Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

jeudi 28 mars 2019

Boléro de Babel

Tarakatak Tarakatak Tarakatakatatarakatak

quand cessera ce son sanglant
cette longue clameur interminable

plainte languide de ceux qui meurent
sous les balles de tous ces flingues

fuyant la haine acharnée
lançant leurs appels décharnés

longs cris aux oreilles sourdes
dans un dernier glouglou absurde

noyés dans le charnier salé
vomis par le ressac de honte

vagues de nausée au fond d’un sac
échoué sur une plage noire de monde

Tarakatak Tarakatak Tarakatakatatarakatak

comment dormir tranquille bercé
par ces percussions acides

l’écho de ces larmes sèches
n’est plus qu’un pauvre spasme vide

balayé d’un revers de manche
dernière barrière à franchir

pour ceux qui croient encore
mais big ben sonne l’heure de partir

quand personne ne répond
ultime option ultimatum

question de survie infime atome
d’une terre d’espoir d’une porte intime

Tarakatak Tarakatak Tarakatakatatarakatak

claviers crépitant
fichiers tamponnés du poids des rêves

montagnes de dossiers
malgré les corps sans voix sans trêve

cherchant leur voie une bouffée d’air
parfois croisant un guide

dans un monde sans oxygène
à l’agonie livide

les tracto pellent les marteaux piquent
les murs crachent leurs vulgaires briques

et rien ne couvre le silence
des cris étouffés sans audience

Tarakatak Tarakatak Tarakatakatatarakatak

J’aimerais que ces crépitements
soient des applaudissements

pour ces courageux innocents
qui chaque jour affrontent le sang

je voudrais que ces claquements
soient des éclats de rires

pour que leur énergie
dévastatrice leur épargne le pire

les yéménites, les syriennes, les tibétains, les ouigours
les kurdes et soudanaises, éthiopiens et palestiniennes
israéliens, vénézuéliennes, afghans et libyennes
rohingyas et d’autres encore et d’autres encore et d’autres viennent

j’aimerais rire dans toutes ces langues et terrasser de ridicule
leurs oppresseurs mais je ne sais que pleurer dans ma bulle

mes mâchoires se serrent de colère et de peur mes dents claquent
à éclater l’émail de ce boléro de Babel démoniaque

Tarakatak Tarakatak Tarakatakatatarakatak