Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

jeudi 8 décembre 2016

Pépé

Aucune photo jaunie ne peut raconter cette manie que tu avais de touiller ton café alors que jamais tu ne le sucrais
Aucune photo jaunie ne saurait chanter cette mélodie

« Elles se font toutes couper les ch’veux, parce que c’est la mode et c’est tant mieux »
À l’époque où tu chantais, aucun portable ne filmait
Mais si youtube avait existé, tes yodles auraient été un succès
Aucune photo jaunie ne mesure les kilomètres que tu parcourais à pas comptés comme des années égrenées au fil du temps arrêté
Aucune photo jaunie, Pépé, pour rappeler tes séances de gym et de yoga matinal
Aucune photo jaunie mais un cœur d’or, toujours là, comme une escale


Atelier d’écriture, Saint-Georges-les-Bains, jeudi 8 décembre 2016
où j'avais proposé d’écrire à partir d’une couleur associée à un souvenir.

mercredi 7 décembre 2016

Souvenir monochrome


C’était une famille d’un instant
Des pas glissants dans les feuilles rousses
Des notes chaudes et douces
Sur des collines de thym chantant
Un chœur tapis portait une voix offerte au paysage
Et le soir quelques noix, des terrines et des jeux sans âges

C’était une famille d’un instant
Cousue de traditions d’Italie, de Géorgie et d’Ukraine
Les voix s’unissaient en un souffle
Résonnant comme une nef

C’était une famille d’un instant
Dont le parfum reste
Une éternité
Bref


Atelier d’écriture, Crest, mercredi 7 décembre 2016
où j'avais proposé d’écrire à partir d’une couleur associée à un souvenir.

lundi 5 décembre 2016

Écrire un arbre

Arbre
Arbre mon frère
Vieille branche
Attrape-moi par la manche
Enracine-moi près de toi
Dévoile-moi ce que tu caches sous ton écorce
Laisse-moi goûter ta sève
Laisse-moi écouter ta force
Sentir ton histoire
Parcourir tes cernes
Remonter le temps
Te retrouver plantule
Frêle tige ornée d’hélices vert tendre
Prêt à décoller
Au pied des géants
Tu t’arc-boutes au moindre coup de vent
Par chance des rayons te parviennent
Perçant les frondaisons
Alors tu te dresses
Inspire
Expire
Tu photosynthétises à tour de branches
Hier un chevreuil a mangé ton petit frère
Et tout à l’heure tu as vu ton voisin déterré par le groin d’un sanglier
Vaille que vaille toi tu pousses
Tu prends ton temps
Un bourgeon par-ci
Une nouvelle tige par-là
Et ta peau s’épaissie
Tu t’endurcis
Pour te couper bientôt il faudra une scie
Mais tu pleures
Un grand gaillard comme toi
Allons tu es superbe
Ton feuillage resplendit
Pourquoi ses larmes de sève
Mais si tu te réveilleras après l’hiver
Comme à chaque fois
Et oui promis je vais leur demander
De te garder un peu d’air propre
Pour ton réveil


Atelier d’écriture, Portes-lès-Valence, lundi 5 décembre 2016
où j'avais proposé d’écrire un arbre.

samedi 3 décembre 2016

Voyage entre soi et le monde

Avis aux amoureux de la plume et du voyage !
Ne manquez pas le stage d'écriture, samedi 3 et dimanche 4 décembre,
à la MJC de Portes-lès-Valence.

Au cours d'explorations intérieures et extérieures, consacrées à écrire dehors, dedans, sur soi et ce qui nous entoure... ce stage nous permettra d'aboutir à un carnet de voyage de ces deux jours de balade au fil des mots.

Ambiance conviviale comme d'habitude, saupoudrée d'émotions, dans un esprit ludique et toujours poétique !
De 10h à 17h - Possibilité de pique-niquer sur place.
60€ par personne pour les 2 jours.

Renseignements et inscriptions : 04 75 57 00 96

Au plaisir de partager avec vous cette expérience !

