Tarakatak Tarakatak Tarakatakatatarakatak
quand cessera ce son sanglant
cette longue clameur interminable
plainte languide de ceux qui meurent
sous les balles de tous ces flingues
fuyant la haine acharnée
lançant leurs appels décharnés
longs cris aux oreilles sourdes
dans un dernier glouglou absurde
noyés dans le charnier salé
vomis par le ressac de honte
vagues de nausée au fond d’un sac
échoué sur une plage noire de monde
Tarakatak Tarakatak Tarakatakatatarakatak
comment dormir tranquille bercé
par ces percussions acides
l’écho de ces larmes sèches
n’est plus qu’un pauvre spasme vide
balayé d’un revers de manche
dernière barrière à franchir
pour ceux qui croient encore
mais big ben sonne l’heure de partir
quand personne ne répond
ultime option ultimatum
question de survie infime atome
d’une terre d’espoir d’une porte intime
Tarakatak Tarakatak Tarakatakatatarakatak
claviers crépitant
fichiers tamponnés du poids des rêves
montagnes de dossiers
malgré les corps sans voix sans trêve
cherchant leur voie une bouffée d’air
parfois croisant un guide
dans un monde sans oxygène
à l’agonie livide
les tracto pellent les marteaux piquent
les murs crachent leurs vulgaires briques
et rien ne couvre le silence
des cris étouffés sans audience
Tarakatak Tarakatak Tarakatakatatarakatak
J’aimerais que ces crépitements
soient des applaudissements
pour ces courageux innocents
qui chaque jour affrontent le sang
je voudrais que ces claquements
soient des éclats de rires
pour que leur énergie
dévastatrice leur épargne le pire
les yéménites, les syriennes, les tibétains, les ouigours
les kurdes et soudanaises, éthiopiens et palestiniennes
israéliens, vénézuéliennes, afghans et libyennes
rohingyas et d’autres encore et d’autres encore et d’autres viennent
j’aimerais rire dans toutes ces langues et terrasser de ridicule
leurs oppresseurs mais je ne sais que pleurer dans ma bulle
mes mâchoires se serrent de colère et de peur mes dents claquent
à éclater l’émail de ce boléro de Babel démoniaque
Tarakatak Tarakatak Tarakatakatatarakatak