Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mercredi 31 mars 2010

Recyclage

A partir de 3 pages de textes (Laure Adler écrit sur Marguerite Duras / article sur la démographie et la consommation du Monde / courrier des lecteurs) trouvez une méthode pour écrire un texte. Simple couper-coller ou détails issus de ces textes rassemblés pour composer sur un sujet qui vous concerne.


LA FUITE DU TEMPS, UNE FATALITE ?
Aujourd’hui le temps passe plus vite qu’avant. Je suis très fatigué et je sens bien qu’un courant océanique engouffre tout sur son passage. Progressivement je ne m’ennuie plus de rien. La vitesse, la maîtrise, m’épuisent, m’empêchent de marcher. Je suis de bonne foi. Sans doute ai-je tort. Je pense que c’est juste. Que faire ?

Louis B. (Versailles 78000)

Cher Louis,
Il suffit de commencer ! À la question : « aspirez-vous à un nouveau modèle temporel ? » 40% des plus de 50 ans se déclarent pessimistes ou au contraire, face aux dérives qui se sont produites répètent à l’envi « je désire en construire un autre ». Culture et loisirs ont fait leur temps, amplifiant la morosité, creusant les inégalités, dégradant le désir. Frugalité, recherche du moins, peur du trop ? Brutalisez l’indiscipline, accordez votre confiance ! Mangez, dormez et rappelez-vous que, au moins, tout cela n’empêche pas de faire des bébés, même tardivement.

Madame Soleil


Atelier d’écriture animé par Emmanuelle Pireyre -
Saute Frontière/Médiathèque de Saint Claude - 31/3/10

mercredi 24 mars 2010

Développement

Ça pousse

Le développement c’est toujours la même chose : on en parle mais on ne fait rien


Ça gonfle

On ne fait rien mais malgré tout il y en a partout et tout le monde est concerné


Ça amplifie

Au début c’est petit, ça a besoin de manger pour grandir, puis ça ne veut pas ci ou ça


Ça stagne

Un jour ça fait la grève de la faim comme si ça avait le choix


Ça explose

Au final, ça finit par énerver tout le monde, alors c’est la révolution, on se bat et tout brûle


Ça repousse



Atelier d’écriture animé par Emmanuelle Pireyre -
Saute Frontière/Médiathèque de Saint Claude - 24/3/10

mercredi 17 mars 2010

Liste de portes

Après plusieurs mois de grincements intempestifs j’ai enfin remis la main sur la burette d’huile avec laquelle j’ai coupé le sifflet à toutes ces portes mal engondées !

Une porte qui claque 50 fois CLAC sans un mot faut pas bouger. Les VRP

Attention une lessive qui tourne mal peut marquer une porte à vie.

Le trou en bas de cette porte, témoin d’une nième chamaillerie fraternelle.

Villeurbanne, 43m² et les genoux dans la porte quand on s’assoit aux wc.

Tiens, Stef s’est encore retourné le pouce dans la porte.

Une seule idée en tête : la porte, la porte, la porte. Ricet Barrier

Portes bleues à clous dorés
Portes noires capitonnées à lucarne. Privé
Porte à Juda, œil exorbité
Portes à coulisses
Portes à barillets
Portes à clés
Portes « entrez sans frapper »
Portes « attention au chien »
Porte à boite aux lettres
Porte en tek
Porte en pin
Portes secrètes
Portes sans fin

Atelier d’écriture animé par Emmanuelle Pireyre -
Saute Frontière/Médiathèque de Saint Claude - 17/3/10

mercredi 10 mars 2010

Un jour…

Listez les traits de caractère d’une personne que vous connaisez, des détails, des anecdotes.
Puis, à la manière de Valérie Mrejen pour l’efficacité et les détails et de Charles Pennequin pour la poésie, établir une liste de un jour, au présent, à propos de cette personne.