Souvent, un son entendu ici, un parfum croisé là, une image rencontrée au hasard, nous replongent dans un souvenir lointain.
Et si ce souvenir nous transportait, maintenant, dans un futur proche ?
Une exploration intérieure en écho à ce qui nous entoure.
Un parcours alentour qui résonne avec ce que l'on porte à l'intérieur de soi. L'écriture comme un pont entre soi et les autres. Entre soi et le monde.


 

jeudi 24 novembre 2016

Portrait d’un sens

Que serais-je sans vous ?
Si ma vie s’arrêtait à des couleurs
Des textures des saveurs
Elle serait riche déjà
Mais sans ces vibrations
Sans ces sons
Sans ces chants
Sans ces mots susurrés

Que serais-je sans ces histoires entendues ?
Sans ces accents qui m’ont bercé
Ces chaises de bois qui couinaient chez Mémé
Mon enfance aurait-elle eu le même relief sans les roucoulades des poules
Sans la musique du marchand de glaces
Sans les Platters crépitant sur le tourne-disque de mes parents

Que serais-je sans mes oreilles ?
Si je ne les avais pas
Comment apprécier le glissé des archets
Comment vibrer aux sons des cors et du trombone si chauds
Mon cœur serait-il aussi plein
Ma vie serait bien vide sans vous

Les noix ont-elles le même goût si elles ne craquent pas ?


Atelier d’écriture, Saint-Georges-les-Bains, jeudi 24 novembre 2016
où j'avais proposé de rédiger le portrait d’un sens.

jeudi 10 novembre 2016

Faire corps

Silhouettes sauvages et majestueuses
cuirassés gris vrombissants sourdement
comme une tempête au fond d’un gouffre

Vos pieds lourds caressent la savane
vous dépoussiérez les herbes hautes
de vos oreilles volantes

Ô peuple intelligent sage et paisible

Vous pouvez entrer dans des colères effrayantes
et face au danger
lancer l’alerte
de grand coups de trompettes

Faire corps
Faire preuve d’esprit de groupe

Mais que sera le monde sans vous
lorsqu'aura sonné l’heure de votre extinction
et que vous aurez été exterminés
par ceux qui vous massacrent
pour voler vos mortelles protections


Atelier d’écriture, Saint-Georges-les-Bains, jeudi 10 novembre 2016
où j'avais proposé de rédiger un portrait métaphorique d'un animal qui nous est proche.

Devinette #5

Inspirer
Tendre ses muscles
Jouer de ses ressorts
Puis glisser tel un voilier
Porté par la musique du vent
Libérer son corps comme un vol de goélands
Rire des tempêtes
Pleurer comme une mouette
Et plonger en souplesse
Sauter
Tigre papillon sable
Immobile
En rythme
Avec ou sans élan
Reprendre souffle
Répéter le mouvement
Eclore encore
Renaître arbre
Au milieu d’un chant


Atelier d’écriture, Saint-Georges-les-Bains, jeudi 10 novembre 2016
où j'avais proposé de rédiger une devinette au sujet d’un verbe.

mercredi 9 novembre 2016

Luna

Petite chose
fragile
balle de coton

posée sereinement comme un étang couvert d'automne
invitation à la paix
caresse sur un pelage chaud
plongée dans un tapis touffu
clair et obscur

illuminé par deux yeux brillants
coiffée de petites oreilles aux aguets
prête à bondir
toutes griffes dehors
avec la souplesse d'une volée de notes de violoncelle

et la grâce d'une danseuse indienne
jouant les féroces
avant de se rendormir
pour de longues heures
comme si de rien n'était


Atelier d’écriture, Crest, Mercredi 9 novembre 2016
où j'avais proposé de rédiger un portrait métaphorique d'un animal qui nous est proche.

Devinette #4

Imaginez que vous marchez pieds nus dans un champ de fleurs au printemps. Vous allez dormir là, sous les étoiles et on vient vous offrir les clés du firmament. C’est comme si vous aviez repéré une framboise et que vous attendiez qu’elle soit mure à point ou comme si vous caressiez le duvet d’une pêche juste cueillie.
A moins que vous ne soyez allongé sur la mousse souple d’une clairière un après-midi d’été indien.
C’est aussi comme sortir sans parapluie un jour de novembre.
Goûter son plat préféré pour la première fois.
Goûter son plat préféré pour la première fois.
Goûter son plat préféré pour la première fois.


