L’homme
idéal du futur ne peut pas se passer de sa femme idéale. Lui est
tout à ses pensées, elle est sans cesse en action. Ils mangent peu,
mais bien, dorment peu, mais bien, etc. Ils vivent dans un monde
coloré un peu flou. L’homme idéal du futur s’en fout, préférant
le son à l’image. Sa femme en revanche préfère quand les choses
sont bien nettes. C’est un peu sa quête. Ensemble, ils
mettent au monde un œuf d’où éclot un cheval ailé à
roulettes, pratique pour les courses. Ils élèvent leur petit au
grand air - enfin, façon de parler, car c’est de l’air
recycler ; soyons réalistes l’air pur n’existe plus depuis
belle lurette, mais il fait bon vivre sous les bulles d’humanité
disséminées dans l’univers. La leur se trouve sur une petite
planète tropicale dont l’emblème est la Centaurée. C’est
amusant parce que c’est leur fleur préférée. Leurs voisins
élèvent aussi leurs enfants dotés de caractéristiques nouvelles
qui peuvent paraître étranges à notre génération, alors qu’elles
sont d’une grande banalité pour la leur. Par exemple, leur enfant
ne restera pas cheval ailé à roulettes toute sa vie, il y a fort à
parier qu’il s’oriente vers une voie plus liquide à
l’adolescence, comme nombre de ses semblables, avant de choisir une
forme humanoïde plus présentable à l’âge de raison. Les enfants
sont tellement plein de surprises ! En tout cas, ces capacités
que l’on peut qualifier d’audacieuses permettent à la population
d’être bien dans sa peau et de s’adapter à tout type
d’environnement, aussi hostile soit-il. C’est à se demander
comment l’humanité a survécu de façon si médiocre pendant
toutes ces années !
Collage et texte inspirés du "surhomme" de Prévert dans le recueil Imaginaires.