Écrire une page blanche
C’est comme construire une montagne
Poser un glacier dessus
Le laisser fondre
Couler en torrent sur ses flancs
Rebondir en rivière à ses pieds
Et s’étaler en fleuve dans sa plaine
Viennent alors pousser autour des prairies
Des forêts et des marais
Peuplés de petites et grosses bêtes
Qui se font la chasse et se cachent
Lorsqu’il fait mauvais temps
Écrire une page blanche
C’est d’ailleurs parler de la pluie et du beau temps
De la température qu’il fait dehors et dedans
De l’humeur du moment
Écrire une page blanche
C’est partager des émotions
Des morceaux de sons
Et des paquets de sens
Écrire une page blanche
C’est échanger des idées
Des recettes et des chansons
Se laisser porter par un texte
Laisser glisser en nous toutes ses notes
Sucrées poivrées épicées
Écrire une page blanche
C’est partir sur la route de la soie
Tout en restant chez soi
Aller davantage vers soi
Pour mieux rencontrer les autres
Écrire une page blanche
C’est ouvrir en grand ses fenêtres
Pour que les courants d’air
Remuent-ménagent tout dedans
Que les meubles se retrouvent cul sur tête
Et que les idées pleines de poussières se mettent à faire la fête
Écrire une page blanche
C’est se laisser sonner les cloches
Papoter avec l’épicier sur la place
Regarder les chiens qui passent
Prendre le temps pour ce qu’il est
Et se réjouir du retour des hirondelles au printemps
Écrire une page blanche
C’est laisser la vie faire ce qu’elle veut
Arriver à l’improviste
Et se dire qu’elle a bien raison
Que ça ne pourrait pas être mieux
Atelier d’écriture, Saint-Georges-les-Bains, jeudi 13 avril 2017
où j'avais proposé d’écrire une page blanche.