Atelier d’écriture, Crest, Mercredi 9 novembre 2016
où j'avais proposé de rédiger une devinette au sujet d’un verbe.

jeudi 13 octobre 2016

Derrière la porte

Si ma grand-mère était une porte
je pourrais l'embrasser
lui claquer
la bise

Elle serait campée sur ses gonds, solide, la clenche ferme, entrouverte pour manifester souvent son bonheur d'accueillir. Sauf la nuit, bien fermée.
Bon aujourd'hui, elle serait sans doute vermoulue mais autrefois elle aurait certainement été bien astiquée, en bois, lessivée au savon de Marseille et protégée par une belle couche de cire d'abeille.

Si ma grand-mère était une porte,
elle serait bleu-marine et me ferait des tartines, de la bouse d'ours et du riz au lait. Elle serait une porte gourmande et ouvrirait à la fois sur le poulailler poussiéreux, le jardin fleuri, couronné de mirabelles, le grenier mystérieux, la chambre fraîche et humide.

Si ma grand-mère était une porte,
elle serait chatouilleuse et rirait volontiers au lieu de grincer. Et elle vous verserait de la gnôle sur un sucre pour vous faire passer l'envie de tousser !


Atelier d’écriture, Saint-Georges-les-Bains, Jeudi 13 octobre 2016
où j'avais proposé de rédiger un texte inspiré par la citation de Christian Bobin : "Ecrire, c'est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l'ouvrir." Mais qu'y a-t'il derrière cette porte ?

lundi 10 octobre 2016

Devinette #3

Mystérieux comme un oubli
il se laisse porter par les courants
rejoignant bientôt son troupeau, discipliné
il s’en va marquer la frontière entre nous et l’infini

Tantôt gris doré rose ou orangé
il est le miroir de l’humeur du jour

Léger comme un sourire enfantin
il est l’écume céleste, le ressac aérien
et toujours il offre à nos yeux
son aspect cotonneux de nid des cieux


Atelier d’écriture, Portes-lès-Valence, Lundi 10 octobre 2016
où j'avais proposé de rédiger un texte sur un objet, sans le nommer, inspiré de "La nuit" de Queneau.

mercredi 31 août 2016

Vive la rentrée !

YOUPI ! Les ateliers d'écritures reprennent ! On va pouvoir de nouveau récolter les fruits de notre imagination, laisser aller nos pensées sur le papier, surfer sur les vagues de nos souvenirs pour écrire la poésie de notre vie...

Au plaisir de vous retrouver !

à Crest, dans les locaux de Crest'Actif,
les mercredis 18h30-20h tous les 15 jours à partir du 21/9/16
(quai Bérengier-de-la-Blache, près du cinéma l'Eden)

à Saint-Georges-les-Bains, avec la MJC 3 Rivières,
les jeudis 18h30-20h tous les 15 jours à partir du 22/9/16
(dans la salle "Au cœur de Saint-Georges", près de la fontaine)

à la MJC de Portes-lès-Valence,
les lundis 18h30-20h tous les 15 jours à partir du 26/9/16
(rue Louis Aragon, près de la Médiathèque et du Train Théâtre)

Autres dates à noter dans vos agendas :

stage d'écritures les 3 et 4 décembre
à la MJC de Portes-lès-Valence.

Un coup de cœur pour cette rentrée ? La couleur de l'océan, excellent film qui raconte l'histoire d'une jeune femme qui décide de venir en aide à deux clandestins...

Et pour ceux qui ne l'auraient pas encore parcouru,
découvrez le  Recueil "Haïkus en balade" 

Bonne rentrée à tous !

jeudi 30 juin 2016

ASSEZ

Assez
Assez de sang coulé
Assez de corps coulés
Assez d’hommes torturés
Assez de femmes battues
Assez d’enfants violés
Assez de civils assassinés
Assez d’ethnies nettoyées
Assez de peuples disséminés
Assez de populations déplacées
Assez de cultures assimilées
Assez de régions dévastées
Assez de foules mitraillées
Assez de rues en larmes
Pitié faites taire les armes
Assez de peur
Assez de colère
Assez de pleurs dans leurs chairs
Assez de pouvoir
Assez de territoire
Assez d’espoirs exterminés
ASSEZ !

