Parfois j'ouvre ma fenêtre sur le monde
L'air s'insinue dans ma maisonFrais dans le doux
Fruit du doute
Je me laisse inspirer
L'air de rien
J'ai connu un maniacodépressifàtendanceparanoïaque
Le degré zéro du trouble psychique
Il aurait pu être monomaniaque
Certains de mes amis sont bipolaires
D'autres triphasés
Voire quadrangulaires
Je fréquente même des quinquagénaires
Et de temps en temps j'écoute les Sex Pistols
Ou le septuor de Stravinsky
J'enregistre tout ça dans les octets de ma mémoire de poisson rouge
Mais j'évite novembre
Le mois où rien ne bouge
Pour ne pas décimer l'hymne à ma joie
À la fin je reprends mon caillou
Je le relance sur la marelle
Et j'avance
De la Terre au Ciel
Le fleuve s'écoule mollement
Me libère du temps
Élargit mon horizon
Saupoudré de flocons d'argent
La vie est généreuse avec moi
Aux saisons frugales
Suivent les heures d'abondance
Il suffit de patienter
Être une graine en dormance
Rester dans l'enveloppe
Guetter le rayon qui donnera l'élan
La note juste qui appellera l'éclosion
Puis s'épanouir pour de bon
Rayonner
Jusqu'à la fenaison
I'll be back
J'te promets
Des airs plein la tête
Du swing plein les genoux
Et on ira faire la fête
Et on ira faire les fous
De quoi aurait-on l'air si le temps s'arrêtait
Pourvu qu'il pleuve toute la journée
Parfois je laisse la porte fermée
Pour empêcher le bruit du monde entrer
Le fleuve accélère
Poussé par le vent du nord
Il apporte des corps et des cris
J'aimerais les oublier
Sombrer dans mes certitudes
Rentrer dans ma carapace
Être sourd aux acouphènes existentiels
Compter encore jusqu'à dix
Ou à rebours
Et remonter le cours
Dans le sens de la moelle
Suivre la colonne des flots sans peur
Pour atteindre des cieux plus cléments
Avec d'autres navigateurs barrant au Cap de Bonne-Espérance
Du temps dans les voiles
Du soleil sur le pont
Au pas des franges d'écume