Je vais dans le bois
pas de veine c’est dur
je gratte avec mes ongles
je rabote quelques copeaux
j’écorce la branche
ah si j’étais xylophage
mais voilà c’est ça
allons-y avec les dents
c’est bon le bois c’est consistant
on dirait que ça veut rester longtemps sous la dent
on dirait du temps qui se mâche
je mastique la fibre
je salive sur le cœur plus tendre
la cellulose fond sur ma langue
j’avale le bois
c’est mon bois
je le savoure
ses cellules me nourrissent
je les sens battre en moi
le bois palpite en moi
le cœur du bois résonne en moi
mon cœur est en bois
Clin d’œil à Nathalie Yot, Le lac de boue, dans Désir d’écrire de Florentine Rey.