Mon cœur pleure
Ma peau pleure
Mes ongles pleurent
Mes cheveux pleurent
Ma rivière pleure
Mes arbres pleurent
Ma terre pleure
Bientôt à sec
Bientôt en miettes
S’effrite
Pulvérisée de tristesse
Il faut que ça cesse
Cesser le feu
Assez d’or noir
Pour nous engluer
Tous collés au trottoir
Assez de plomb
Mes ailes se brisent
Que voulez vous que je vous dise
Quelqu’un peu débrancher la prise
Changer de courant
Passer à l’alternatif
Stopper le massif
Alléger
Jouer collectif

Caresser
Doucement
Câliner
Tendrement
Adoucir
Le vent
Apaiser
Le feu
Embrasser
La foule
Assez de houle
Assez de tourment
Assez de toutes ces ombres aux enterrements
Plonger dans la vie
Un pour tous
Pas tous pourris
Assez de riz
Assez d’eau
Un pour tous
Pas tout pour dix
Un peu de ça
Un peu de ci
Un peu pour toi
Un peu pour lui
Assez d’air
Pour tous
Assez de temps
Pour tous
Assez d’espace
Pour tous
Assez de joie
Pour tous
Assez d’amour
Pour tous les jours
Assez


Assez pour
Que nos voix s’élèvent
Que nos corps deviennent violoncelles
Que nos esprits parlent aux hirondelles
Que nos âmes s’unissent dans un souffle

Un souffle pour faire chuter le cours des corps
À la bourse aux réfugiés
À quand le crach des camps ?
L’Histoire se souviendra-t-elle alors
Des limbes où tant d’âmes survivent encore ?
Depuis si longtemps
Trop longtemps
Assez longtemps

Assez


Texte composé un matin sans humour et déclamé à la soirée Slam-poésie du Cause Toujours à Valence le 30 juin 2016 (ou plutôt dans le parc Saint Ruf pour cette exceptionnelle soirée de clôture en plein air !)

samedi 4 juin 2016

Haïkus en balade

Le 21 avril dernier, une douzaine d'amoureux des mots se sont réunis à Saint-Georges-les-Bains pour une balade autour des haïkus. Ces courts poèmes, inspirés de la tradition japonaise, expriment une émotion, ressentie face à la contemplation de la nature. Le haïku peut être drôle, léger, parfois frivole. Souvent, il évoque le moment qui passe et qui émerveille ou qui étonne. Cliquez sur le lien suivant pour découvrir une sélection des haïkus produits lors de cette balade : Recueil "Haïkus en balade"

jeudi 12 mai 2016

Boule à neige

Aujourd'hui, jeudi 12 mai 2016, je vis dans une boule à neige... Des flocons volent en tout sens. Pourtant je n'ai pas remarqué que le village avait été mis sous cloche. Je n'ai pas non plus eu la sensation que le monde avait été brusquement retourné. Cependant, aucun doute, dehors il neige. Ça n'arrête pas. C'est une valse continue de duvets immaculés. Passé la stupéfaction - bon sang, il n'y a vraiment plus de saison - je prends mon courage à deux mains et j'ouvre la fenêtre. La tempête s'engouffre et je me retrouve couvert de la tête aux pieds. Je referme brusquement. J'ai eu juste le temps d'identifier la source de cette avalanche : un peuplier voisin en plein débourrage ! à vos souhaits !

jeudi 5 mai 2016

HYPOCRISIS

L’hypocrisie est une fleur plantée au jardin de la haine
Cultivée par quelque jardinier trahis
Envouté par son parfum moisi
Aveuglé par le poison qui le gangrène

L’hypocrisie est un cheval hennissant dans le vent
Une plaie ouverte source de lumière généreuse
Dissimulée par le voile sombre d’une peur poussiéreuse
Aux yeux de ceux qui ne veulent voir que ses lèvres nécrosées

L’hypocrisie n’est pas une chute de crise
Elle en est le paroxysme
L’injuste revers d’une médaille gagnée par erreur
À la face ternie d’une grimace d’aigreur

