plus

samedi 7 mars 2020

El tiempo está al otro lado

Le temps est de l'autre coté
un tempo oublié
un rythme perdu
pour le meilleur
une impatience envolée
et pour le pire
sans regret
un tempo consommé
sans modération
une vie de mèche brulée par les deux bouts
une chanson sans nostalgie
un tango bien dansé
malgré des pas maladroits
un air enjoué
des refrains pardonnés
des histoires d'amour sans fin
le chemin d'une vie
sans rancune
mais de bonnes mémoires
vives pleines
comme le cœur
à la hauteur d'un océan
venu lécher des volcans
sous un ciel amical
bordé de rose
sur une terre bouillante de faveurs
des trésors à renverser une couronne
de quoi réduire tout égoïsme en cendres
alors quoi
que reste-t-il de mes amours
des palpitations
jusqu'à ce que mort s'ensuive
les donneurs de leçons s'en iront les pieds devant
avant moi
ne m'attendez pas
je ne voudrais pas vous ralentir
laissez-moi écouter le chant du monde
heureux ceux qui l'entendent

vendredi 6 mars 2020

Éboulis de fleurs

Éboulis de fleurs
déballage de cœur
offert avec maladresse
petits paquets de tendresse et d'humeurs
autrefois conquérant explorateur
combien de générations pour pardonner au colonisateur
devenu chercheur en heures promises
les vents soufflent de côtes exquises en vallées d'extases
navigant sur des océans d'insouciance
à bord de frêles esquifs
inévitablement échoués sur des grèves fouettées par les éléments
quelques vivres et un radeau
pour rejoindre des comptoirs plus prospères
d'ici partiront plusieurs tours de terre
de chutes en rebonds
de coups de cœurs en gnons
un temps de pause pour apaiser les valises
puis cap vers les marquises
iles de la passion
archipel d'amour
le vrai
intemporel
dans ses bras
comptez jusqu'à Z
vous ne rêvez pas
il est bien à portée de peu
généreux
infini
jusqu'ici cherché ailleurs
finalement partout
à partager sans retenue
entier
parfum permanent
diffusé sans relâche
inspiration
insatiable gourmand

jeudi 5 mars 2020

Tourner autour du pot

À tourner autour du pot
cent fois les mains dans les poches
mes semelles s'ennuient sans les roches
j'ai l'horizon qui me démange
la fuite en avant qui s'impatiente
le temps traine
le temps tapine
le trampoline
le temps trépigne
à l'assaut d'espaces sans issues
sursauts sur soi
roulés boulés repris de justesse
autogire
c'est le pompon
un tour gratuit à chaque cercle qui s'éloigne
le rotor n'a pas dit son dernier mot
suffit de demander poliment
l'idée fera son chemin
avec ou sans carburant
tant que la dignité va
sinon la pression pousse au plongeon
le point de non retour
risque possible
ou réussite qui sait
tu auras beau le crier sur tous les toits
les pigeons continueront de voler à roucoulons
ballet domestique
tandis que les étourneaux s'étourdissent en volutes sauvages
ascensions aspirées par des velléités de liberté
à contre courant
en regardant la lune en face
débonnaire et sournoise
mais où va-t-on
et quand
jusqu'au bout supposons
sinon à quoi bon

mercredi 4 mars 2020

Il est des lieux comme ça

Rien ne nous attend
rien ne nous oblige
laissons les lettres s'assembler à leur guise
scrutons nos secrets
l'air de rien
le premier qui cafte sera pendu


il est des lieux comme ça

il vaut mieux ne pas être


celui qui fait comme on a dit
ne s'en tire pas forcément mieux
que celui qui pas
si t'es cap ne reste pas
quitte à te trahir
la vie oblige à faire des choix
tant que le soleil brille
sourit
peut-être demain la ville brûlera
comment ne pas être amer
de tant de haine
pourquoi la réponse à l'amour est si souvent la folie