Mon poème m’enveloppe
il éclot à chaque chant d’oiseau
aux stridulations du fleuve le soir
à la lune montante
il hulule dans ma bulle
Mon poème fait des clins d’œil au soleil
de chaque nuage il s’émerveille
des sourires d’enfants
et des souvenirs défunts
Mon poème puise sa sève dans la vie
il palpite comme ces méduses qui chorégraphient les eaux
mon poème est aux cimes
mon poème est aux abysses
aux déserts
aux forêts
aux pierres
et aux petites et grosses bêtes qui peuplent les champs
Il m’enveloppe dans ces savoureux royaumes
comble mes nuits
égaye mes jours
s’invite à la table de nos amours
Je le bois à petites gorgées
ou à grosses lampées
selon les humeurs
il m’arrache parfois des larmes de crocodile
ou me brise le cœur
quand il me raconte des mondes sans avenir
Mon poème m’habite, m’habille et me transporte
il est mon squelette, ma peau et ma voix
il se faufile partout
tant que je lâche sa bride
il file au vent
claquant fièrement ses pieds
quel tempérament
Mon poème est dans cette fenêtre
à travers laquelle j’entends
la conversation des oiseaux
ils se racontent ce que disent les nuages
ils me bercent de leurs commérages
Parfois pourtant leurs voix tremblent
lorsqu’ils rapportent quelques rumeurs
l’un pleure sur la guerre
l’autre gémit sur la Terre
alors je ferme les volets
sourd aux pépiements du monde
Et je rejoins mes rêves d’ailleurs
des rives meilleures
les séjours ne durent pas
les photos jaunissent
seuls les murmures des vagues
me rappellent à la réalité
Les embruns s’évaporent
des sourires se croisent
et la vie remonte son cours
sans se soucier du sens ni du temps
Découvrez le clip de ce texte sur https://youtu.be/Bq0KVL8xRcs