L’hypocrisie est l’écho du changement
Déclencheur de craintes illégitimes
Elle reflète la noirceur d’âme
De ceux qui refusent les évolutions les plus sublimes

L’hypocrisie est la marque de ceux qui restent sur place
Ancrés dans leurs incertitudes leurs petits jugements et leurs bonnes intentions
Qu’ils se regardent dans la glace
Toujours prêts à mordre
Pour avoir le dernier mot
Pour ronger les derniers os

L’hypocrisie les mène où ils méritent d’aller
Dans un monde sans arbres
Étendus et froids leurs chairs nourrissants mes vers
Les orbites vides de leurs crânes me regardent avec appétit
Danser libre sur leurs tombeaux de marbre


Chanson noire sombre produite un jour de colère...

lundi 18 avril 2016

Ateliers d'écritures

touffe de laine
dans les épines fraiches
le coucou chante

Cette semaine, offrez-vous une pause...
  • Mercredi 20 avril,
"Écrire sur soi", de 18h30 à 20h30
au Librarium à Crest, 21 rue Archinard.
L'objectif de cette séance est d'écrire sur soi, parler de soi, se raconter, mais sans se la raconter !
Vous vous laisserez porter par des jeux d’écritures poétiques, imaginaires, surréalistes et ferez voyager votre plume au gré de vos souvenirs, du rythme de vos mots…
(séance de découverte, ouverte aux adultes, débutants ou confirmés, sur inscription - participation aux frais : 3€)
  • Et jeudi 21 avril,
À vos plumes ! de 16h à 18h, 
à Saint-Georges-les-Bains,
rendez-vous à la salle « Au cœur de St Georges », près de l’église.
Venez découvrir les haïkus, petits poèmes japonais, au cours d’une balade au dessus de Saint-Georges.

Laissez vous guider par votre contemplation de la nature et fiez vous au sens de l'observation de votre plume !
Séance adultes, découverte gratuite. N’oubliez pas votre carnet et votre stylo préférés ! ainsi que des chaussures confortables…
Renseignements et inscriptions :
Benoît Houssier / 06 64 97 94 84 / www.energie-plume.fr


samedi 9 avril 2016

Ah si j’étais

(sur l’air de In a sentimental mood de Duke Ellington)


Ah, si j’étais un homme
J’arrêterais de décréter à tout bout de champ
J’arrêterais de déboiser les bords des champs
J’enracinerais profondément les méchants
Ceux qui ont la vue courte
Ceux qui ne savent pas prendre le temps

Ah, si j’étais un homme
Tous les jours je planterais une graine
Tous les jours je caresserai une écorce
Tous les jours j’embrasserai une feuille   

Ah, si j’étais un homme
Je libèrerais tous les enfermés
J’enfermerais toutes les autorités
Les briseurs de rêves
Exsangues sans sève

Ah, si j’étais un homme
Je me construirais une cabane au cœur de la forêt
Je deviendrais l’ami des oiseaux, des insectes et des fleurs


Mais je ne suis qu’un arbre
Et l’homme dans son orgueil
Ne voit en moi que les planches de son cercueil


Loués soient les arbres !
Loué sois-tu cerisier généreux
Loué sois-tu noisetier touffu
Loué sois-tu saule dansant dans le vent
Loué sois-tu hêtre sculpté sur la falaise
Mélèze doré
Louées soient les amours de la clématite et du peuplier

Allez-y les hommes arrachez-les
Allez-y déracinez-les
Déboisez-nous
Exilez-nous
Nous reviendrons
Nous repousserons

Car nous sommes de la bonne graine
Du bois dont on fait les flûtes et les violons
Pour chanter l’amour qui coule dans notre sève

Approchez les hommes
Collez vos feuilles à nos troncs
Écoutez vibrer votre sang et notre sève à l’unisson


(Merci à Diane Tell pour le titre ! et à Monique Domergue qui m’a fait découvrir le poète grec Elýtis... et courage à tous les déracinés !)

jeudi 24 mars 2016

Je suis un escargot

J'ai l'air lent, mais ne vous y trompez pas, c'est vous qui êtes trop rapides. Comment faites vous pour supporter un tel rythme ? Alors qu'il est su doux de prendre son temps. Assister au ballet des feuilles qui dansent au son du vent. Suivre la course des nuages. Compter les gouttes qui tombent une à une et percent la surface des flaques. Contempler l'éclosion d'une primevère. Gravir un tronc pour aller croquer une cerise avant qu'elle ne soit mûre. S'enfermer dans sa coquille au plus chaud de l'été et attendre que les châtaignes soient tombées pour risquer une antenne dehors.Allez, je peux bien vous le confier, à vous qui vivez dans la rapidité : la lenteur est le secret de l'éternité !

