Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

vendredi 20 mars 2020

Apprivoiser l’invisible

Comment apprivoiser cette terreur invisible
je vois les traits se raidir
une angoisse sourde nage dans l’ombre

Il me reste un peu de courage
pour prendre mes plumes à mon cou
le cœur empli de la force de ceux qui font face
leur abnégation me tracte
je me retiens aussi à mes correspondances amicales
leur élan m’entraine vers des rivages inconnus
à la découverte des îles de la patience

De précédentes navigations m’avaient offert quelques extraits du monde
de précieuses escales chez de lointains cousins de la même espèce
comment font-ils
se soucient-ils autant que nous de l’invisible

Enfant gâté j’ai toujours été libre d’aller où bon me semble
aujourd’hui l’étau se resserre progressivement
d’abord la culture puis l’éducation
tout du moins les lieux habituels s’éclipsent
quand rouvriront-ils
l’espace rétrécit
tout déplacement charrie son lot d’incertitudes
l’imaginaire dramatise
tandis que de véritables tragédies se jouent
le corps hésite entre recroquevillement et explosion
les uns toussent
les autres tremblent
aurons-nous assez

Et si pour apprivoiser l’invisible on le démasquait
la vie ne manque pas d’ironie
habituellement on cherche à faire tomber les masques
en ce moment on en manque
les héros de la santé font ce qu’ils peuvent
alors qu’ils ont été depuis si longtemps malmenés
seront-ils convenablement remerciés

Autre pan de notre monde en voie de disparition
le contact
les liens sociaux s’agrippent pour le moments
au fil de différentes toiles
bulles électromagnétiques
ondes d’énergie
vagues d’amour
prières sincères
nous enveloppent
à l’assaut de l’isolement
la communication est notre sauveur
je t’entends
tu m’écris
nous nous relions
mais sans contact
la peau se rafraichit
malgré le soleil printanier
malgré les flammes de nos chœurs chantants
le toucher manque

Quand au goût
l’approvisionnement est bancal
les ventres s’inquiètent
certains paniquent

Je me réfugie dans des sphères de silence
le vide semble un bon moyen d’apprivoiser l’invisible