J’écris comme un poulpe
je déploie mes tentacules
sur la page jusqu’au bord de coupe
parfois les idées m’acculent
je mobilise alors mes troupes
mes ventouses avancent et reculent
quitte à écrire de la soupe
mes bras ondulent
jusqu’à la rupture pas assez souples
la rime pour une pieuvre
peut être paralysante
heureusement voici la preuve
qu’une écriture dilettante
ouvre souvent des voies toutes neuves
alors je noircis la page
de mon jet d’encre
sans ambages
ou plutôt avec
des pattes rondes
entre des lignes sinueuses
où je me perds
emporté par les courants
j’écris sur une page sableuse
le ressac efface les traces
de ma danse tortueuse
mes mots de poulpe trébuchent
chuchotent du bout de leur pulpe
des petits bouts de joie
glissent dans mes pavillons
chutent dans mes colimaçons
jusqu’à la prochaine épave
qui sera mon refuge
fixé à mon ancre
tel un tatouage