Atelier d’écriture, Saint-Georges-les-Bains, Jeudi 24 mars 2016
où j'avais proposé de rédiger un texte commençant par : je suis un escargot

lundi 21 mars 2016

Souvenir...

Cette année là, les châtaignes ont mûri dès l'éclosion des primevères. Le chant du rossignol n'était pas encore très expérimenté alors que les cerfs bramaient à qui mieux mieux et les frondaisons rousses couvraient les sous-bois tapissés de pervenches. Il y aurait bientôt des fraises et des framboises et je bavais d'avance à l'idée de ce festin. Quoi de meilleur que ces fruits des bois en dessert après avoir rongé tout un cercle de bolets ? Je me sentais la coquille légère, et pour un peu, j'aurais prit exemple sur la chenille et je serais devenu papillon ! Mais, alors que je filais à tombeau ouvert sur un sinueux chemin de terre, j'ai senti un poids énorme m'écraser. Après, j'ai oublié.

Atelier d’écriture, MJC de Portes les Valence, Lundi 21 mars 2016
où j'avais proposé de rédiger un texte à parti d'un souvenir de printemps... ou d'automne !

après avoir rédigé un texte commençant par : je suis un escargot.

vendredi 18 mars 2016

Festival Slam de Poésie

Les associations Amethyste et la Prose des Sables mettent le slam à l’honneur et sont heureuses de vous présenter la première édition du festival

TERRE HAPPY DES FORTS REVEURS
Dans la Drôme du 31 mars au 3 avril 2016

Spectacles, concerts, ateliers d’écriture, scènes ouvertes,
jeux autour de la langue française...
Découvrez le programme sur www.thfr.fr

mardi 15 mars 2016

Décollage

Cliquez ici pour lire cette nouvelle !


Nouvelle présentée au concours organisé par l’association Festivals en Pays de Haute Sarthe dans le cadre des rencontres 2016 Sciences et Fictions « BienVenus sur Mars » ayant pour thème "Transhumances - migrations du futur". Bravo aux lauréats !


jeudi 10 mars 2016

Petits peuples intérieurs #2

Ils arrivent la nuit, d'abord sans bruit, au petit matin souvent. Ils commencent par grésiller dans vos oreilles puis, glissent froidement le long de votre colonne, lentement, humides, vilaines limaces fétides. Soudain, ils atteignent le foie et c'est la crise ! Là, ils vous jettent au pied du mur, vous poussent à emprunter un tunnel qui n'en finit pas et vous poursuivent inlassablement vers un but impalpable, un objectif insaisissable. Parfois, il arrive qu'une lueur, même faible les dissipe. Parfois vous ne vous en remettez pas !

Atelier d’écriture, Saint-Georges-les-Bains, Jeudi 10 mars 2016
où j'avais proposé de rédiger de courts textes autour d'une émotion, mise en scène dans un décor inspiré de cette humeur... tout un monde habité de petits peuples intérieurs !

jeudi 25 février 2016

Make slam not war

make slam not war
make slam not war
make slam not war

(ad libitum ! vers scandés si possible par un chœur slave,
 pendant qu'un poète déclamerait le texte ci-dessous...)

slam est amour
les slameurs ont du cœur
les poètes n'ont pas peur
ils sont pacifistes
ils sont antiracisteantifascisteantikystes
ils ouvrent les portes et les fenêtres
en grand
font le ménage
déménagent


make slam not war
make slam not war
make slam not war


ne nous battons plus
plus de larmes
jetons les armes
plus de pleurs
offrons nous des fleurs
la Chabuca Granda (magnifique chanteuse péruvienne)
chantait El fusil del poeta es una rosa
le fusil du poète est une rose
offrons de la poésie aux hargneux
embrassons les belliqueux
massons le cœur des guerriers de tout poil


make slam not war
make slam not war
make slam not war


ouvrons nous à la lumière
n'ayons plus peur du noir


make slam not war


chaque cœur couve un arc en ciel
délectons nous dans ce miel


make slam not war
make slam not war
make slam not war (toujours aussi slave !)