Un jour elle rit pour un rien
Un jour elle écoute en faisant « mmmmh » (souvent)
Un jour elle dit « en fait » et « si t’aime mieux »
Un jour elle tourne de la terre
Un jour elle voyage un peu partout
Un jour elle roule tellement lentement que le Velo’v bipe avant d’arriver
Un jour elle te présente des japonaises, un coréen, un guinéen, un ivoirien et un marocain
Un jour elle cuisine des chèvres aux poires
Un jour elle porte une bague verte comme une chenille en boule
Un jour elle m’offre une tasse en terre cuite qu’elle a faite elle-même
Un jour elle redonne vie à un manteau
Un jour elle s’énerve fort contre les injustices
Un jour elle n’emmène pas son neveu au Parc Aventure parce qu’il est malade
Un jour elle mange sénégalais, coréen et malgache
Un jour elle parle des tocs pendant 3 jours
Un jour elle penche sa tête comme ça
Un jour elle tapisse son salon de fleurs
Un jour elle apporte des pâtisseries
Un jour elle nous répète pour la 100ème fois le code pour entrer
Un jour elle dit que Marie a mal aux dents
Un jour elle s’inquiète du sort des producteurs laitiers
Un jour elle fait une balade en raquettes sans raquettes
Un jour elle porte son chèche comme une touareg
Un jour elle se marie
Un jour elle divorce
Un jour elle manifeste pour soutenir les sans-papiers
Un jour elle fête l’anniversaire de sa tante bonne sœur en Afrique
Un jour elle déménage à la campagne
Un jour « Ayi’iiiiiiiiiiii »
Un jour ses yeux en demi-lune rebondissent autour de sa bouche toute ronde qui fait « Nonnnnnnnn ! »
Un jour on essaye plusieurs fois de lui voler sa voiture
Un jour elle a peur du noir
Un jour elle vit avec un noir
Un jour elle rentre toute seule le soir
Un jour elle a hâte qu’on arrive
Un jour elle se fait engueuler par la femme qui la frotte au hammam
Un jour elle achète un appartement
Un jour elle ouvre une brune du Pilat
Un jour elle ressemble à Sabine Azéma
Un jour son père se débarrasse enfin de son boulot
Un jour elle rencontre un homme formidable
Un jour elle berce ses chanceux enfants


Atelier d’écriture animé par Emmanuelle Pireyre - Saute Frontière/Médiathèque de Saint Claude - 10/3/10

mercredi 3 mars 2010

Bouvard

Imaginez les traits qui caractérisent un personnage dont le nom est écrit sur un bout de papier, interviewez quelques uns des personnages choisis par vos collègues d'atelier, écrire sur l’un de ces personnages à la manière de Thomas Bernhard (sorte d’énervement fait de spirales, de ressassements énergiques…).

Et voilà que ça recommence ! Depuis les beaux jours ça n’arrête pas ! Du matin au soir, dès que les fenêtres du voisin s’ouvrent, la cacophonie démarre. D’abord la télé, assez forte pour être entendue depuis toutes les pièces de la maison sans doute, puis les portes qui claquent, les couverts jetés dans le tiroir d’un meuble certainement en formica et lorsqu’il a épuisé tous ses instruments de cuisine, les appareils ménagers et rangé sa caisse à outils il se met à maltraiter son vieux piano qui au passage ne doit pas avoir une seule corde convenablement tendue, à moins que ce ne soit les feutres des marteaux qui ont tous disparu ?

Ce bruit incessant dure tout le jour, jamais un silence, parfois il tousse, grommelle puis crache, il aurait la tuberculose que ça ne m’étonnerait pas. Jamais je n’aurais imaginé un tel raffut cet hiver lorsque j’ai visité la maison. Le quartier était calme, la maison d’à côté semblait vide et je me souviens maintenant que les fenêtres étaient fermées, sans doute à cause du froid qui gelait tout ce jour là. Evidemment l’agent immobilier s’était bien gardé d’évoquer les penchants sonores de mon futur voisin et m’avait plutôt vanté la qualité de vie dans le quartier, le plaisir que j’aurais à profiter du jardin l’été, le léger clapotis de la rivière qui coule en bas du terrain. Cet escroc avait même trouvé l’opportunité de me préciser que M. Bouvard, mon voisin, vivait seul, sans enfant et avait semble-t-il de bons rapports avec les autres voisins. Forcément, leurs terrains sont tellement grands qu’ils habitent à 500m et en plus d’épaisses haies les protègent du vacarme.

Ce que mon agent immobilier avait également omis de me préciser il y a quelques mois lorsque j’avais visité ma future maison c’est que M. Bouvard a des neveux qui ont hérité des gènes musicaux de leur oncle. Leur plus grand plaisir est de massacrer les airs les plus connus avec tonton qui n’a définitivement aucune oreille musicale (en a-t-il seulement une tout court ?!), et ce, à grand renfort de guitares électriques et d’amplis saturés qui, malgré la hauteur vertigineuse du volume ne parviennent pas à couvrir le martèlement sauvage du piano déraillé de mon cher voisin.

Ce type est probablement fou. La seule fois où je l’ai croisé (il sort très peu et visiblement ne profite pas de son jardin en friche), son regard perdu m’a glacé d’effroi.

Je n’en peux plus. Je ne vais pas supporter ça tout l’été, ni les suivants d’ailleurs ! Haaa ce bruit ! Cette télé ! Ce piano ! Pitié !!!

Je ne vais quand même pas déménager, je viens de m’installer et puis de toute façon je n’aurais pas les moyens avec les frais du déménagement, la caution, etc. Et puis je me vois mal aller lui parler, il me fait carrément flipper et peut-être qu’il est sourd vu comme il joue.

Et si je m’en débarrassais ? Elle a l’air profonde cette rivière…

Atelier d’écriture animé par Emmanuelle Pireyre -
Saute Frontière/Médiathèque de Saint Claude - 3/3/10