Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mercredi 1 mai 2019

Rencontre au cœur de l’Isère

Je suis un vaisseau de pierre voguant sur une mer de nuages,
Plan incliné entre ciel et terre.
Minéral, végétal ou animal ?
Qu’importe !
Je me plais à décoller,
Courant d’air,
Graine de pissenlit légère,
Feuille de hêtre emportée par les tempêtes,
Je suis tout cela à la fois.
Et chocard aussi,
Piaillant à tous les vents,
Vautour planant au dessus des escarpements,
Voilier majestueux.
Je suis aussi marmotte sortant de son terrier,
Sifflant les passants,
Et bouquetin siestant au soleil sur les prairies pentues.

Toi, qui es-tu ?
Homme, femme, enfant,
Tu te blottis dans mes replis,
Tu crapahutes sur les calcaires blanchis de ma mémoire.
Je suis ta grande cour de récréation.
Souvent je te fascine,
Parfois tu me façonnes,
Plantant ici quelques arbres,
Cultivant là quelques champs,
Menant paître ailleurs tes troupeaux.
Parfois tu me bichonnes,
Parfois tu me bétonnes
Ou tu me négliges.
N’oublie pas qu’avant toi j’étais vierge.
Traites-moi comme tes biens les plus sacrés,
Comme la prunelle de tes yeux
Et s’il te plait,
Épargne-moi tes moteurs et tes gaz nauséabonds.
N’oublie pas que je suis fragile et sauvage,
N’oublie pas que je peux très bien me passer de toi,
Bien que tu prétendes que sans ton regard je n’existe pas.
Je te rappelle que j’étais là bien avant toi.

Regarde-moi quand je te parle !
Plonge tes yeux dans mes eaux,
Qu’elles t’entraînent dans mes réserves souterraines,
Que jaillisse ton regard au delà de mes cascades,
Que tu puisses voir plus loin que le bout de ton nez.
Et si au fil de l’eau, tu t’aperçois que ton reflet
Est celui d’un loup,
Rentre chez toi
Et médite sur cette rencontre.
Tu ne rêves pas,
Je suis bien là,
Pour te rappeler ce fragile équilibre dont tu as la charge.

Que ta maison soit de galets et de briques sur une colline isolée,
Que tu habites dans une cité à la pointe de la technologie,
Ou que ton village soit à l’image de mon visage,
Souviens-toi que toi aussi tu es animal,
Que tu as parcouru du chemin pour devenir ce que tu es
Et qu’il te faudra encore en arpenter avant de trouver ton pays sage.