Texte composé pour la soirée Slam-Poésie du jeudi 25 février au café associatif le Cause toujours de Valence

jeudi 11 février 2016

Pierre

Démarche de cow-boy,
blouse de percheron,
tout juste si on n'entend pas le claquement des sabots,
grand chapeau noir posé sur un corps trapu,
soulignant un regard de banquise,
l'oeil pétillant de malice,
faisant écho à cette inséparable pipe toujours vissée au coin du sourire.

De cette bouche sort une voix rocailleuse, jaillissant de r doublement roulés pour ponctuer le goût des mots, enrichir la grande gueule, toujours prêt à remettre à leur place ceux qui le méritent, comme cette bigotte incommodée par l'odeur du crottin à qui tu aboies : "Madame, malgré le vent qui règne en permanence autour de la Cathédrale, vous aussi vous sentez !"

Une voix égale à tes mains, Pierre. Tes mains qui racontent tous tes métiers. Finalement, je crois que tu étais cultivateur d'autonomie. Tu m'as appris à guider les chevaux mais tu étais tout aussi capable de cuisiner le meilleur boudin du marché, hors de ton laboratoire carrelé, dans de vieux bidons rouillés ! Et malin comme un singe, tu n'avais pas le moindre scrupule à vendre des œufs de supermarché maquillés d'un peu de paille au prix des œufs de ferme !

A la fois généreux et ingrat, on pouvait se quitter fâchés quand les affaires ne tournaient plus mais je sais que tu gardais toujours une place de choix pour chacun dans ton cœur de braise.

Atelier d’écriture, MJC de Saint Georges les Bains, Jeudi 10 décembre 2015où j'avais proposé de composer le portrait d'un proche.

mardi 9 février 2016

Mémé #1

Gilet bleu marine
blouse bleue marine
combinaison bleue marine
chaussures bleues marines

Visage pétri par le temps
coloré de rayons de soleil
l’œil malicieux

Petite, tu tricotais les poils de la barbe du curé à travers la grille du confessionnal ! Que pouvais-tu bien avoir à te reprocher pour occuper tes doigts de façon si peu banale ?

Bien plus tard, au soir de ta vie, je t'ai observée maintes fois te tourner les pouces pendant que tu discutais. Pourtant, tu n'es certainement pas restée souvent longtemps à ne rien faire. Avant je te voyais au crochet, au tricot, au fricot, sortir le boileau du frigo, porter au jardin un cossieau...

Le matin, l'odeur de tes grosses rôties de pain grillé me sortait du sommeil et, alors que je m'attablais, tu me les tartinais généreusement de rillettes pour que je les trempe dans mon bol de chocolat.

La nuit parfois, si mes frères t’empêchaient de dormir parce qu'ils toussaient, tu leur donnais un sucre sur une cuillère, imbibé de ce mystérieux breuvage sorti goutte à goutte de ce dodu flacon de terre coiffé d'une tête de bonne femme.

La dernière fois que je t'ai embrassée, tu étais froide comme la pierre et dure comme du bois alors que je t'ai toujours connue tendre et chaleureuse comme une brioche des rois.

Tu avais le rire facile, Mémé, et tous ceux qui te connaissaient t'aimaient. Tu conservais les haricots et autres fruits de ton potager, moi je conserve de toi le souvenir des mirabelles qui illuminaient l'arbre planté au milieu de ton jardin.

