Je
vais cesser d’écrire, je vais poser ma mine, je vais faire triste
– mine – je vais faire table – rase – raser les murs de mon
inspiration si foisonnante, la laisser reposer en paix, je vais
cesser de l’agiter dans la thermodynamique des atomes en fission
fusionnelle avant de sombrer dans l’hystérie, je vais cesser de
murmurer des rimes silencieuses, je vais cesser de ramer à
contre-courant, je vais rentrer dans le rang, si si, vraiment, pas
dans les ordres évidemment, et pas au pas non plus, faut pas
exagérer, je ne vais pas renoncer à mon objection pour autant tant
elle me tend vers un but qui m’attend depuis longtemps, je vais
cesser de tergiverser, je vais cesser de parler, je vais cesser de
babiller du bout de mes lèvres gercées, je vais cesser de cesser
sans cesse au gré de mon stress, après tout, j’ai bien le temps,
non ? je vais cesser de tourner autour du pot, je vais cesser de
rempoter mes lanternes, je vais cesser de suivre des lumières
chimériques vendeuses de rêves homériques sans trêves, je vais
cesser de dire que je cesse alors que je continue, je vais cesser
cette litanie si lente qui se lit du début à l’hallali, je vais
cesser de traquer le cerf, je vais cesser de faire feu de tout bois,
je vais cesser de m’enflammer pour allumer des poudres
d’escampette, je vais cesser ces jeux insensés, je vais cesser
sans ciller sans soucis et avancer sans semelles sur des sentiers
sinueux censés semer des sensations simiesques sans peur et sans
reproches, je vais cesser
les mains dans les poches
mes mots sous la roche.
Clin d’œil à Florentine Rey et Dorothée Volut ;-)