Atelier d’écriture, MJC de Portes-lès-Valence, Lundi 8 février 2016
j'avais proposé de composer le portrait d'un proche.

lundi 8 février 2016

Mémé #2

Peindre d'abord une ferme
avec une étable
peindre ensuite
quelque chose de champêtre
quelque chose de familier
quelque chose d'ensoleiller
quelque chose d'accueillant
pour Mémé
placer ensuite la toile contre un mur
dans un salon
dans une cuisine
ou dans une cabane de jardin
se cacher derrière la cabane
sans rien dire
sans bouger

Parfois Mémé arrive vite
mais elle peut aussi bien mettre de longues années avant de se décider
ne pas se décourager
attendre
attendre que ses pas sur les graviers du chemin se rapprochent
écouter le couinement de la pompe et le flot de l'eau qui remplit l'arrosoir
attendre que Mémé pose l'arrosoir au bout de l'allée
observer ses allées et venues, penchée sur les plates-bandes, affairée à arracher les herbes, à biner les rangs
"Un bon binage vaut deux arrosages !"

Pendant que Mémé arrose ses haricots, effacer la clôture, le grillage et la serrure de la cabane 
hisser la grand voile au tronc du mirabellier, laisser le jardin partir à la dérive et survoler les chemins creux, les buissons de mûres, les noisetiers, les mares coassantes, les rues souriantes

Faire ensuite le portrait d'une forge, d'une cour et d'une arrière cuisine
peindre aussi des poules, de la terre battue, des œillets d'inde et du café brun dans des verres à eau
si Mémé s'attable c'est bon signe
signe que tout le monde est là
alors vous pouvez sucrer
sucrer votre café et le boire.

Atelier d’écriture, MJC de Portes-lès-Valence, Lundi 8 février 2016
j'avais proposé de composer le portrait d'un proche en s'inspirant du poème de Prévert "Pour faire le portrait d'un oiseau".

lundi 25 janvier 2016

Il nous restera ça #1

Lorsque les radios se seront tues, que les télés auront fermé les yeux, que les vendeurs d'assouplissants sensés apaiser la brûlure des armes auront fermé boutique, il nous restera ça.

Lorsque les cris et les alarmes auront cessé, que le ciel ne toussera plus, que les sorciers de tous poils ne feront plus recette, il nous restera ça.

Lorsque la confiance aura repris sa place, lorsque la peur aura cédé la sienne, lorsque la haine aura passé son chemin, il nous restera ça.

Lorsque l'art vaudra plus que les dollars, lorsque le beau l'emportera sur l'utile, que la Terre et les hommes seront réconciliés, il nous restera ça.

Lorsque chacun en son for intérieur aura trouvé sa voie et exprimera enfin qui il est, que les uns reconnaitront la valeur des autres, il nous restera ça.

ça et là seront alors ici et maintenant.

Chacun pourra alors vivre sa vie, heureux de voir celle des autres, épanouie.

Les poissons repeupleront les rivières,
les paysans retourneront aux champs,
les ventres seront plein de rires,
les maisons pleines d'oiseaux,
le bleu du ciel remplacera le gris du fer,
le parfum des fruits mûrs flattera de nouveau nos papilles.

Il nous restera ça, la vie qui pétille.
Pas un oeil dans lequel ne brillera
cette lumière qui nous restera. 

Atelier d’écriture, MJC de Portes-lès-Valence, Lundi 25 janvier 2016
une participante, Marie-Thérèse, nous avait soumis l'idée suivante : à l'instar de Grand Corps Malade, composer un texte sur le thème "Il nous restera ça".

mercredi 20 janvier 2016

J'aurais voulu t'écrire un poème

J'aurais voulu t'écrire un poème comme un joueur de tablas fait rebondir ses doigts sur la peau d'une pluie de gouttes

J'aurais voulu t'écrire un poème de feu accompagné de burkinabés en transe claquant des mains sur leurs djembés

J'aurais voulu t'écrire un poème sur le fil d'un yoyo pour visiter tes bas et tes hauts

J'aurais voulu t'écrire un poème fragile, léger, plein de ton goût des autres et d'une pincée de colère

J'aurais voulu t'écrire un poème sans accident ou avec finalement

J'aurais voulu t'écrire un poème pour chanter ta renaissance, battre des mains à t'entendre rire et me laisser entraîner par la douce danse de ta sagesse

Atelier d’écriture, Crest'Actif, Mercredi 20 janvier 2016, où j'avais proposé aux participants de composer un court portrait sur un proche, inspiré de « J’aurais voulu t’écrire un poème » de Pierre Soletti.